“Fauda” a été écrite dans le sang

On ne sort pas indemnes de « Fauda », récompensée par le prix du meilleur scénario lors du dernier Fipa. Rencontre avec son réalisateur.fauda

Audacieuse, hypersensible – et addictive ! –, la série israélienne, qu’on espère un jour voir diffusée en France, prend pour point de départ la traque d’un terroriste du Hamas par des agents israéliens infiltrés. Rencontre avec son coscénariste, Lior Raz, qui tient aussi l’un des premiers rôles.

TéléObs. – Succès d’audience en Israël, « Fauda » est la première série à raconter le conflit israélo-palestinien en faisant exister pleinement les différents points de vue…

Lior Raz. – Dès le premier épisode, on a fait un carton. Pourtant, au départ, personne ne voulait la diffuser. Le plus dingue, c’est que la série plaît autant aux Israéliens qu’aux Palestiniens ou qu’aux Arabes israéliens… Je crois que cela tient au fait qu’on raconte les deux « camps » avec la même humanité et la même complexité. La seule vérité, c’est qu’on paye tous le prix de cette guerre…

Votre série a aussi la particularité d’être essentiellement tournée en arabe…

Logique, on raconte l’histoire en partie du côté palestinien, et les Mistaravim, ces agents israéliens sous couverture, se doivent, évidemment, de parler parfaitement arabe. D’ailleurs, en général, ils adorent la musique, la cuisine, la culture de ceux qu’ils infiltrent avec la mission d’éliminer certains d’entre eux… Au-delà de la crédibilité – essentielle –, je suis ravi qu’on entende de l’arabe à la télé israélienne. Avoir accès à la langue de l’autre, c’est un premier pas pour se comprendre.

Le tournage s’est déroulé à l’été 2014, au coeur des affrontements entre Tsahal et le Hamas, dans la bande de Gaza… Comment avez-vous traversé cela ?

C’était hallucinant, pendant deux mois, on a vécu dans une bulle, malgré les missiles… On tournait à Kfar Kassem [village arabe israélien, NDLR] et, tout autour, c’était la guerre. Dans le même temps, on racontait cette histoire autrement, ensemble : une grande partie de l’équipe était arabe, tant du côté du casting que de la production. On jouait ensemble et on parlait sans fin, de tout cela. Aucun de nous ne pourra oublier cet été-là…

Vous avez vous-même servi dans les Forces spéciales israéliennes…

A l’époque, il y a plus de vingt ans de cela, j’avais l’impression de vivre dans un film, mon quotidien était tellement dingue… J’en ai parlé à mon ami d’enfance, le journaliste Avi Issacharoff, spécialiste des territoires palestiniens, et nous avons décidé d’écrire ensemble. Les gens qui boivent des cafés au lait en terrasse, à Tel-Aviv, n’ont pas idée de la réalité de ce qu’il se passe, à vingt minutes de là…

Jouer dans la série a dû faire ressurgir beaucoup de souvenirs…

L’un des épisodes est dédié à Iris Azulai, ma petite amie de l’époque, quand j’étais dans l’armée. Elle a été poignardée à mort par un terroriste. Je n’avais jamais réussi à en parler jusqu’ici. Cette série a été écrite dans le sang… Mais elle prouve qu’il ne faut pas avoir peur de raconter, justement, ce qui fait peur.

teleobs.nouvelobs.com

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