Small Country big dreams ? Par Sarah Cattan

Oscar Wilde disait à raison : Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles.

Jeudi soir la toile s’est enflammée. Enfin ma toile à moi. Composée, je le concède, d’une majorité de Juifs et de philosémites de toutes espèces : Alunissage imminent pour Beresheet, la sonde spatiale israélienne !

Et tout ça en direct !

Nombreux nous avions failli zapper l’événement. Tant les media n’en parlèrent point. Tant il passa en arrière-plan. De l’affaire Benalla au rendu du Grand Débat en passant par la privatisation d’ADP. Ils oublièrent de nous dire qu’Israël allait à son tour tenter de se poser sur la lune.

Ça n’était sur tous les écrans et sur les ondes. Par esprit de sérieux, je suis allée voir du côté des magazines scientifiques. Certains, pas tous, mais au moins deux, parlaient d’une étape importante pour le secteur privé de l’aérospatiale, mais aussi pour Israël. Et disaient qu’après avoir réussi ses manœuvres pour s’insérer en orbite lunaire il y a quelques jours, Beresheet s’apprêtait à atterrir à la surface de la Lune ce soir entre 21h et 22h, heure française.

Même que moi, j’aurais dit… alunir.

Soir de fête en Israël. Où SpaceIL, la société israélienne à l’origine du projet de ouf, diffusait en direct au moment où j’écrivais. Nous expliquant la manœuvre d’alunissage que Beresheet allait réaliser.

Soir de fête en Israël. Quatrième nation à atteindre la Lune. Mais regardez qui sont les 3 premières. Les États-Unis. La Russie. La Chine. Rien que ce positionnement eût dû être de nature à faire remarquer l’événement.

Pour la petite histoire, le petit atterrisseur lunaire fut initialement conçu dans le cadre du concours Google Lunar X Prize, un concours parrainé par Google, et une dotation de 20 millions de dollars devait récompenser le ou les gagnants. De gagnant il n’y en eut point, faute de respect du calendrier, mais SpaceIL continua l’aventure, grâce à un budget provenant de généreux donateurs.

Lancée le 22 février depuis la base de Cape Canaveral par une fusée Falcon 9, Beresheet allait devenir le premier engin développé et lancé par des sociétés privées à atteindre la Lune : SpaceIL avait développé la sonde et Israël Aerospace Industries l’avait fabriquée.

Il avait fallu un long temps de 40 jours pour correctement s’insérer en orbite lunaire. 40 jours, c’est plus long que toutes les missions à destination de la Lune et pour cause : une trajectoire différente avait été choisie pour le voyage de la sonde dans le but d’économiser au maximum ses 400 kg d’ergols.

Outre le fait d’être la première mission spatiale israélienne ainsi que la première mission privée à destination de la Lune, Beresheet entendait également sauvegarder une grande partie des connaissances et du patrimoine humains : Beresheet emportait avec lui peu de choses : un magnétomètre. Une caméra. Un rétro-réflecteur fourni par la NASA qui servirait encore après l’arrêt des batteries de l’engin. Mais encore… une archive contenant plus de 30 millions de pages de connaissances humaines. Le cycle de Fondation d’Isaac Asimov était du voyage. Tout ça dans un disque pas plus épais qu’un de nos DVD. Une Lunar Library regroupant des données numériques compressées, décrivant d’innombrables concepts de science et de culture dans plusieurs langues ainsi que les informations nécessaires permettant de comprendre la grande majorité des langues humaines. La librairie lunaire ? C’était aussi plus de 25 000 livres de sciences et d’ingénierie. Des romans et des textes religieux. Un enregistrement de l’Hatikvah. La Torah dans son entièreté imprimée en écriture microscopique sur une pièce de monnaie. Des dessins d’enfants. Mais aussi des témoignages de rescapés de la Shoah et les réalisations israéliennes qui ont contribué au bien-être de l’humanité. Entre autres. Cela pour répondre à l’initiative portée par l’Arch Mission Foundation, fondation dont la mission affichée est de constituer un réseau interplanétaire de sites de sauvegarde. Un double objectif de l’Arch Mission Foundation : conserver une sauvegarde des connaissances humaines en cas de catastrophe, la mettre aussi à disposition d’éventuels extraterrestres.

De petites archives avaient déjà été placées à bord de la Tesla Roadster rouge qu’Elon Musk avait envoyée en direction de Mars.

Je pus à loisir lire sur le net des post drôles et d’autres pathétiques : financer un tel projet pour une telle finalité semble grotesque et semble surtout cacher autre chose d’inavoué, déplorait celui-là, alors que d’autres imaginaient déjà les orangers que l’Etat hébreu planterait un jour et que d’autres encore riaient déjà : what ! Israël, déjà voleur de nuages, allait être accusé de colonisation !

Pendant ce temps, Beresheet sacrifia à la mode et nous livra un selfie avec, derrière elle, la Terre à 40.000 km. Le cliché, réceptionné par le centre de contrôle de Yehud, montre une petite plaque au premier plan sur laquelle figure le drapeau israélien, le slogan patriotique Am Yisrael chai, et une maxime en anglais : Small country, big dreams.

Ainsi Israël entrait dans le club très fermé des nations ayant atteint la Lune. L’endroit d’alunissage avait été choisi assez plat pour qu’un cratère ou une petite montagne vînt faire obstacle. Tout fut suivi en temps réel au cours de réceptions organisées à travers le pays, et sur les tableaux des vols aériens annoncés, figurait … la destination Lune.

Parfois, nous l’avons tous vérifié, des vols sont retardés. Voire annulés. Celui qui devait porter les couleurs d’Israël a juste pris un peu de retard : nous savons tous que déjà, Beresheet 2 doit être prêt.

Nous entrons dans l’Histoire et sommes fiers d’appartenir à un groupe qui a rêvé et a accompli la vision partagée par de nombreux pays dans le monde mais que, jusqu’à présent, trois d’entre eux seulement ont accomplie, avait déclaré le président de SpaceIL. Un problème technique a fait s’écraser notre sonde, juste après qu’elle eût envoyé une dernière photo de la Lune. Chacun l’a pris avec philosophie, fierté et cet humour qui nous est propre : Ah ! Si seulement Bibi avait été aux commandes, disait celui-là.

Le Président Rivlin a salué sur Twitter le travail des équipes : Nous sommes pleins d’admiration pour les gens formidables qui ont envoyé le vaisseau spatial sur la Lune.

Israël est aujourd’hui le 7ème pays à avoir atteint l’astre de la nuit

Ne cessez pas d’y croire ! On y est presque arrivé, mais malheureusement, nous n’avons pas réussi à mener à bien la procédure d’atterrissage. D’autres informations à venir, annonça l’agence spatiale israélienne sur son compte Twitter.

Si vous ne réussissez pas la première fois, vous réessayez, a déclaré pour sa part Benyamin Netanyahou depuis la salle de contrôle, où il assistait à la tentative d’alunissage en compagnie de l’ambassadeur américain en Israël David Friedman.

Sarah Cattan

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