Gaëtan Varenne, du Puy-en-Velay au Beitar Jérusalem

Naître au Puy-en-Velay en 1990 ne prédestine pas forcément à jouer un jour au football au Beitar Jérusalem, en 1ère division israélienne. C’est pourtant ce qui arrive à Gaëtan Varenne.
La présentation de Gaëtan Varenne au Beitar Jérusalem (© Facebook Gaëtan Varenne)

Après 3 saisons en CFA 2 à Cournon, où il bat des records en plantant 28 buts en une saison, le natif de Haute-Loire débarque en 2012 à Bastia après un essai à Dijon et des pistes qui l’emmenaient à Ajaccio ou à Nantes. Sauf qu’à Bastia, il ne fait pas son trou, et décide pour se relancer de tenter l’exil dans un pays auquel on ne pense pas forcément quand on parle de foot : Israël. Rencontre avec ce franco-israélien, qui rêve maintenant d’équipe nationale dans son pays d’adoption.

Gaëtan, en 2012 tu arrives donc à Bastia, mais l’expérience ne tourne pas comme tu l’imaginais. Peu d’apparitions, et en 2014, tu décides de te relancer et tu te retrouves à Ashdod (1ère division) en Israël. Comment arrives-tu là-bas ?

Gaëtan Varenne | Un peu par hasard. Après mon année à Bastia, je cherchais un club en Ligue 2 en France. Je n’ai pas trouvé. J’ai eu une opportunité à Clermont Foot, où j’avais joué en U19 Nationaux, mais le club ne m’a pas proposé un contrat intéressant. J’ai décidé de partir avec mon oncle en Israël, du jour au lendemain. Je me suis retrouvé à Ashdod au culot : j’ai fait un essai et ça s’est bien passé. J’ai joué là-bas les 4-5 derniers mois de la saison.

Là aussi l’expérience tourne court. Quatre mois, deux petits buts et ensuite c’est le Maccabi Yavne (2e division) pour une saison…

J’étais rentré en France entre temps, après Ashdod, parce que je voulais absolument trouver un club ici. Encore une fois, je n’ai pas vraiment trouvé. J’ai fait un essai à Laval, mais là encore le salaire ne m’allait pas. Du coup je suis retourné en Israël assez tard, vers mi-septembre. Les clubs avaient déjà fait leur mercato, et moi je n’étais toujours pas Israélien même si j’avais entamé les démarches. Il faut savoir qu’il y a un quota de 5 ou 6 joueurs étrangers par équipe. Du coup, je me suis retrouvé à Yavne pour un an. Je me suis blessé gravement au genou durant quasiment 5 mois, donc ma saison a été plombée. J’ai marqué quand même 4 buts et j’ai fini la saison là-bas.

Puis tu bouges encore, direction l’Hapoel Jérusalem (2e division ) où ça se passe quand même beaucoup mieux pour toi (10 buts la 1ère saison, 16 buts la seconde)…

Oui, ça a vraiment été un tremplin pour bien rebondir après mes péripéties. Entre temps, j’avais fait mes papiers à Yavne pour devenir franco-israélien, donc ils ont misé sur moi et ça a été un bon pari  pour me relancer. La première année s’est plutôt bien passée avec mes 10 buts en championnat, et un en Coupe d’Israël. Ça m’a permis d’avoir de la confiance et d’exploser la saison dernière avec 16 buts toutes compétitions confondues. Ça a été une super saison pour moi, même si on est descendu.

Tu viens d’être transféré au Beitar Jérusalem, en 1ère division, et dans un club mythique avec 6 titres de champion d’Israël et 7 Coupe d’Israël. On imagine que tu dois être très heureux.

Ma bonne saison dernière m’a permis de signer au Beitar, dans le club le plus populaire d’Israël. Un très beau club avec un super palmarès, de super supporters, connu même en France puisque Luis Fernandez a été coach là-bas il n’y a pas si longtemps. Je suis super content d’avoir signé.

Tu vas découvrir les vraies ambiances chaudes des stades israéliens…

J’avais déjà pu jouer contre le Beitar avec Ashdod, donc j’ai déjà vu que c’était bien chaud… Et puis c’est connu en Israël que les supporters du Beitar sont les plus chauds du pays. On l’a vu l’année dernière aussi contre Saint-Étienne. C’est toujours bien pour un joueur d’évoluer dans un stade plein et qui fait du bruit.

Ça ne te fait pas peur ?

Ça peut être à double tranchant. Si tu es bon, tu emmagasines de la confiance. Après si tu es dans une période de moins bien, ça peut avoir l’effet totalement inverse, parce qu’avec la pression et les attentes, ce n’est pas évident. Mais en Israël, on est plutôt habitués à ça, même si dans mes clubs précédents l’engouement était moindre. Après, j’ai joué à Bastia aussi, donc les ambiances chaudes, je connais ! J’aime jouer dans des stades qui font du bruit.

Comment trouves-tu le niveau du championnat israélien ?

Honnêtement, je ne saurais pas comparer avec le championnat de France par exemple. Ce n’est pas le même football. En France c’est plus tactique, plus physique et plus structuré. En Israël, le jeu est très rapide, ça va vite et les joueurs sont assez techniques. C’est un bon championnat qui s’améliore d’année en année. On le voit avec Beer Sheva ou le Maccabi Tel-Aviv qui ont fait de beaux parcours européens ces dernières années.

C’est un championnat où il y a quand même pas mal de différences entre les clubs, que ce soit sur le plan financier, mais aussi au niveau culturel…

C’est vrai qu’il y a pas mal de différences, mais c’est un championnat riche, diversifié et tout le monde a sa chance. Il y a Haïfa en Palestine, Sakhnin aussi qui est un club à majorité arabe financé par le Qatar. Que ce soit les arabes israéliens, les juifs, les chrétiens ou les étrangers qui viennent jouer ici, c’est un championnat qui donne sa chance à tout le monde.

Israël reste un pays très religieux, avec pas mal de problèmes de sécurité. Tu le ressens au quotidien ?

J’habite à Jérusalem depuis 2 ans. On entend beaucoup parler à la télé d’attentats, de problèmes, mais moi, sincèrement, je ne le ressens pas. Après oui, c’est un contexte particulier quand même, il faut être vigilant. Il ne faut pas être apeuré ou se faire des psychoses, il faut simplement faire un peu attention. La vie en Israël reste géniale, et pour rien au monde je ne changerais de mode de vie.

On te reconnaît dans la rue ?

À Tel-Aviv non, ce n’est pas vraiment une ville de foot, c’est surtout pour faire la fête. Après à Jérusalem, depuis que j’ai signé au Beitar, on m’arrête un peu plus dans la rue. C’est toujours bon enfant. Pour l’instant en tout cas (rires).

Il y a finalement peu d’étrangers au sein du championnat israélien, l’intégration est plutôt facile quand même ?

Mon cas est un peu différent, parce que je parle hébreu. L’intégration est forcément plus facile. Mais les Israéliens sont très accueillants, donc il n’y a pas spécialement de problèmes d’intégration. Il y a un autre Français avec moi dans l’équipe (Antoine Conte, ndlr), je suis tout le temps avec lui, je lui traduis quand l’entraîneur parle, donc il n’y a aucun souci.

Les fans de foot suivent un peu la Ligue 1 en Israël ?

Oui, bien sûr. Le championnat israélien reste en dessous des grands championnats européens donc ils regardent du foot aussi ailleurs. La Ligue 1 est diffusée ici. Paris, Monaco, Marseille, Saint-Étienne : les grands clubs et même les plus petits sont connus ici.

Quel est ton objectif pour la saison ?

Jouer un maximum. La saison est longue, il y a beaucoup de matches et je sais que j’aurai ma chance donc à moi de marquer un maximum de buts pour être un joueur israélien confirmé. Et même, pourquoi pas, intégrer l’équipe nationale. Je suis lucide, j’ai fait une croix sur l’Équipe de France, mais je garde dans un coin de ma tête la sélection d’Israël. Ça sera très dur parce que le niveau est relevé, mais c’est un objectif que j’ai depuis très longtemps.

Tu te vois revenir en France ou découvrir un autre pays après ton expérience ici ?

J’aimerais d’abord faire ma place dans une grande équipe en Israël, comme le Beitar. Après, si j’ai l’opportunité de revenir en France, en Ligue 1 ou en Ligue 2, avec un bon challenge et un bon contrat, ça reste intéressant. Je reste Français, et en tant que Français, j’ai toujours rêvé d’avoir ma place en Ligue 1.

Source konbini

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