Les gilets jaunes : la révolte de la France périphérique

Les gilets jaunes : un peu moins de 300.000 manifestants samedi 17 novembre, un mort, 528 blessés dont 17 graves, beaucoup de dégâts matériels.

Une centaine de gilets jaunes étaient déjà réunies à 8h, sur le parking d’Auchan à Sens © Radio France – Kevin Dufrêche

Le gouvernement était tétanisé mais finalement il a été estimé que la manifestation sans avoir échoué n’avait pas été une totale réussite. Le Premier ministre a pu dimanche soir se déclarer attentif au message et au cri de colère mais rester inflexible et refuser de faire dévier sa politique. On va simplement subventionner les automobilistes les moins fortunés qui voudraient changer leur voiture pour un véhicule plus « propre » et aider ceux qui ne peuvent supporter un prélèvement supplémentaire sur leurs maigres ressources. Mais la taxation des carburants dans un but soi -disant écologique sera maintenue. Dimanche et lundi, les blocages sont toujours en place.

Elle est parfaitement injustifiée et totalement injuste : il y a beaucoup d’autres mesures qui pourraient être prises pour « sauver la planète » et la taxation du diesel pénalise les citoyens les plus fragiles, ceux qui habitent loin de leur emploi : oui, ils roulent au diesel et ils fument des clopes ! et ils ont besoin de leur vieille bagnole pour se déplacer.

Quelle erreur et quel mépris ! Le gouvernement devrait faire amende honorable et renvoyer à plus tard une taxation que personne ne soutient sauf ceux qui l’ont conçue .

André Simon Mamou

Des gilets jaunes à Paris, le 17 novembre 2018. Eric Desson /JDD/SIPA

Vous lirez ci- dessous un extrait de l’interview de Christian Guilluy par Le Figaro : une analyse percutante dont on vous soumet l’essentiel.

Le Figaro : Les partis politiques semblent dépassés par un mouvement émanant de la base…

Les partis traditionnels ont été créés pour représenter une classe moyenne qui est en train de se déliter. On relève un décalage gigantesque entre la réalité de la société française et ces partis qui continuent à s’adresser à une classe moyenne mythique, supposée stable, alors qu’en réalité ils n’en captent plus que les héritiers -pour la droite les retraités, pour la gauche la fonction publique. Cette classe moyenne en déclin a pourtant des demandes simples : elle réclame une intégration économique et la préservation d’un capital social ainsi que culturel.

-La question de la voiture cristallise-t-elle l’opposition entre France périphérique et France des métropoles ?

Le bilan carbone de l’aéronautique n’est jamais évoqué, puisqu’on ne peut pas taxer le kérosène dans un contexte de mondialisation des transports. La pollution des «riches» mobiles est donc moins taxée que celle des «pauvres» sédentaires. De façon plus générale, les métropoles sont de nouvelles citadelles médiévales, avec une bourgeoisie qui se claquemure derrière ses remparts, et entend même instituer bientôt des péages urbains – le retour de l’octroi! Dans ces espaces clos, les habitants ont simplement besoin de liaisons pour sortir – avions, TGV – et la voiture est, pour eux, obsolète. Inversement, aujourd’hui les catégories populaires vivent de plus en plus loin de l’emploi et ont un besoin vital de leur voiture. Dans la chasse à la voiture menée par les élites se manifestent une forme d’inconscience des difficultés réelles de ces concitoyens et même un mépris de classe. La réaction du monde politique d’en haut est d’accuser les classes populaires de ne pas avoir conscience de l’enjeu écologique! Les conflits sociaux ont toujours existé, mais c’est la première fois dans l’histoire qu’il y a une perte de contact aussi grande entre le haut et le bas de la société. C’est une véritable désaffiliation. Aujourd’hui Paris est beaucoup plus éloigné de l’hinterland français que de Londres, Barcelone ou Amsterdam, et la situation est la même dans les autres pays occidentaux. Autant de facteurs qui favorisent les mouvements spontanés et incontrôlés comme les «gilets jaunes».

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