Le voile qui se dévoile, par Khaled Sloughi.

Hâtons-nous de préciser que la stratégie d’implantation de l’islamisme en France a commencé de façon affirmée par l’affaire du foulard à Creil en 1989. Le prétexte de deux jeunes filles qui se présentent pour la première fois au collège avec le voile, alors qu’une semaine avant elles étaient habillées comme toutes leurs camarades, et qui donc ont réalisé l’urgente nécessité de suivre les prescriptions religieuses musulmanes sinon elles iraient en enfer ne résiste pas à une analyse sérieuse. L’ange Gabriel ne leur est pas apparu en rêve pour les guider sur le droit chemin ; en tout cas, il est difficile de l’envisager, ni de l’admettre.

LE VOILE DEVOILE AUTRE CHOSE QUE LA FOI.

En réalité, ces jeunes filles n’étaient même pas en mesure de comprendre ni d’intégrer les principes de quelque religion que ce soit. A neuf ans ou dix ans, les enfants sont dans le mimétisme de leurs parents, et Dieu et les questions religieuses ne font habituellement pas partie de leurs préoccupations ou de leurs imaginaires.

La thèse selon laquelle ce serait l’expression d’une conviction ne tient pas, et il est facile de la balayer d’un revers de main. L’on est plutôt en présence d’une coercition savamment orchestrée par un ou des adultes qui ne laissait aucun choix à ces jeunes filles que de suivre une injonction autoritaire, avec pour mission d’essayer d’asseoir une idéologie dans le secteur de l’éducation, comme cela a été le cas historiquement dans d’autres pays.

En fait, c’est l’histoire qui se répète, et l’évènement n’est pas fortuit, comme veulent le laisser entendre les islamistes ; il s’apparente, au contraire à une manœuvre, une tactique, une ruse.

Interrogeons, dès lors, le statut de cet habit, ou plutôt de cet accoutrement dans la religion musulmane ; en n’omettant pas de mentionner qu’il existe dans toutes les religions monothéistes et bien au-delà, à l’image du boudhisme ou de l’hindouisme.

Le foulard islamique n’est pas coranique : aucun verset du coran ne fait obligation à la femme de se couvrir les cheveux. Ce que le coran demande, à égalité, à l’homme et à la femme, c’est la décence, selon l’usage courant, et une vie vertueuse : « dis aux croyants d’avoir le regard décent ; d’être chastes. Ils n’en seront que plus purs. Rien n’échappe à Dieu de ce qu’ils font.

Dis aux croyantes d’avoir le regard décent ; d’êtres chastes ; de ne pas faire étalage de leurs atours -à l’exception de ce qui se montre couramment- et de ramener leurs mantes (khoumourihinna) sur leurs poitrines. (Coran, XXIV, 31). (24)

Mais essayons de raisonner par l’absurde, comme nous l’avons déjà fait des milliers de fois par le passé à ce sujet.

Supposons que le fameux proviseur n’ait manifesté aucune opposition à l’entrée au collège de ces filles avec le voile. Le mouvement qu’il y a derrière allait-il se contenter de cet acquis ? 99% des gens interrogés répondent catégoriquement non.

La prochaine revendication porterait sur la mixité ; des classes pour les filles et des classes pour les garçons, parce qu’il ne faut pas oublier le diable omniprésent dans cette idéologie.

Le proviseur qui n’est pas raciste répond à cette doléance. Le mouvement allait-il s’arrêter là ? bien sûr que non, vu que filles et garçons peuvent entrer en contact à la bibliothèque, à la cantine…etc.
La prochaine étape devrait être l’exigence d’établissements non mixtes ; autant dire que chaque demande satisfaite en entraînera une autre.

Ainsi, il y a eu par la suite, le refus du cours de biologie, la dispense pour le cours de natation…etc.
Comme exposé plus haut, de proche en proche, le problème s’est étendu à d’autres domaines et d’autres secteurs, et le problème de la laïcité dans le travail est devenu un tracas courant, sinon quotidien.
Dessillons-nous les yeux ; nous avons à faire à une stratégie d’islamisation de la société ; d’aucuns franchissent le pas en parlant d’islamisation de la modernité, notion qui contre tout bon sens veut concilier deux concepts antinomiques.

En effet, le voile ne s’est pas limité à l’école, il concerne dorénavant toute la société, sphère publique et sphère privée confondues.

C’est tellement vrai que le problème ne concerne plus les élèves uniquement ; il s’est déplacé vers les parents : les mères voilées qui veulent accompagner leurs enfants aux sorties scolaires.

Le président de l’Observatoire de la laïcité (ironie de l’histoire) les a soutenues en développant l’argument fallacieux selon lequel la neutralité signifie que seuls l’Etat et les services publics sont concernés par la règle de neutralité, et aucunement les usagers.

A ce sujet, il convient de répondre que la sortie scolaire est un acte éminemment pédagogique et qu’elle s’inscrit de plain-pied dans le service public. Il en découle logiquement que les mères voilées, dans ce cadre, deviennent des personnels éducatifs et non de simples usagers (se pose ici la question du rôle des associations de parents d’élèves).

Pourquoi les mêmes mères, musulmanes donc n’avaient pas cette revendication, 20 ans avant ?
Peut-être est-il judicieux de rappeler, en l’occurrence, l’article 11 de la charte de la laïcité à l’école : « Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions. »

C’est donc aux usagers et aux familles, comme c’était par le passé, de respecter la discipline et les règles de l’école ; ce n’est pas à l’école de s’adapter à leurs valeurs fussent-elles religieuses, et surtout si elles sont religieuses. Il serait malvenu d’inverser les choses.

Et puis, la neutralité de l’Etat ne signifie pas, loin s’en faut, l’indifférence.

La laïcité, comme principe constitutionnel, on ne le répètera jamais assez, implique également la supériorité de la loi sur la religion. Donc place à la loi, toute la loi, rien que la loi. Et ce n’est pas Averroës qui aurait apporté la contradiction, lui qui recommandait que la loi religieuse se pliâ à l’examen de la raison (nous sommes au XIIe siècle, quel recul ?).

Le malheur, c’est que ceux qui adoptent une position de fermeté sur cette affaire, sont traités de “laïcistes”, voire « d’antirépublicains », même si l’assertion, l’accusation n’est carrément plus de mode. Elle est tellement galvaudée par une nouvelle catégorie d’inquisiteurs. Elle en devient désuète, obsolète et pour tout dire anachronique.

A ce sujet, convoquer le théologique pour juger de la pertinence de la raison pour laquelle ces femmes ou d’autres portent le voile n’est d’aucune utilité ; ce serait mal à propos, déplacé, voire intempestif.
Qu’une femme porte le voile pour aller au paradis, par convenance personnelle, pour faire plaisir à son mari, ou pour s’adonner au plus vieux métier du monde, personne ne peut ni n’a le droit de juger les motivations de son accoutrement, à fortiori l’Etat. Elle est dans la sphère privée.

En revanche, comme garant de l’ordre public qui n’est rien d’autre qu’un ensemble de lois, l’Etat a toute légitimité pour faire appliquer la loi, soit qu’elle protège, soit qu’elle sanctionne.

Concernant l’école, la loi de 2004 est toute indiquée, elle est tout à fait appropriée, même si elle a été qualifiée de loi de la discrimination et de loi scélérate par les ténébreux islamistes et leurs soutiens. Elle le serait si d’autres signes religieux étaient admis à l’école. Or, tout le monde sait que ce n’est pas le cas. Au nom de quoi le voile ferait-t-il exception ?

Le regretté Bernard Stasi ne s’y trompait pas quand il déclarait avec insistance : « Il faut avoir conscience que les comportements sont souvent le fait de groupes qui testent la résistance de la république. »

Il ajoutait, et cela s’applique aux sorties scolaires : « Cette loi est de portée générale, et il a été prévu qu’elle pouvait être mobilisée, adaptée, appliquée à d’autres situations de même nature dans d’autres domaines».

L’on devrait également se souvenir que cette loi a été renforcée par la circulaire Chatel (2013) qui interdisait le port du voile par les mères accompagnatrices des sorties scolaires.

L’école doit rester un sanctuaire, et aucun signe religieux n’y a sa place, point.

Cependant, il semble utile de démystifier certains éléments du discours islamiste sur le voile pour mieux aider les citoyens à comprendre un problème hautement symbolique et qui constitue le cheval de bataille des fondamentalistes.

Contrairement aux allégations des islamistes qui ont réussi le tour de force de faire croire que le voile est l’habit naturel, indiscutable de la femme musulmane depuis toujours, et que la femme musulmane, c’est celle qui porte le voile, il faut préciser que dans l’aire méditerranéenne tout au moins, il s’agit d’une mode vestimentaire (avec une infinité de variantes) qui n’existe que depuis la révolution iranienne (1979).

Pour notre part, nous pouvons témoigner que depuis l’indépendance (1962) de notre pays d’origine (l’Algérie) jusqu’à cette date, la fille qui étudiait ou la femme qui travaillait ne portait pas de voile. Nos étudiantes et nos collègues femmes étaient habillées à la dernière mode européenne. Le voile que portaient les femmes d’intérieur quand elles sortaient était un élément culturel et n’avait rien de religieux.

La question du voile ne peut être réduite à la revendication du port d’un habit. Elle est autrement politique et s’inscrit dans la promotion d’une idéologie de régression. En s’adressant au cœur – et non à la raison car ils en sont incapables – les islamistes jouent sur les sentiments ; ils essaient de culpabiliser les autres à travers une question qui revient comme un leitmotiv dans leur argumentaire : mais en quoi cela dérange ? Que la lycéenne porte un voile ; que l’agent de sécurité fasse sa prière sur le lieu de travail ; qu’on supprime la viande de porc des cantines ; qu’il y ait des heures dans les piscines pour les femmes ; qu’un homme épouse plusieurs femmes (d’ailleurs cela existe au mépris de la loi via le « mariage hallal ») ; qu’une femme se fasse soigner par une femme… On peut énumérer les revendications à l’infini. Mais d’autres au nom d’autres croyances peuvent avoir d’autres revendications, et au final, que restera-t-il de la république, de ses principes, des droits de l’Homme ?

Le vivre ensemble concerne des individus, des citoyens au sens des Lumières, c’est-à-dire des êtres doués d’une pensée autonome et d’une raison critique. La notion de citoyen transcende celle de croyant.
Etre républicain de nos jours, c’est aussi revenir à l’esprit de la Révolution française dont le but était d’émanciper l’individu du groupe ; sinon, quelle consistance, quel sens aurait le principe de liberté ? Aller dans le sens du communautarisme, c’est faire le jeu des obscurantistes et des ténébreux, c’est à l’évidence être antirépublicain.

Pour recruter des femmes, les islamistes usent et abusent du recours au texte sacré. Même si, par principe, on n’a pas à leur répondre sur leur registre, le drame, la tragédie des jeunes femmes radicalisées, souvent mineures ne laisse pas trop le choix et l’on se doit de démystifier leur camelote parée de religieux.

Outre une présence très précaire du voile dans le texte sacré (2 versets sur près de 6230), l’interprétation rationnelle peut conduire à les comprendre comme un conseil, une exhortation à…Et non comme la prescription avérée d’un interdit.

L’on pourrait suggérer cette parabole : Dieu a dit avant Tartuffe « Cachez ce sein que je ne saurais voir ». Pour contextualiser, il faut rappeler qu’à l’époque existait une fête païenne où hommes et femmes tournent nus autour de la pierre noire (l’actuelle Kaaba). L’injonction a été donc de cacher la poitrine et c’est la seule partie du corps mentionnée (le mot cheveu n’existe même pas dans le fameux texte).

D’ailleurs de nos jours, on ne voit aucune femme se balader seins nus, c’est dire que la pudeur et la vertu n’ont rien à voir avec le voile. Les islamistes ont en fait un tintamarre assourdissant, en l’érigeant comme la question centrale de l’islam. A la vérité, cela relève de l’obsession de toujours des obscurantistes, le statut de la femme.

Enfin, à l’inverse de ce que peuvent arguer les islamistes et leurs sympathisants, de plus en plus de jeunes filles sont déscolarisées non pas au motif qu’elles ne peuvent pas porter le voile à l’école mais parce que des imams et autres pseudo théologiens leur ont suggéré que la bonne musulmane c’est celle qui n’étudie pas, ne travaille pas, fait des enfants et s’occupe de son mari.

En fait, l’on sait de toute évidence qu’elles sont destinées à alimenter une forme de prostitution et d’esclavage sexuel. C’est la hantise de beaucoup de familles.

A ceux qui présentent le voile comme un signe d’émancipation et de libération, nous suggérons de méditer la question, on ne peut plus pertinente de Jacques Berque « Ne pourrait-on pas dire que le statut de la femme et ses signes extérieurs constituent un critère majeur d’évolution pour une société ? »

Khaled Slougui

Présentation :
Khaled Slougui, franco algérien, est consultant formateur et président de l’association “Turquoise Freedom”, qui vient en aide aux victimes de l’islam radical et de pratiques anachroniques. Ancien professeur d’université et ancien journaliste en Algérie, l’auteur réside en France depuis 25 ans.

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3 Comments

  1. j ai lu votre article et c est un plaidoyer islamophobe ..on y mélange averoes ?? que vient il faire la dedans alors qu il vivait du temps du califat !! on y mélange l algerie !! je suis musulmane française donc je n peux adhérer a vos arguments ..le début de votre diatribe : c est ainsi que commence l islamisation
    vous me faites penser a sarko and co qui denoncaient les piscines pour les femmes musulmanes alors que eux mêmes dans leurs communes reservaient des plages hoeraires pour les femmes juives loubavitch ..vous me faites penser car c est bien le sujet a ZEIMMOUR qui dénonce le foulard musulman alors que sa femme porte le foulard juif !!

    quelle hypocrisie : j aurais penser que justement vous auriez defendu le droit a ces femmes de pratiquer leur foi comme elles le veulent …..vous parlez de laïcité ….c est le GVT qui doit etre laic ..au contraire la laïcité défend le droit de tout a chacun de pratiquer et de se vetir comme bon nous semble

    • La loi française s’applique de la même manière aux musulmanes qu’aux chrétiennes ou aux juives! Occupez vous de vous et pas de Zemmour dont la femme ne porte pas de foulard juif . De surcroît le foulard n’est pas juif il est simplement foulard!

  2. Chez certaines jeunes musulmanes (en dessous de 30 ans), le port du voile a beaucoup moins à voir avec une histoire de religion qu’avec un repli identitaire, parfois accompagné de revendications radicales et dangereuses. Il faut certes éviter toute généralisation, mais certains imams eux-mêmes disent que de chez de nombreux jeunes musulmans, le rattachement à l’islam est beaucoup moins une affaire de foi et de spiritualité qu’un signe de repli identitaire et ethnique.
    En outre certains islamologues expliquent que le coran condamnant toute ostentation dans l’espace public, la logique voudrait que dans les pays occidentaux les musulmanes respectant l’esprit du coran ne portent pas le voile. D’après eux le port du voile (on ne peut plus ostentatoire ) sur un continent comme l’Europe serait en fait contraire à l’état d’esprit du coran.

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