Thomas Blatt, rescapé de Sobibor, est décédé à l’âge de 88 ans

Thomas Toivi Blatt, qui faisait partie du peu de Juifs à avoir survécu à une évasion massive du camp de la mort nazi de Sobibor en 1943 et qui, des décennies plus tard, a servi en tant que témoin majeur lors du procès du garde de camp présumé John Demjanjuk, est mort. Il avait 88 ans.

Crédit Wikimedia
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D’origine polonaise, Thomas Blatt, qui a perdu ses deux parents et un frère plus jeune dans les chambres à gaz de Sobibor, est mort samedi matin à son domicile de Santa Barbara, en Californie, a déclaré un ami basé à Varsovie, Alan Heath.
Alan Heath se souvient de Blatt comme une «personne calme et modeste» qui a souffert de cauchemars et de dépression jusqu’à la fin de sa vie, mais qui n’a jamais voulu se venger des Allemands pour l’assassinat des Juifs ni même de ses compatriotes antisémites polonais complices.
«En dépit de ce qui était arrivé à sa famille, il a constamment répété qu’il ne faut pas haïr et il ne portait aucune malveillance envers les Allemands – et exhortait les autres à faire de même», a déclaré Heath.
Thomas Blatt a donné des conférences sur l’Holocauste, a écrit deux livres et a fait campagne pour préserver le site du camp de la mort comme le site de l’un des quelques soulèvements de détenus juifs contre les gardes nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il se rendait fréquemment dans sa patrie polonaise, visitait souvent Sobibor, sa ville natale à proximité et sa fille issue d’un premier mariage.
Thomas Blatt est né le 15 avril 1927, à Izbica, une ville qui était en grande partie juive et yiddish avant la guerre, bien que sa famille ne fut pas dévote. Il avait 12 ans quand l’Allemagne envahit la Pologne en 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale, et 15 ans quand les Allemands ont créé un ghetto dans la ville en 1942, où lui et sa famille ont été emprisonnés. Lorsque sa famille a été emmenée au camp d’extermination en avril 1943, il a été retiré pour faire des petits boulots dans le camp, pour fixer une clôture ou encore trier des documents. Ses parents et son frère Henryk ont été assassinés immédiatement.
Six mois après son arrivée, Blatt a pris part à un soulèvement victorieux du camp, dans lequel la plupart des nazis ont été tués et 300 prisonniers se sont évadés. La plupart qui se sont échappés ont fini par être traqués et tués, mais Blatt faisait partie de la petite soixantaine à avoir survécu. Il a finalement émigré aux États-Unis. Il s’installa à Santa Barbara, en Californie, et possédait et gérait trois magasins d’électronique dans la région.
Dans les années 1980, Blatt revint souvent au camp pour vérifier son état, trouvant régulièrement des ossements humains parmi les hautes herbes et les mauvaises herbes. «J’ai pratiquement nettoyé un quart du camp moi-même, j’ai ramassé des os, les ai enterrés», déclarait-il à l’AP en 1987.
Des années plus tard, il fut un témoin dans le procès du mécanicien retraité de l’Ohio John Demjanjuk, qui a duré de 2009 à 2011. Demjanjuk, originaire d’Ukraine, a été reconnu coupable d’assassinat en 2011, mais est mort en 2012, en maintenant farouchement qu’il n’avait jamais servi comme garde du camp de la mort. Parce qu’il est mort avant que son appel puisse être entendu, sa condamnation n’est pas considéré comme juridiquement contraignante.
Avant de se rendre en Allemagne pour témoigner, Thomas Blatt affirmait à l’AP dans une interview à Varsovie qu’il n’était pas en mesure d’identifier Demjanjuk. «Je ne me souviens pas des visages de mes parents à cette époque. Comment pourrais-je me souvenir de lui?», a-t-il dit. Néanmoins, son témoignage a renforcé le cas de Demjanjuk car s’il avait été présent en tant que garde auxiliaire ukrainien, il aurait été impliqué dans l’extermination des Juifs. «Tous étaient des bourreaux, tous les Ukrainiens», déclarait Blatt au tribunal. Il a reconnu, cependant, que les quelques 150 Ukrainiens qui occupaient les postes de gardes étaient sous l’autorité des quelques 15 SS allemands du camp. «L’Allemand était Dieu», a-t-il témoigné.
Dans son interview de 2010, il évoqua la dépression qui le frappait après des conférences sur l’Holocauste. Il affirma que plus il vivait, plus il pensait à son petit frère bien-aimé, un garçon très intelligent et doué. «Je ne me suis pas échappé de Sobibor, je suis toujours là. Dans mes rêves, partout», dit Blatt. «Mon point de référence est toujours Sobibor».
Blatt laisse dans le deuil trois enfants et plusieurs petits-enfants. Un enterrement aura lieu à la Congrégation B’nai B’rith à Santa Barbara plus tard cette semaine.
http://www.eretzaujourdhui.com/2015/11/thomas-blatt-rescape-de-sobibor-est-decede-a-lage-de-88-ans/

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