Tou Bishvat : le blé, l’orge, l’olive, le raisin, la figue, la grenade la datte. Charles Baccouche ט”ו בִּשְׁבָט

שקדייה

Le 15 du mois de Shvat ne semble pas devoir soulever la ferveur juive, le mois de Shvat, cinquième mois de l’année du calendrier juif, tombe en hiver.

On dresse un plateau sur lequel s’ordonne un « seder » des Shévat Haminim (Les sept sortes de produits d’Israël) :

Le blé, l’orge, l’olive, le raisin, la figue, la grenade, la datte, qui sont goutés tour à tour, par la famille, les convives et qui vous voudrez, pour marquer l’enracinement de nos existences par la grâce du créateur, c’est-à-dire par la puissance des exploits d’Hachem (Gvourot Hachem selon le Maharal de Prague) qui nous fait vivre et nous apporte la force de vivre.

Il n’est pas d’autres rituels pour cette fête qui est le printemps des arbres, sauf cette ferveur juive qui occupe toutes les nuances de la croyance et surtout plus de 50, si on se plaisait à s’abimer dans une triviale métaphore, vite parue et vite oubliée.

Non, la croyance ou la foi, si on veut des juifs, s’étend de celui qui ne croit pas, ce qui est encore une façon de croire, à celui qui croit ou pense qu’il croit. En effet, croire en quoi ? Croire à quoi ? Et surtout pourquoi faire?

Là est le juif, dans la question, dans les multiples facettes de la question qui proclame, l’UNITE divine, plus que la réponse.

La réponse se croit autorisée à clôturer un débat qui en réalité s’ouvre éternellement, puisqu’il va du Ciel à l’Homme et de celui-ci au Ciel (Mahloket mi Hachamaïm)

Un juif qui ne croit pas a sa raison de ne pas croire, et a le droit de s’assoir à la table juive, tout comme à l’autre bout de la nappe, l’ultra religieux qui croit, a sa raison de croire, croire à quoi au fait ?

Ils ne sont pas si loin les uns des autres ces extrémistes qui discutent d’un bout à l’autre de la « Table  servie » c’est-à-dire « Choulkhane Aroukh » Table d’étude et de débats, ils discutent, ils s’opposent et s’indignent, commentent sans fin la Thora.

C’est aussi cela la ferveur juive.

Parce que croire ou ne pas croire est dérisoire par rapport à l’acte moral, à l’action de l’Homme dans le monde : la Tsédaka, poursuivre sans répit, la Justice, faire droit à la veuve et à l’orphelin, visiter les malades, enseigner aux enfants dont le souffle à l’école soutient le Monde, selon le Talmud

Voilà ce que le Tout puissant attend, caché dans ses ombres et ses lumières, pas que l’Homme croit ou ne croit pas en Lui.

Mais quelle est la place Tou bishvat dans cette affaire ? Tout juste une date en plein milieu de l’Hiver, qui curieusement célèbre le nouvel an des arbres ou plutôt la « Fête des arbres » « Hag haïlanot », encore une folie que Don Quichotte aurait apprécié, faire une fête aux arbres ! En voilà une idée.

Pourtant, ne soyons pas plus impatients que la Nature qui elle, se montre Hâtive pour chasser les frimas et ramener l’espoir et la douceur du printemps.

En plein cœur de l’hiver, déjà pointe le renouveau par un signe un « ot », par l’amandier qui le premier, fleurit parmi les arbres, décorant la plaine du Sharon, le Guilboa, la Galilée de ses fleurs blanches et roses. Ses fleurs par miracle, paraissent avant ses fruits à la coque solide.

L’amandier blanc et rose avant qu’Israël fleurisse au souffle tendre de la terre d’Israël.

L’idée et l’image de l’Amandier est très répandue dans le livre des prophètes, car la racine de shkédiya (amandier) signe la hâte et l’attention, d’où le sens dérivé du nom que la langue hébraïque donne à cet arbre. Jérémie voit : « La parole du Seigneur me parvint : Que vois-tu, Jérémie ? Je répondis : je vois une branche de l’arbre hâtif» « Tu as bien vu ; car je veille sur ma parole pour me hâter de la réaliser » dit le Tout Puissant. 

On devrait plutôt parler de la fête de l’amandier, mais par extension et pour entendre la parole des prophètes d’Israël, qui annoncent que le Maitre des Mondes fera qu’un jour, tous les arbres donneront leurs fruits et leurs fleurs tout au long de l’année.

On comprend que Tou Bishvat s’enracine d’abord en terre d’Israël, et que depuis le début du Yshouv on fête les arbres dans tout Israël, parce qu’elle coïncide avec le retour du seul peuple sur sa terre qui lui fut donnée par son « Père et son Roi qui est aux cieux »,

Ce peuple, dont le Grand Léon Ashkenazi disait, est le seul qui dut conquérir son propre pays.

Mais sa conquête ne fut pas seulement un combat conte les hommes, les Tribus et les Etats arabes et la puissante Albion, elle s’est étendue à la réhabilitation des terres abandonnées depuis 2000 ans, rendues à la jachère, des marais insalubres du Houlé, devenu le jardin de la Galilée, aux étendues désertifiées du Néguev, qui désormais, fait pousser des agrumes,

Les juifs de retour ont planté des arbres, des millions d’arbres, creusé des canaux, fait croitre les prairies.

Ils ont reconstruit les villes de leurs pères, chassés par les Chaldéens, par Rome, l’empire impitoyable, ils ont bâti la Ville du Printemps sur la mer orientale, réhabilité Jérusalem la désolée, ils lui ont rendu son lustre et accru sa gloire.

Ainsi, en 1890 déjà, des enseignants sous la houlette Zeev Yavetz, célèbrent Tou Bichvat en faisant planter des arbres par les enfants, élèves et étudiants à Zikhron Yaakov.

En 1908, Le (Keren kayemet lèIsraël), a fondé une tradition qui s’est profondément implantée dans le sionisme politique.

Tou Bishvat c’est la revanche des Ghettos ou, enfermés dans un air confiné, les juifs ne voyaient pas de verdure et encore moins les arbres et devaient subir les cruautés de leurs contemporains de Pologne et d’ailleurs, les moquant pour leurs apparences chétives et pauvres, alors que ces impudents en étaient les coupables.

Tou Bichvat est devenu le symbole et la preuve de la renaissance du peuple juif sur sa terre.

Le KKL « Keren Kayemet LèIsraël » signifie en substance « fonds d’existence pour Israël» cette formule difficile à traduire donne néanmoins toute sa force à la résurrection et la rédemption commune du peuple juif et de la terre juive, retrouvant leur Histoire comme si le temps avait sombré pendant 2000 ans dans le cauchemar immobile et sanglant de l’exil et de la souffrance des juifs.

Le KKL organise des campagnes de reboisement ou de boisement à l’intention des israéliens mais aussi des Etrangers, juifs et autres, qui ont des arbres plantés à leur nom. Les Justes des Nations qui ont sauvé de nombreux juifs, ont une vallée d’arbres pour leurs actes héroïques lors des ténèbres nazies,

Les six millions de torturés, humiliés, affamés, assassinés parce qu’ils étaient juifs, ont chacun un arbre, pour que leur mémoire se perpétue.

Ils participent depuis leurs Mondes (Olamim) à la rédemption de leur peuple.

Les anglo-saxons nomme cette fête « Arbor Day », tellement ce jour est associé à la réputation agricole d’Israël.

Le KKL dont la vocation se confond souvent dans nos inconscients avec la plantation d’arbres, qui sont chacun d’entre eux, des arbres de vie, des sources de jouvence pour le sol ensemencé à nouveau et donnant son blé en son temps et se couvrant de jardins odorants.

La fleur a donné son parfum, dit le psalmiste du Cantique des Cantiques qui peut chanter à nouveau «  je suis la rose du Sharon, le lys dans la vallée »

Haskediya pora’hat (« L’amandier fleurit»)

Tou Bishvat est la joie et la musique retrouvée sur la terre prodigue, recevant ses enfants après une si longue absence, ainsi « Shir shel etz = Chant d’un arbre » par Naomie Shemer,

« Israël porahat », textuellement « Israël fleurit »

L’arbre est devenu l’âme d’Israël, respirant l’air des orangeraies qui assaillent le voyageur à son arrivée à l’aéroport en certaines périodes de l’année.

Les enfants dans les écoles chantent «  Tou BiShevat Hyguiya hag la Ilanot »

« Tou Bichvat est arrivé, c’est la fête pour les arbres »

Le véritable sens de cette fête qui est son sens ultime, nous enseigne que les prophètes ont raison, lorsqu’ils nous annoncent la ruine puis la rédemption, quand ils nous disent que le peuple d’Israël même dans l’exil le plus noir, garde au fond de son âme l’espérance « qu’en ce jour-Yom ahou) » Lequel ? Il est protégé et gardé avec le Messie dans le secret du Trône divin, jusque dans sa volonté souveraine, le Saint d’Israël le révèle aux Nations et ramène la Shékhina, sa providence à la tête de son Peuple.

Elles seront médusées les Nations, d’apprendre que « C’était vrai » qu’Israël est l’élu de Dieu,

Que son Livre parle vrai, que la terre de Canaan lui a été réellement donnée, qu’il est un exemple et une lumière pour les peuples. Mais, ce jour n’est pas encore arrivé, alors que Tou bishvat nous en rapproche chaque matin, quand la lumière pointe à l’Est ou si on veut au Kédem, qui veut dire aussi « en avant »

Bonne fête de Tou bishvat pour tous, car c’est la fête de tous les arbres de la terre qui protègent les Nations et amènent la Bénédiction du Saint qui trône dans les Hauteurs et renouvelle chaque jour l’antique et indéfectible alliance qu’il a noué avec son Peuple.

Charles Baccouche

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