L'Etat islamique et le Hamas, points communs et différences, par Katy Bisraor

Depuis quelques semaines, un parallèle est fait entre le Hamas, l’organisation islamique qui contrôle la Bande de Gaza et l’État islamique, qui sème la terreur de la Syrie à l’Irak et menace la Jordanie et d’autres pays arabes. Katy Bisraor nous dresse un état des lieux sur les points communs et les différences entre ces deux mouvements islamistes terroristes.

Les points communs

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Difficile ces derniers jours de ne pas faire le parallèle entre le Hamas et le Da’ech, l’acronyme arabe de l’État islamique. Les terroristes du Hamas aux cagoules noires assassinant dans les rues de Gaza des collaborateurs ressemblaient en tout et pour tout, au terroriste à la cagoule noire décapitant avec une violence inhumaine, quelque part entre la Syrie et l’Irak, le journaliste américain James Foley ou encore à d’autres terroristes du Da’ech jouant au football avec des têtes d’opposants décapités.
Organisations terroristes et totalitaires, le Hamas et l’État islamique cherchent à semer la terreur pour briser toutes oppositions. On se rappelle encore les violences contre les militants du Fatah lors de la prise du pouvoir du Hamas dans la Bande de Gaza en 2007. Encore aujourd’hui, une des craintes majeures du Hamas est un renversement de son pouvoir, par des forces palestiniennes laïques. Le Hamas craint aussi la montée de mouvement salafistes encore plus radicaux. “La violence du Hamas est une tactique globale, explique un journaliste américain de retour de Gaza. Pour faire taire les oppositions mais aussi pour contrôler l’économie. J’ai vu dans une épicerie de Gaza, arriver deux hommes du Hamas, tirer des coups de feu, rafler les étagères et partir avec leur butin. Et les convois qui arrivent d’Israël, soit disant remis à l’Unrwa! C’est le Hamas, qui décide où va chaque caisse de légumes, et évidemment chaque camion de béton.”
Mis à part cette tactique de la terreur et de la violence, le point commun majeur entre les deux organisations est la profession de foi musulmane. Le Hamas et l’État islamique aspirent à créer une entité étatique gérée selon la charia. L’exemple, le plus frappant est la politique de répression contre la femme. Plus discrètes à Gaza, en raison de la dépendance vis-à-vis des organisations internationales, la situation de la femme n’en est pas moins une véritable catastrophe écrivait il y a quelques semaines, le El Qouds, le journal palestinien laïc rapportant des violences systématiques, des assassinats de femmes violées, de crimes d’honneur en série, d’excisions imposées etc.

Les différences

Il existe pourtant des différences fondamentales entre les deux organisations. L’État islamique veut recréer l’Islam du Moyen Age. Revenir à la réalité du septième siècle, où le monde musulman prit le contrôle de la région, brisant dans le sang toute opposition et ouvrant une lutte sans merci contre les autres religions et notamment contre les chrétiens. Comme pour revenir à la réalité de cette époque lointaine, le Califat version 21e siècle, veut balayer les États, les nations arabes fondées au siècle dernier. Les djihadistes cherchent à recréer un vaste empire islamique, de la Syrie à l’Irak, menaçant déjà la Jordanie et d’autres grands pays arabes et ne cachant pas non plus leur velléités en direction des provinces turques. L’objectif avoué est de créer un vaste califat arabe sunnite
Par contre, le mot d’ordre du Hamas pourrait se résumer ainsi: la Palestine d’abord, le Califat pour plus tard. L’objectif premier est de prendre la direction du mouvement nationaliste palestinien à la place du Fatah. Selon l’idéologie de base du Hamas, la création d’un État palestinien à la place de l’État d’Israël, doit se faire en respectant la loi islamique. Mais si la charia risque de mettre en question l’objectif suprême qu’est la destruction de l’État hébreu, les imams sont prêts à des concessions idéologiques. Obligés d’opérer sur l’arène internationale, cherchant une légitimité pour atteindre leur but, le Hamas est donc prêt à modérer l’application de la charia, ou au moins à la retarder.
Pour résumer, on ne peut pas totalement faire l’amalgame entre les deux mouvements terroristes en raison des contextes géo-politiques dans lesquels évoluent les deux mouvements. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle, l’administration Obama n’exclue pas totalement le Hamas, comme un partenaire potentiel. Pourtant, sur le fond, sur le long terme, ceux qui ont lancé le slogan, Hamas = État islamique et tentent de convaincre que les défis d’Israël d’aujourd’hui seront bientôt ceux des capitales occidentales de demain, ont des arguments de poids pour défendre leur thèse.
 par Katy Bisraor
www.endirectdejerusalem.com
  K BISRAOR
 
 
 
 
 
 
 
 

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