Macron: « Le port du voile dans l’espace public n’est pas mon affaire »

À La Réunion, le président a cependant précisé que le foulard islamique pouvait servir d’instrument au séparatisme et au communautarisme.

Emmanuel Macron à La Réunion, le 24 octobre 2019. Capture d’écran

« Le port du voile est-il “souhaitable” dans l’espace public ? » C’est en ces termes, reprenant les propos de Jean-Michel Blanquer, que « Réunion la 1ère » et « Antenne Réunion » ont interrogé Emmanuel Macron, jeudi soir. Ce à quoi le président a répondu sans détour. « Le port du voile dans l’espace public n’est pas mon affaire. C’est ça la laïcité », a-t-il balayé. Avant d’ajouter: « Le port du voile dans les services publics, à l’école, quand on éduque nos enfants, c’est mon affaire. C’est ça la laïcité ».

Pressé par plusieurs de ses proches, dont Gérard Collomb, de s’exprimer sur les questions relatives à l’islam et à la laïcité, le chef de l’État a d’abord tenu à rappeler la loi. «Quand on est dans un espace où le service public est rendu, il y a un devoir de neutralité des agents. Quand on éduque nos enfants – et c’est pour ça que ça vaut pour l’école maternelle, l’école, le collège, le lycée, et pas pour l’université -, on demande à ceux qui les éduquent, comme aux enfants, de ne pas avoir de signes religieux», a-t-il souligné.

Macron considère qu’on «confond» les sujets

Comme la semaine dernière, où il avait dénoncé les «amalgames » visant les musulmans, Emmanuel Macron a de nouveau fustigé « le débat qui consiste à ne stigmatiser qu’un seul signe religieux », ce qu’il «n’aime pas». « Ce qu’il se passe dans l’espace public, c’est pas l’affaire de l’État et du président de la République. La laïcité ça n’est pas cela », a-t-il répété. Et de rappeler sa conception de la loi de 1905: « La laïcité, c’est précisément de permettre de croire et de ne pas croire librement ».

« Pourquoi on confond ces sujets? », s’est enfin interrogé le président, concédant qu’il lui faudrait bien affronter le sujet de l’islam de France. «Le voile, aujourd’hui, est utilisé dans certains quartiers, est utilisé dans certaines circonstances, par certains – qui ne sont pas majoritaires -, comme un élément de revendication, et comme un des instruments ou des signaux d’une forme de séparatisme dans la République, de ce qu’on appelle un communautarisme», a-t-il développé.

Le communautarisme, « cœur du problème » en France

De même, il a reconnu qu’« il y a aujourd’hui des femmes et des hommes, citoyens français, qui disent: “De par ma religion je n’adhère plus aux valeurs de la République” ». Cela peut se traduire de différentes façons selon lui: « Je sors mon enfant de l’école pour le mettre peut-être à la maison ; je refuse qu’il aille se baigner avec d’autres, apprendre la musique… Et j’ai un projet de vie et de société qui n’est plus d’être ensemble dans la République mais, au nom de ma religion, de porter un autre projet politique ».

«Ça, c’est un problème pour moi. Ça, c’est un communautarisme. Et dans ce cas-là, j’ai un problème avec l’utilisation, la revendication, en quelque sorte, qui devient politique, de ce séparatisme. Si on confond les sujets, à ce moment-là on se met en situation de ne pas pouvoir véritablement régler le cœur du problème qu’à la République française, qui est le communautarisme», a-t-il conclu. Selon Le Canard enchaîné, il prévoit d’ailleurs de s’exprimer mi-novembre sur le sujet.

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