Nous, la lâcheté on l’aime comme lui aimait la mort, par Sarah Cattan

Fallait-il que ce fût une journaliste américaine[1] qui le dise, que le procès Merah, cette affaire liée à une entreprise terroriste, remettait en question une société dans son ensemble.

La nôtre : La France, écrit Rachel Donadio, était aussi en procès : son système judiciaire, ses règles de droit, ses services de renseignement, sa police, son système éducatif, ses quartiers en difficulté, les failles de son intégration, ses institutions centralisées et souvent autoritaires, sa traditionnelle logique cartésienne, son idéal républicain d’une citoyenneté qui ne se plie pas aux identités ethniques ou religieuses.

Tant il est vrai que notre pays,  confronté au retour des djihadistes engendré par la chute progressive de l’État islamique, allait ce 2 novembre rendre un verdict qui serait vu comme une référence, si non un précédent, pour les futurs procès des combattants revenus du front.

Sept morts. Un blessé grave. Cinq ans d’enquête. 117 tomes de procédure. Cinq semaines de procès. Deux accusés. Fettah Malki, qui allait déclarer que c’était un peu enfoiré d’avoir fait ça, Fettah Malki un peu de la roupie de sansonnet à côté de l’autre, le frère, à propos duquel Maître Brian Soussi péta un câble : Franchement, Abdelkader Merah si on l’écoute, sa vie c’est peace and love, le Martin Luther King des Izards ! Soyons sérieux : on est chez les fous. 

Un cercueil jugé impur 

Le procès dont tout le monde parla, j’ai eu le privilège de le suivre de l’intérieur. Certes, à travers un prisme puisque rangée résolument aux côtés des parents d’Abel Chennouf et de leurs avocats. Pour quatre raisons. La première étant que si l’Etat n’avait baissé la garde concernant la surveillance de Merah, peut-être Abel et puis les autres seraient aujourd’hui vivants. Et puis parce que ce père m’a bluffée, lui qui, au lendemain de la mort de son fils, partit, seul, déposer plainte contre le dit Etat. Enfin parce que, au-delà du deuil, la famille d’Abel a connu l’indicible, découvrant le cercueil de ce fils à l’écart, éloigné du chapiteau officiel, veillé par quelques amis, tout cela parce que la mère d’une autre victime demanda et obtint du Colonel Poutou, chef de corps du XVIIème RGP de Montauban, d’éloigner ce cercueil jugé impur puisque non-musulman, demande indécente accordée sous la pression de religieux musulmans soutenus par Gérard Longuet, Ministre de la défense de l’époque. Parce que ces parents, lorsqu’enfin ils la surent, cette vérité, assénée par des soldats mutés dans d’autres régiments ou ayant démissionné de l’armée, confirmée après maintes échanges par le colonel du régiment, eh bien ils n’en firent pas déballage, mirent ça au dossier, et se tinrent, dignes, donnant à tous leurs proches une leçon de vie, déterminés qu’ils étaient à tout dire, mais chaque chose en son temps. Enfin parce que cette famille fut mise au ban par les media et quasiment tous les protagonistes de la tragédie. Sans doute parce que celle-là attaquait Squarcini. Attaquait l’État. Entendez Maître Béatrice Dubreuil, qui s’en prit au pré-tueur des victimes[2]. Et ça, ça paraissait à tous les autres du plus haut farfelu qui fût.

J’étais donc rentrée, il est vrai, dans le clan Chennouf. Avec leurs avocats qui, à force d’épouser une cause, marièrent toute une famille. Une famille pour la vie. Noble. Bâtie autour de ce mur porteur qu’était Albert. Albert que Maître Dubreuil qualifia de visionnaire, lui qui pressentit immédiatement ce qui n’allait pas manquer de s’avérer. Qui choisit de dénoncer. Ecrivant. Débattant. Combattant. Laissant l’autre faire son cirque. Ne cessant, lui, de nous pré-venir. Perdant en chemin des amis. Se faisant traiter de facho. Un facho qui accepta de rencontrer le frère de l’assassin de son fils, accordant le pardon demandé tout en lui expliquant qu’il n’était en rien responsable, ce frère.

Après, avec vous, suivant Maître Morice, nous déposâmes en ligne la pétition Pour que soit filmé le procès Merah. Car gageons qu’un jour la question se posera à l’Ecole du Barreau de savoir pourquoi il ne fut pas filmé, ce procès emblématique, alors que ce qu’on appelle les tueries de Toulouse et Montauban resteront à jamais le top départ de ce qui nous arriva ensuite. L’acte I du règne de la terreur. Islamiste.

Je défends des hommes , pas des causes

Avec vous, j’ai débattu pour défendre l’idée que Maître Dupond-Moretti ne se salissait pas en choisissant de défendre Abdelkader Merah. Vous rappelant combien furent importantes la confiscation de la vengeance privée par l’État et la date où la guillotine aboutit au musée des Arts et Traditions populaires. Qu’il n’y avait pas d’avocat des crapules, ni d’avocat du diable[3], même lorsque celui-là décide de défendre l’abject. Ce pénaliste capable, alors que la charte de déontologie inclut une clause de conscience permettant de refuser un dossier quand la cause heurte trop les convictions pour bien défendre l’homme, de défendre un criminel contre l’humanité, un tueur d’enfants, un terroriste politique, et donc aujourd’hui le frère de l’autre. Rappelant comment, toute personne ayant droit à être défendue et alors que personne ne voulait du dossier de Patrick Henri jugé indéfendable par la corporation, Maître Robert Badinter s’y colla et de surcroît le sauva de la peine capitale. Dénonçant toute tentation d’amalgame entre le client et son Conseil, citant Maître Francis Vuillemin qui, plaidant en 1998, pour Maurice Papon, expliqua qu’un avocat qui refusait un dossier n’en était pas un, n’esquivant pas un Jacques Vergès avocat de Klaus Barbie aux assises de Lyon en 1987, de Pol Pot ou Slobodan Milosevic, quasi spécialisé qu’il était dans les causes indéfendables. Vergès rejoint alors par un Dupond-Moretti qui prévenait déjà qu’il défendrait un négationniste s’il le lui demandait. Sauf s’il lui demandait de défendre le négationnisme, ajoutant : Je défends des Hommes, pas des causes. Je vous avais rappelé, citant les mots de Créon à Antigone, que certains devaient le faire, le sale boulot. Parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse. Citant Eolas qui nous expliquait que la morale n’avait ici rien à voir: L’avocat est un juriste, un procès est une affaire de droit, et uniquement de droit. Pas de morale. Et que donc professionnellement il était irréfutable, cet argument qui permettait de proclamer que le pénaliste qui défendrait l’ordure était un bon professionnel.

Concédant que je n’avais pour autant guère envie de savoir quel était l’homme derrière le pénaliste. Tant se posait la question de savoir où placer la morale, et ici, dans ce procès new concept, où et comment le définir, le concept de culpabilité. Rejoignant, devant ce terrorisme dit de dernière génération, ceux qui demandèrent qu’une Cour Pénale Internationale jugeât ces accusés qui, filmant leurs forfaits, bardés qu’ils étaient de leur camera go pro, croyaient vivre dans un jeu vidéo, avaient  réussi à rendre détestable toute une religion en plaçant les lois de l’islam au-dessus des lois de la République.

Lui s’y colla donc, Dupond-Moretti, et il le fit si bien que j’en sais certains, de la partie civile, qui en vinrent à penser qu’il y croyait, à l’innocence de son client, ce malin qui peut-être lui avait embrouillé le cerveau, ni vu ni connu. Il s’y colla avec ferveur, Acquittador, avec un zèle qu’il eût pu nous épargner, répétant qu’il convenait d’expliquer les choses, sinon on n’avait plus qu’à dresser la guillotine. Que le défendre, c’était prouver que nous ne vivions pas dans un état totalitaire. Que lui et ses pareils permettaient la pérennité d’un système judicaire juste dont nous ne pouvions qu’être fiers. Un système égal pour tous, pour ne jamais devenir vengeance. Et nous, nous étions là, à convenir avec Montesquieu qu’une chose n’était pas juste parce qu’elle était loi, mais qu’elle devait être loi parce qu’elle était juste[4], sauf que nous revenaient en boucle les paroles de Cioran : que le fanatisme était la mort de la conversation[5] et qu’on ne bavardait pas avec un candidat au martyre.

Chaque jour donc, j’ai tout suivi du procès. Et chaque soir au téléphone les voix épuisées bégayantes de deux qui portaient ça sur les épaules. Des héros ordinaires. A preuve l’indécence d’écrire à l’un, à deux minutes de l’énoncé du verdict, ce misérable j’ai peur et taper sur envoi. Lui me répondant un sobre : moi aussi.

Elle, au lendemain, épuisée, me décrivant de sa campagne quelque chose de surréaliste. Qui dépassait l’entendement. Evoquant cette haute tension certes attendue et certes de bon aloi, ajoutant : Mais tout de même. 

Tant il la joua  star

Et de réfléchir à haute voix : quoi dans ces semaines qui était lié à la nature-même du procès et à l’identité des accusés, et quoi qui fût imputable au seul Acquittador. Tant il la joua star.

Lui dont tous m’avaient expliqué les procédés : s’approcher au plus près du locuteur, escomptant l’effet de son imposante stature. Mais encore sa plaidoirie de rupture. Erigée en système. A un point tel que vous vous dites c’est pas du jeu. Coupant sans cesse la parole. Sa stratégie. Too much. Comme c es buts marqués à l’arrache.  Sans la manière.

Qui ne respecta pas l’usage qui veut qu’on se dise tous bonjour. Qui ne serra plus les mains ; ou pas celles de tous. Qui sans cesse leva les yeux au ciel, marmonna, tonna, éructa, pointa du doigt. Lui qui se crut absous de l’usage qui veut qu’au rendu du verdict on aille chacun saluer la Cour.

Mais lui encore qui sans vergogne se fit passer pour la victime. D’aucuns il est vrai avaient menacé l’Ogre du Nord de tirer, si Merah sortait, une balle dans la tête de ses enfants. Lui qui ignora le texto de solidarité qu’aussitôt Albert Chennouf lui envoya, qui jamais ne crut bon d’en accuser réception, qui jamais ne salua celui qui tendit une main.

Qui osa raconter combien il souffrit, durant ce procès, objet qu’il fut d’un pilonnage intensif. Et comment il visionna le procès de Nuremberg sans y voir jamais, tonnait-il, cette indécence qui régnait Salle Voltaire. Lui qui alors qu’elle faisait son show, Zoulikha Aziri, osa évoquer devant les familles endeuillées la mère d’un mort. Le même qui trouva obscène qu’un journaliste puisse être choqué qu’il eût cherché à nous convaincre de la douleur de celle qui enfanta des monstres.

Lui qui alla crescendo dans l’indignité confinant souvent à l’impudeur. Lui aux yeux duquel aucun de la partie civile n’aurait eu de légitimité. Qui vous regardait de haut. T’es qui toi d’abord. Lui dont on finit par se demander d’où il la tirait, sa légitimité. Lui à l’ego démesuré, lui impassible quant tant plièrent devant le poids de qu’il prononça parfois.

Lui encore qui ne cessa de se plaindre qu’on n’avait pas plaidé le fond du dossier. Qui fit comme si elle n’avait pas existé, la note de Balle Andui, cette bombe qui sous-entendait tant de règlements de compte en amont et qui posait la question : qui avait mal fait le job car le job il le fut, mal fait, puisque dès le  11 mars les services de renseignement toulousains ne furent pas associés à l’enquête.

Lui qui décerna les bons points. Chichement. Qui fit, chez les avocats de la partie civile, l’unanimité contre lui. Même s’il en restait un qui persista et alla lui serrer la main chaque jour. Un seul. Qui n’en pensait pas moins mais voulait étudier la bête de près. Sans complaisance.

Lui et ses effets de manche mais aussi son art de l’esquive : à croire qu’il avait été touché par la grâce, me dit celle-là, ébaubie. La victime c’était lui. Il en avait pris plein la gueule.

Lui qui alla trop loin. Donna le La. Déplaça le curseur de la dignité. Répétant devant des media tout acquis à sa cause qu’il l’aurait défendu, son client, même gratis. Que non il l’avait refusée, l’aide juridictionnelle. Quoi le clash avec Sifaoui ? Quoi la collecte aux Izards ? Ben oui on peut en parler : c’est dans le dossier.

Lui, enfin, escorté de ces deux modelés à son image, déjà misogynes, l’un osant dire à sa confrère de la partie civile qu’elle faisait sa mijaurée, lui enjoignant de se taire, à défaut d’aller plus vite : Allez, allez, avancez ! Et son maître qualifiant de ratatouille où tout était mélangé le réquisitoire de l’avocate générale qui, ajouta-t-il, ramait, ramait, ramait.

Lui donc prêt à tout. Nous offrant Salle Voltaire le spectacle de l’absolue indécence.

La Taqyia a géométrie variable

Mais il s’agissait de droit et force est de convenir que le trio souleva quant à la culpabilité d’Abdelkader Merah plus de doutes que le réquisitoire de la veille n’avait acté de certitudes. S’engouffra dans les failles d’un dossier dont la fragilité juridique explosait. L’un dénonçant la taqiya à géométrie variable là où Naïma Rudloff avait convoqué l’art de la dissimulation. L’autre mettant à terre l’abus de rhétorique et disant sa volonté de faire ici du droit et rien que du droit, fustigeant la preuve par le vide, assénant que l’accumulation de non-preuves ne pouvait constituer une preuve. Le cador, enfin, mettant la Cour en garde contre l’opinion publique, cette prostituée qui tirait le juge par la manche. Faisant appel au courage judiciaire. Allant jusqu’à faire siens, par un tour de passe-passe, les mots d’une mère de victime. Demandant, sous nos yeux comme dessillés, l’acquittement, sauvant en somme son client par les règles-même du jeu d’une République que ce dernier méprisait.

Tout ça sous les yeux des familles épuisées mais déterminées, malgré ce à quoi elles assistèrent : ce théâtre, ce grand guignol, cette mascarade ou se mêlèrent burlesque et grotesque, le mélange des genres incessant atteignant son paroxysme lorsqu’un Claude Lelouch apparut, et jusqu’à la manipulation du ténor lorsqu’il pervertit la formule d’usage à la Cour – J’ai l’honneur de – , pérorant que ça avait été un honneur pour lui que de défendre son client et que si le même le lui demandait, il serait fier d’être à ses côtés en appel.

Nous étions devant un procès new type. On y parlait embrigadement et idéologie dont l’autre fut gavé et nous, nous nous retrouvions face à une question juridique aussi nouvelle que les faits qui nous réunissaient : cette complicité sur laquelle il fallait donc se prononcer. Il n’existait pas, le crime de complicité intellectuelle.

Moi j’ai ressorti mon Littré : Emprunté au bas latin complex, complicis. Uni, associé. Au sens de celui qui s’associe à quelqu’un pour commettre un méfait. Qui participe à un délit, à un crime. Et que je te cite Racine et La Bruyère. Pauvre Corneille qui évoques même un silence complice[6]. Le Littré, précisant le terme de droit criminel, évoque celui qui participe à un crime ou délit commis par autrui, se distinguant de l’auteur principal.

Et alors donc que ne fut retenue, au vu de tous les éléments à charge, que la seule qualification d’association de malfaiteurs, il pesait dans l’air un couvercle de plomb : les juges n’auraient pas fini le job ? En ne retenant pas la complicité, ils n’auraient pas tiré les conséquences de la motivation ? Et ainsi, il aurait donc fabriqué ce monstre, Abdelkader Merah, et ça ne s’appelait pas avoir participé des forfaits de sa créature.

Etait dès lors convoqué ici l’adage latin Summum jus summa injuria[7] ou Droit porté à l’extrême, suprême injustice. A savoir que la rigueur du droit strict pouvait être source d’injustice. D’égarement. Puisqu’ici les magistrats avaient délivré un verdict automatique, acquittant du chef de complicité celui qui arma intellectuellement, religieusement et mentalement le tueur. Celui qui ne tua pas, mais fit tuer. Celui qui, revendiquant  son adhésion aux thèses salafistes radicales, affirma être fier de la mort en martyr de son cadet, ce combattant au service de la cause.

Le procès de Nuremberg ? Puisque il y est fait allusion : les juges osèrent condamner un Julius Streicher ou un Rudolf Hess, idéologues jugés aussi coupables que les exécutants. Prison à vie. Pendaison.

Rendons-leur qu’elle était difficile la tâche, avec ce trop-plein d’absents sur le banc des accusés. Ni les frères Clain. Ni l’émir blanc. Ni la sœur, Souad. Ni Sabri Essid : personne de la filière d’Artigat. La faute aux juges d’instruction : là on l’aurait vue, la complicité. Mais ils n’étaient pas de la fête et même l’un était tranquille, chez lui.

Rien n’est dit. Maîtres Dubreuil, Picard et Tamalet ne lâcheront rien. A Nîmes, en procédure administrative où fut jugée l’infraction, l’Etat fut grâce à eux déclaré coupable de défaut de surveillance d’un Mohamed Merah qu’on laissa dès 2011 agir d’un bout à l’autre de son périple tout en n’ignorant rien de sa dangerosité. Et même si hélas à Marseille la sentence fut revue, nous voilà désormais à attendre avec eux ce que statuera le Conseil d’Etat.

Mais retenez leurs noms. Car restera à venir la procédure pénale qui, elle, statuera sur la responsabilité de l’Etat.

Retenez encore leurs noms, car dans la procédure d’appel à venir, les avocats de la famille Chennouf les citeront tous à comparaître : Corel and C°. Squarcini ? Il est lui aussi l’objet d’une plainte d’Albert Chennouf-Meyer.

Le faux coupable indûment présent

Fin du procès. Certains parlèrent à raison d’anesthésie engendrée par le terrorisme, autrement dit de notre incapacité générale à identifier les atteintes portées à nos valeurs communes, à les dénoncer et à leur résister. Une fois encore, au sortir du Palais, nous avions nié une réalité. Nous avions plié devant la menace terroriste, niant qu’elle était aujourd’hui une société parallèle, soutenue par une logistique des plus solides. Nous avions accepté qu’on nous la vende encore, la ballade du loup solitaire chère à Squarcini. Celle qui faisait de son frère le faux coupable indûment présent au Palais.

S’agissait-il de veulerie ou actions-nous sans la nommer la totale inadaptation des lois en vigueur avec un phénomène nouveau. Ce sidéral vide juridique qui amenait à faire juger des crimes terroristes par des tribunaux de droit commun et ne pouvait donc que donner des verdicts inappropriés. N’était-il pas fait de déni et de complaisance cet exploit à n’avoir toujours pas réussi à nommer les choses.

Charlie. L’hypercasher. Le Bataclan. Nice. Magnanville. Mais cette mère qui affirma au sein du Palais que le prophète autorisait les musulmans à tuer les enfants des juifs. Notre lâcheté commune face à ces leçons qu’on n’avait décidément pas encore su tirer. Les avertissements d’un Georges Bensoussan ou d’un Charles Rojzman[8]. Ceux d’Abdennour Bidar, Boualem Sansal, Djemila Benhabib, Hamed Abdel-Samad, Karim Akouche, Kamel Daoud, Mohamed Louizi, Chahdortt Djavann, Mariam Namazie. Leur courage pour rien. Leurs préconisations en pure perte. Nos dirigeants aveugles face à un islamisme en marche qui bientôt frappera à nos portes pour nous vendre son calendrier. Comme les pompiers ou le facteur. Welcome. C’est pour quand le prochain attentat ?

Concomitamment, la stèle érigée à Bagneux à la mémoire d’Ilan Halimi fut profanée, des inscriptions antisémites demandant la libération des auteurs de ce crime. N’était-ce pas à entendre comme une ode au combat somme toute identique de Fofana, Merah, et leurs pairs. Cette photographie-même de l’enquête IFOP de l’Institut Montaigne révélant que 28% des personnes de confession ou de culture musulmane interrogées étaient clairement opposées aux valeurs de la République. Ce marqueur de l’entrisme qui opère, cette idéologie mortifère qui s’implante sous nos regards avertis mais naïfs car incrédules. Sans même avoir recours à l’Etat islamique. Puisque notre naïveté le dispute à notre lâcheté.

Sarah Cattan

[1] The Atlantic. Rachel Donadio.
[2] Dialogue entre Samuel Sandler et Albert Chennouf Meyer. Rendu public le 7 novembre.
[3] La dure loi des avocats du diable, Julie Brafman, Libération, 27 avril 2016.
[4] Montesquieu, Cahiers, I, Principes de législation, Textes recueillis et présentés par Bernard Grasset, Paris, 1941, page 393.
[5] De l’inconvénient d’être né, Emil Michel Cioran, Folio essais, Paris, 1987.
[6] Médée, III, 1.
[7] Adages et maximes du droit français. Jean Hilaire. Dalloz. 2015.
[8] Savoir vivre ensemble. La Découverte. Paris. 1998. La peur, la haine et la démocratie. Desclée de Brouwer. Paris. 1999. Violences dans la République, l’urgence d’une réconciliation. La Découverte. Paris. 2015.

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