Latifa Ibn Ziaten, des Tartuffe l’ont faite Reine, par Sarah Cattan

Latifa Ibn Ziaten, des Tartuffe l’ont faite reine. Ils l’appellent LIZ. Parler d’elle, ça coûte cher depuis toujours : tu perds des followers instantanément. Si tu en gagnes tout autant et que de toutes façons peu te chaut, tu sais néanmoins que la dame est aux yeux de beaucoup une intouchable, et que Toi t’es rien qu’un sale islamophobe qu’a rien compris au schmilblick.

Oubliées, balayées, toutes les Amel Zenoune assassinées et déniées, les Sahara Shajarizadeh qu’en Iran on jette encore en taule pour quelque 20 ans : elles n’avaient qu’à courber la tête et le porter, le truc sur la tête.

Si là-bas, ce sont les pouvoirs politiques et religieux, la fratrie ou le clan qui ont ordonné aux femmes de plier pour espérer vivre, ici, dans nos démocraties, celles qui portent le foulard ou le voile trahissent en choisissant d’arborer ce tissu symbole de sang versé, de visages vitriolés, de corps emprisonnés et autres crachats reçus.

Le foulard de Latifa, il est allé à Auschwitz

Latifa n’est pas Citoyenne 2018 car Latifa est de celles qui trahissent. Mais son foulard, il est allé à Auschwitz : dès lors, il bénéficie d’un statut tout particulier. Essaie pas d’y toucher : d’abord, Laurent Bouvet te dit qu’en rien il ne s’agit d’un voile.

Latifa n’est pas Citoyenne 2018 même si son foulard elle dit le porter en signe de deuil. Son Dieu le lui aurait demandé. Ce Dieu qui la pria aussi d’exiger que le cercueil de son fils fût tenu loin, bien loin, de celui d’un collègue, impur chrétien qu’était celui-là.

Comprends qu’en France Latifa, elle a tous les droits : N’est-elle pas une mère endeuillée depuis que Mohamed Merah a assassiné son fils. Les autres, rétorques-tu ? Quelles autres ? Latifa, elle, elle a consacré sa vie à porter sa parole dans les écoles. Elle prêche. De son foulard attifée, elle dit à nos enfants que le terrorisme, c’est pas bien. Elle les exhorte contradictoirement à aimer la France qu’elle-même critique largement dans les media marocains et jamais ne parle d’émancipation, de la condition des femmes, de l’éducation à l’histoire, à la littérature ou à la mixité avec les français d’origine. Elle sait pas.

Latifa, elle est estampillée idole homologuée éducation nationale

Latifa, elle est pourtant estampillée idole homologuée éducation nationale. Elle est reçue partout de par le monde, cette mère exemplaire, et de partout ils lui remettent des prix. La légion d’honneur, elle l’a, et si tu suis l’actu, tu sais qu’elle est sur la liste des prétendants au Nobel.

Latifa, elle était à l’Elysée il y a peu, et puis aussi au Mémorial de la Shoah. Alors dis-moi un peu : dis-moi donc pourquoi cette grosse colère lorsque Le Printemps républicain décida, à son tour, de lui décerner un prix ?

 

Quoi. Te réveiller un matin et découvrir que La Citoyenne 2018 C’est elle ça te pose un problème ? Réfléchis un peu : Le Printemps républicain, il en a besoin, lui aussi, de son label non identitaire. Oh la la ! Tu t’es risqué, toi aussi, à leur dire, à Laurent Bouvet, Amine el-Khatmi, Gilles Clavreuil, que tu comprenais pas ? Eh ben voilà. Fallait pas. Tu savais pas, naïf enfant, que toute critique du voile islamique valait accusation d’islamophobie. De racisme. De fascisme. Maintenant tu sais. Ils t’ont répondu avec mépris que tu comprenais rien. Que si t’étais pas content, eh ben t’avais qu’à t’en créer une autre, d’association laïque. Qu’il fallait à présent te taire et les laisser mener les combats, eux, les sachants. Eux, qui jamais ne doutent. Eux, qui jamais ne se trompent.

Demain, une Marianne voilée ?

Quoi ? Tu persistes ? Tu dis que bientôt il y aura un timbre à son effigie. Et que demain Marianne sera voilée : t’es indécrottable. T’as vraiment rien pigé. Tu veux pas entendre. Latifa, elle leur a fait l’honneur de l’accepter, son prix.

Tu les accuses et tu leur dis que tant qu’à faire, ils auraient pu choisir des Haredim comme symbole de laïcité. Tu refuses cet adoubement. Tu leur dis qu’ils se sont compromis : Ils te congédient grossièrement et te balancent avec mépris : si vous êtes déçue, si le PR ne vous convient plus en raison de ce prix remis hier soir, rien ne vous oblige à continuer d’y adhérer. Je n’ai rien d’autre à y opposer que ce que j’ai dit : le prix à LIZ est pleinement justifié et légitime au regard de ce que dit et fait cette dame.

Me, I and Myself : Voilà. C’est tout

Me, I and Myself: Voilà. C’est tout, qu’ils te répondent, ceux qui regardent leur monde du haut de leur tabouret, effaçant les commentaires qui leur déplaisent, bloquant leurs signataires, muselant la parole de ceux qui refusent que celle qu’ils appellent désormais LIZ soit la nouvelle incarnation de la République.

Cesse de leur dire ta déception. De fustiger leur volonté de multiculturalisme et de prétendre que c’est là la meilleure porte d’entrisme pour les extrêmes. Ne pointe pas du doigt ce qui ferait penser à un éventuel clientélisme. Ne leur dis pas qu’ils font désormais partie des imbéciles heureux qui auront pactisé avec le diable en acceptant de concilier l’oppression islamique avec les principes républicains.

Ils te répondront encore et encore que Toi, tu ne sais pas. Ils justifieront encore l’auréole de Liz par le drame qu’elle, elle a vécu. Toi ? Tu n’es rien qu’un sans cœur. On lui a donné un prix ? Elle coûte combien aujourd’hui ? Ça suffit, vous n’êtes pas drôles.

Latifa Ibn Ziaten et Simone Veil

Quoi ? Tu leur rappelles que Simone Veil, lorsque lui fut proposée la Légion d’honneur au titre d’ancienne déportée, déclara qu’il ne suffisait pas d’avoir été malheureuse dans un camp pour mériter d’être décorée ? Tais-toi et écoute plutôt Amine El Khatmi qui te dit son émotion et sa fierté d’avoir remis à celle qui incarnait la République dans ce qu’elle avait de plus fort le prix de citoyenne de l’année 2018.

Comme tu es haineux à répéter que la dame incarne seulement l’ambivalence du gouvernement et des politiques face à la lutte contre l’islamisme.

Cesse de demander si vraiment il n’y avait personne d’autre : Laurent Bouvet te répond que Le Printemps républicain se bat avec détermination et efficacité contre l’idéologie islamiste, pour les principes républicains, notamment la laïcité, et contre toutes les dérives identitaires. C’est clair, net et cohérent, conclut-il. Que ceux qui critiquent son « ambiguïté » en fassent déjà autant. Elle est ce qu’elle est, avec son histoire, son foulard (pas un « voile » !) mais elle a plus fait pour la République que la plupart d’entre nous.

C’est le Sans dot de Molière. Circule. Cesse de dire qu’il s’agit là d’un truc hyper sioux, digne d’une manœuvre fomentée dans les couloirs d’un congrès du PS à 3 h du matin : tu fais montre d’un très mauvais esprit décidément et tu vas m’énerver Céline Pina. Considère plutôt les injures et menaces de la part des islamo-indigénistes que s’est reçues LIZ en tweetant qu’elle venait au dîner du Printemps républicain et prends, ingrat, sans cœur et ignorant, la mesure de son courage.

Cesse de répéter qu’il y avait d’autres porte-drapeau plus consensuels et ne va pas leur rappeler qu’Albert Chennouf Meyer avait eu le courage, lui, de rencontrer Merah Abdelghani : Laurent Bouvet te répondra que le Printemps Républicain n’a pas, de leçon à recevoir : Nous menons un combat politique, avec une efficacité qui embête (pour rester poli) beaucoup de monde, en particulier chez les identitaires de tous poils. Si vous n’en comprenez pas le sens, j’en suis désolé. Mais vos insinuations sur des gages que l’on donnerait sont indignes.

Foulard et voile, c’est pas pareil

Ne va pas m’énerver celui qui, tordant à son tour la réalité, a décidé avec un aplomb confondant de faire le distinguo entre foulard et voile : Il te rétorquera que la démocratie, on peut la critiquer quand on y participe. Et que Toi, là, avec tes papiers de peu, tu dois passer ton chemin, et toi aussi, là, avec ton humour à quat’ sous : Ce n’est pas une musulmane et elle n’est pas voilée. Si vous ne voyez pas son combat clair et franc contre l’extrémisme c’est à cause de vos stéréotypes fachos. Et non elle n’est pas habillée en modeste faschion mais porte un tee-shirt blanc, une barbe et des lunettes.

Une vraie connerie

Toi, là-bas, qui carrément décrètes que l’attribution de ce prix à LIZ est une vraie connerie et signe un accommodement raisonnable de plus : Tais-toi. Rappelle-toi que le même Laurent Bouvet avait pointé du doigt le voile de la présidente de l’UNEF. Quoi la cohérence ? Silence. Laisse-les œuvrer.

Cesse de dire que La Citoyenne 2018 n’est pas forcément musulmane. Que La Citoyenne 2018 ne porte pas le foulard. Que mieux: La Citoyenne 2018 est une femme qui se positionne contre le foulard. Que La Citoyenne 2018, fût-elle en deuil et eût-elle fait le choix personnel de le porter, ce foulard, doit a minima le retirer à l’entrée des écoles lorsqu’elle va parler à nos enfants : Islamophobe est la réponse à tout.

Est-ce là le roman de Latifa que je vous conte. N’est-ce pas plus exactement celui, bien plus sombre, de nos lâchetés collectives.

Sarah Cattan

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10 Comments

  1. Je l’ai mille fois répété, nous assistons, step by step, au cheminement qui va de Munich à Montoire. Cette fois c’est une étape, un relais, une base, qui vient d’être établie : le remplacement, PAR SES DÉFENSEURS MÊME, de la Laïcité par la cohabitation des communautarismes ! Cohabitation prétendue, par les mêmes, dans la Liberté, l’Égalité et la Fraternité, alors que cet irénisme a été clairement, manifestement (je dis bien comme un clair manifeste !) d’ores et déjà rejeté lors des obsèques.
    Rapprocher cela de l’immonde épisode dont est victime Monsieur Bensoussan démontre que ce ne sont même pas des camps de base ; ce sont les bastions d’une conquête établis grâce à la trahison et l’opportunisme de pitoyables et illusoires défenseurs

  2. Je m’intéresse plus à ce qui se passe au Royaume Uni, où les Britanniques se battent, une nouvelle fois, pour la liberté, notre liberté contre le monstre bureaucratique européen, et je ne connaissais pas plus ce Printemps républicain que tout ce beau monde qui pense beaucoup et n’agit pas vraiment pour la République. J’ai cherché un texte sur ce prix invraisemblable, je n’ai rien trouvé et mon pâté est au four.

    Il est évident que les mères glorieuses n’ont aucun droit politique particulier, que la dame Ibn Ziaten n’a jamais rien fait pour la République, le foulard ne fait rien à l’affaire, ni le souvenir de mon ennemi Valls. Si l’affaire du cercueil est établie, il s’agit d’une infamie qui devrait jeter Ibn Ziaten dans les poubelles de l’agitation politicienne parisienne.
    Il serait bon de connaître l’explication, par M. Bouvet, de ce prix scandaleux, contraire à son manifeste.

    Je ne partage pas le pessimisme de Jean-V, mais puisqu’il porte, de façon probablement illégale, le nom d’un pape, je dois protester contre cette invasion Macronienne de l’Irénisme dans le jeu politique. Mon Eglise a condamné clairement l’Irénisme et mon église politique condamne violemment les activités mondaines irresponsables du petit monde parisien. Je ne mettrai pas de côté un morceau de pâté (boeuf) pour Sarah Cattan, porteuse de mauvaise nouvelle; je déposerai un papier portant le nom de M. Bouvet dans le tronc “Enfer” de mon église.

  3. J’avais déjà perdu toute illusion sur la LICRA. Vous venez de m’ôter celles que j’avais vis-à-vis du printemps républicain. Ou de confirmer mes doutes.

  4. C’est bien le roman de Latifa que vous avez conté, Sarah, et je vous en félicite.
    C’est un roman triste, rageant, mais il est fort important d’être mis au courant des lâchetés de certains responsables politiques.
    C’est on en prenant conscience que les personnes informées pourront intervenir ici ou là, en fonction de leurs possibilités.

    • Cher Shlomo, je me serais bien passée de raconter sa vie. L’affaire de la cérémonie-obsèques m’avait révoltée. Par ailleurs, oui, assurément, elle est une “caution” du fameux “vivre ensemble” – “à tout prix” – Il n’est que de voir comment, à force de violence et de détermination, la famille d’Adama Traoré arrive encore à obtenir des contre-expertises, alors que dans l’affaire Sarah halimi, “RIEN”. Certes, nous n’avons pas agi en menaçant de casser et brûler. Amitiés. Sarah Cattan

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