Le plan iranien pour faire lever les sanctions

Israël martèle que la République islamique « doit être jugée sur ses actes ». Voici ce que proposerait Téhéran à la communauté internationale au sujet de son programme nucléaire. Crédible ?
Hassan_Rohani

Dans la partie d’échecs qui se joue depuis maintenant près d’une décennie avec l’Iran, les négociateurs disposent depuis mardi à Genève d’une proposition confidentielle du « régime des Mollahs », dont ils doivent maintenant dire si elle suffira pour concrétiser l’ouverture affichée par son nouveau président, Hassan Rohani.

A en croire le journal Al Monitor, qui dispose généralement de bonnes sources, l’offre iranienne comprend un gel de la production d’uranium enrichi à 20%, essentiel à terme pour le passage au nucléaire militaire ; la promesse de convertir ses stocks existant pour alimenter les tiges du réacteur  (civil) de recherche nucléaire de Téhéran ; enfin, un renoncement à l’acheminement de combustible nucléaire pour une fabrique d’eau lourde censée produire du plutonium – autre élément caractéristique d’un programme nucléaire militaire.

Pendant près d’une heure, les modalités de cette offre et son application auraient été exposées sur un simple document powerpoint. Ce plan doit se dérouler en deux étapes distinctes d’une durée maximale de six mois et seront étroitement surveillées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les responsables iraniens entendent avant tout prouver leur bonne volonté à l’égard de la communauté internationale et fournir l’assurance qu’ils n’entendent aucunement fabriquer des armes nucléaires. En dernier lieu, ils seraient disposés à autoriser l’accès au site souterrain de Fordow – à 80 mètres de profondeur -, près de Qom, là où Téhéran poursuivrait clandestinement ses activités d’enrichissement d’uranium.

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Les attentes sont d’autant plus grandes que le nouveau président iranien Hassan Rohani a multiplié les gestes d’ouverture à l’intention des Occidentaux et en premier lieu des Etats-Unis, au sein du groupe des 5+1 (comprenant par ailleurs la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l’Allemagne) qui participent aux discussions à Genève engagées le 16 octobre. Plusieurs éléments attestent d’une atmosphère positive : ainsi, les discussions se tiennent pour la première fois en anglais, tandis que la délégation américaine, menée par la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires politiques Wendy Sherman, est accompagnée de responsables de la mise en place des sanctions économiques contre l’Iran. Signe que leur levée partielle est sérieusement envisagée par Washington. C’est le message, du moins, qui veut être transmis à la République islamique.

Reste que les chiffres sont ce qu’ils sont. Selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) publié fin août, l’Iran possède actuellement 6 774 kilogrammes d’uranium enrichi à 3,5%, et 186 kg d’uranium enrichi à 20%. Le pays a également transformé 187 kilogrammes supplémentaires d’uranium enrichi à 20% en barres de combustibles. Pour le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, l’Iran n’a pas encore franchi de « ligne rouge » irréversible, mais elle dispose de toutes les infrastructures nécessaires au passage, en un laps de temps très court, du nucléaire civil à militaire.

Dans un communiqué publié le 15 octobre, le cabinet de sécurité israélien a rappelé que l’Iran « a augmenté son nombre de centrifugeuses de 164 (en 2006) à près de 18.000 aujourd’hui »; que son programme nucléaire s’accompagne du développement accéléré de missiles balistiques de longue portée dotés d’une capacité non-conventionnel ; en somme, que les sanctions ne doivent aucunement être atténuées jusqu’à ce que la République islamique « démantèle » totalement ses stocks d’uranium enrichi. Pire, qu’ils ferment trois sites stratégiques : Arak (eau lourde), Natanz et Fordow. La proposition faite à Genève ne semble pas intégrer ces éléments. Trop beau pour être vrai ?

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Maxime Perez

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