Il n’y aura pas de pavés de la mémoire à Munich

Munich est l’unique grande ville allemande qui interdit la pose de pavés de la mémoire en l’honneur de persécutés du nazisme. Le tribunal administratif de la capitale bavaroise, ancien fief national-socialiste, a partiellement donné raison à la municipalité, mardi.pavés mémoire

Trois représentants de victimes avaient porté plainte contre cette interdiction munichoise. Le tribunal s’est déclaré non compétent, l’aménagement de pierres commémoratives étant une question du droit privé devant être réglée entre les plaideurs et la ville. Mais, sur le fond, le président du tribunal, Thomas Eidam, a plutôt donné raison à la municipalité. Selon lui, “la ville a le droit de décider de quelle façon une commémoration individualisée et décentralisée des victimes du nazisme peut avoir lieu dans un espace public”.

Un refus de la communauté juive

Hors de Munich, on comprend mal ce refus d’honorer les persécutés par des dés de laiton de 10 centimètres de côté, devant leur ancienne demeure. Munich, la ville où le démobilisé de l’armée bavaroise Adolf Hitler avait harangué le public des brasseries et fomenté son putsch avorté de 1923, n’aurait-elle pas dû être la première à honorer de cette manière les victimes de l’holocauste et des camps de concentration ?

Munich abritait la Maison brune, siège du parti, et le régime lui avait conféré le titre de “capitale du mouvement”.

Il serait faux de dire que la municipalité, dirigée par une grande coalition SPD-CSU, veut ignorer son passé. Le problème est ailleurs.

Charlotte Knobloch, présidente de la Communauté juive conservatrice de Munich et rescapée de l’Holocauste, est une octogénaire qui ne mâche pas ses mots. L’ex-présidente du Conseil central des Juifs allemands ne veut pas qu’on “foule aux pieds le destin des victimes” et qu’on minimise la gravité des crimes nazis.

Pourtant, les passants se penchent, pensifs, pour lire le nom d’une personne “déportée à…” ou“assassinée à…”. “J’ai voulu redonner un nom à ceux qui n’étaient plus qu’un numéro dans les camps de concentration”, se défend l’artiste allemand Gunter Demnig, qui a posé les premiers pavés en 1992. Fin décembre on en dénombrait 56 000 dans presque tous les pays d’Europe continentale.

Les Juifs eux-mêmes sont divisés : des libéraux comme l’actuel président du Conseil central des Juifs allemands, Josef Schuster, sont pour les pavés.

Des stèles ?

A Munich, le conflit dure depuis 2003. Fin 2014, le conseil municipal avait procédé à une audition publique. Une initiative en faveur des pavés avait recueilli 80 000 signatures. Toutefois, en juillet dernier, le conseil municipal avait, à une large majorité, confirmé l’interdiction. En guise de compromis, il avait autorisé la pose de plaques sur les façades et de stèles devant les maisons, deux mesures bien plus onéreuses que les pavés.

Pour la “Süddeutsche Zeitung”, journal de Munich, il vaudrait mieux laisser les habitants décider par référendum.

Source lalibre

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