Alain Herbeth. Je me souviens. Le changement de regard sur l’Ukraine encore prématuré

Les Ukrainiens disent que Vladimir Zelensky, vainqueur des élections présidentielles qui viennent de se tenir en Ukraine, serait le « héros » d’un Maïdan électoral, la place de Kiev où se sont réunis pendant des mois quelques admirateurs cacochymes du « Grand Reich » mais aussi, hélas, beaucoup de jeunes attirés par un fumet de nostalgie nauséabonde.

Héros ou produit marketing ?

Peut-être est-il le héros dont parlent certains ? Peut-être n’est-il qu’un jeune comédien sans expérience propulsé à la tête de l’Ukraine (mais après tout, il y a bien eu avant lui Ronald Reagan) ? Peut-être n’est-il que la dernière figure d’un jeu qui semble aujourd’hui à la mode, le jeu du dégagisme. ?

Ce qui demeure pourtant le plus étonnant, c’est qu’il soit juif, du moins la rumeur le dit, et qu’il a été élu dans un pays dont l’antisémitisme viscéral n’est plus à démontrer. Souvenons-nous, c’était en septembre 1941, le 29 exactement.

Les noms d’Ukraine et de Babi Yar restent étroitement liés

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Les 29 et 30 septembre 1941, à Kiev, pas moins de 33 000 juifs de tous âges et des deux sexes sont tués au lieu-dit Babi Yar (le « ravin de la vieille femme » en russe). Peu de massacres, dans l’Histoire, atteignent une telle intensité de mort en seulement deux jours. La tragédie débute dix jours après l’entrée des troupes allemandes dans la capitale de l’Ukraine soviétique. La ville compte alors 900 000 habitants dont 150 000 juifs environ. Ces derniers ont été convoqués à Babi Yar le 28 septembre, veille du Yom Kippour.

Beaucoup, heureusement, sont déjà partis. Les autres, fatalistes, croient à un départ vers un camp quelconque. Les juifs se rendent vers lieu de convocation avec leurs valises et leurs papiers d’identité. De longues files se forment dans les rues que les passants ukrainiens regardent en ricanant. Quand, après de longues heures d’attente et de marche sous les quolibets et les crachats, les Allemands et leurs acolytes ukrainiens les dépouillent de leurs biens et déchirent leurs papiers, ils devinent très vite ce qui les attend mais ils n’ont plus le temps de réagir.

Par groupes de dix, ils sont poussés entre deux haies de soldats qui les frappent de toutes leurs forces, entraînés vers le bord du ravin et obligés de se dénuder. Certains sont massacrés à la mitrailleuse et tombent sur ceux qui les ont précédés. D’autres sont obligés de se coucher au fond du ravin sur les cadavres et sont abattus d’une balle. Beaucoup, qui n’ont été que simplement blessés, gémissent pendant de longues heures avant que la nappe de corps ne soit recouverte de chaux.

Au cours des mois suivants, le massacre va continuer. Au total, c’est plus de 90 000 personnes qui périront ainsi à Babi Yar.

Alain Herbeth

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