Le Jihad numérique, par Sarah Cattan

Perplexité ? Non. Fébrilité alors? Non plus : Colère sur les réseaux sociaux, Facebook précisément, où depuis huit jours se joue le festival[1] de blocage de comptes, bref où s’exerce sans conteste la censure la plus ciblée, qui nous autorise à parler de jihad numérique, après celui qui s’abattit et s’abat encore en justice. Les désactivations de comptes se poursuivent à tire-larigot, sans la moindre explication, et ce ne sont pas n’importe lesquels.  facebook-procès_indemnités

Alors des solutions sont suggérées :

Avoir, outre son compte principal, un compte de secours.

Migrer massivement sur des réseaux alternatifs, comme VKontakte, site Web de réseautage social russe similaire à Facebook, ou QQ.

Trouver des moyens juridiques de contre-attaque, même si chacun sait qu’il s’agit de la bataille pot de terre contre pot de fer.

Passer par Tor, réseau informatique superposé mondial et décentralisé, pour créer ses comptes et en ouvrir une dizaine d’un coup.

Lancer une pétition sur Change.org

Echanger les mails. Surtout pas, vous dit ce lucide, sans anonymat, nous devenons des proies. Plutôt se donner RV ici : http://affection.org avec un FB dans son nom. Ou un R comme Résistance. Affection.org, site de rencontre.

Là, moi je me dis : ça craint ces solutions d’ados.

D’aucuns s’étonnent : quoi ? Il n’y a pas de recours, de saisine sur la liberté d’expression, alors que les comptes sont désactivés les uns après les autres depuis une dizaine de jours. Et les soumis nous rétorquent que nous ne serions que le produit vendu par Facebook, son invité quoi, et que donc y a rien à faire.

Suis donc allée plancher un peu le sujet des modérateurs sur Facebook. Léa Sabourin nous raconte la tâche titanesque qui pèserait sur les épaules de ces employés, sujets à des pathologies post-traumatiques, et The Guardian , se basant sur les chartes internes de la société de Mark Zuckerberg, fut un des seuls à nous les révéler, les méthodes de régulation des contenus du géant des réseaux sociaux : les modérateurs, chargés de réguler la masse des contenus du réseau social, auraient en moyenne 10 secondes pour juger et supprimer les contenus supposés indésirables : ils ont bénéficié de deux semaines de formation et disposent de guides normatifs, conçus par des cadres de Facebook, et examinent ainsi plus de 6,5 millions de dossiers par semaine.

Prolifération des vidéos djihadistes ? Suicides diffusés en direct ? Sujets relevant de la violence, du sexe, des discours à caractères haineux, du terrorisme, de la pornographie, ou même du cannibalisme ? Voilà ce que The Guardian nous annonce comme défini par Facebook à l’adresse de ses modérateurs. Le Zoom de l’actualité s’est penché lui aussi ce 27 mai sur ces règles discutables de la modération sur Facebook. Pour exemple, ça serait ça :

– “Je vais te tuer John !” : ça passe.

– “Je vais te tuer John, j’ai un couteau parfait pour ça !” : c’est bloqué.

Ou encore : des règles byzantines, rendues oiseuses par excès de subtilité et de formalisme, sur la nudité et le sexe, des œuvres d’art  représentant la nudité étant censurées mais des vidéos d’avortement passant le barrage, tant qu’il n’y a pas de nudité.

Bref, si ça vous intéresse, a été publié le 16 février Le  manifeste de Mark Zuckerberg, long texte où le co-fondateur détaille sa vision de l’avenir du réseau social.

En 2014, le magazine Wired avait rencontré des modérateurs aux Philippines et au Maroc et Facebook France, il l’a lui aussi sous-traité, cette partie, et nos modérateurs à nous, ils sont basés au Maroc. Why not. Sauf que le géant grandi trop vite, on nous dit qu’il ne peut garder la maîtrise de ses contenus. Cela l’autorise-t-il à jouer aujourd’hui le rôle du plus grand censeur du monde, de l’arbitre de la vérité ?

Chez nous en France, il apparaît de façon éclatante que sont désactivés sans autre forme de procès les comptes de ceux qui, comme mon ami David Duquesne, publient des textes fondamentaux sur l’islam politique, ses méthodes, ses moyens, ses objectifs. Et vous savez quoi ? Que Facebook France soit infiltré par l’idéologie islamiste, c’est une hypothèse que les plus sérieux envisagent.

Alors que celui-là demande pourquoi les modérateurs de Facebook ne suppriment pas la photo de 6 algériens qui piétinent le drapeau français et brandissent le drapeau algérien en criant on chie sur la France ce pays de merde, cet autre s’applique à recréer son compte et à y poster la dernière Une de Charlie, qu’il juge antisémite. Et vous savez quoi ? Ça saute à chaque fois. Lui, il l’assimile, cette censure, à la nouvelle situation politique du pays qu’il qualifie d’unanimisme, lequel mot étant la forme soft de la dictature, celle de la pensée et de l’usage qu’on en fait. On pourrait être perplexe, mais moi, Jean-Paul Fhima, j’écoute ce qu’il dit.

D’autres encore, comme Amaelle Guiton, auteur de Hackers au cœur de la révolution numérique[2],  s’émeuvent et s’inquiètent de savoir, entre gestion globale et souveraineté numérique, qui gouverne Internet : c’était sur France Culture ce matin, cette tentative de faire un point sur la gouvernance numérique globale.

On y est déjà, dans ce qu’il faut bien nommer le jihad judiciaire qui s’exerça contre Bruckner, Bensoussan, Kersimon, la censure qui empêche Charb, dont la lecture des textes fut interdite à l’université de Lille 2, au prétexte de la sécurité, on y est depuis longtemps, confrontés à ces media qui choisissent ceux qui parleront et ceux qui se tairont. Alors ? Il faudrait se taire, baisser la tête, et le laisser avancer encore, l’ennemi islamiste ? L’oublier, Le manifeste censuré d’Albert Camus, ce texte vibrant qui nous exhorte à rester libres. Vous sauriez, vous, ne pas acquiescer lorsqu’il dit qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre qu’en défendant cette liberté, la liberté d’expression ? Et s’il parlait, lui, de la liberté de la presse, étendons les, les moyens qu’il énonçait, Camus, pour la préserver, la liberté tout court : la lucidité, qui selon lui supposait la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité, le refus, qu’il est nécessaire d’opposer face à la marée montante de la bêtise car il permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge, l’ironie, arme sans précédent contre les trop puissants, On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique, un minimum d’obstination, même s’il est des obstacles décourageants, la lucidité enfin, arme des cœurs déjà libres et des esprits encore clairvoyants[3].

Nous, nous entendons nous exprimer et donc nous le dénoncerons, ce jihad numérique qui protège les criminels au lieu de les combattre. Nous la refuserons, cette censure qui prétend s’exercer sur tous les laïcs, sur ceux qui osent critiquer l’islam, et nous n’en voulons pas d’un Facebook qui servirait à se souhaiter un heureux anniversaire et à publier des vidéos de chatons, et toi qui écris qu’ils ont déjà gagné et que c’est tellement tentaculaire que tu as du mal à voir le bout du tunnel, toi qui confies qu’Ils n’ont jamais modéré les propos haineux, racistes ou antisémites que tu crus bon de signaler, moi je te réponds publiquement, avec mes amis Jean-Paul Fhima et Frédéric Picard, avec mes amis apostats, mes amis combattants de la cause laïque, avec ceux-là, citoyens qui jamais n’accepteront de changer un iota à leurs modes de vie et de pensée, que vu qu’à  aucun moment nous ne nous mettons en contradiction avec les règles du site, et que pourtant FB ferme nos pages de façon qui paraît arbitraire mais qui, à l’examen, se révèle réservée à ceux et celles qui s’expriment librement et légalement sur le sujet de l’islamisme en France et ailleurs, avec les dérives qui en découlent, nous nous demandons s’il faut en conclure que FB protège les criminels au lieu de les combattre, ce “filtrage” et l’empêchement qui en découle étant bel et bien une censure visant à tous nous empêcher de nous exprimer.

Et ce papier, modeste contribution pour nous adresser à eux, champions pour censurer tout ce qui ne convient pas aux mœurs islamiques, eux insulte vivante à l’intelligence et ignorants de la liberté de conscience, il est aussi là pour leur dire avec Marie, vous savez ma philosophe, que leur Dieu, s’Il existe, n’est sûrement pas le gros con qu’ils croient.

Et surtout, j’y adjoins le lien qui vous conduira au blog de Maître Frédéric Picard, qui a décidé de s’en mêler, suite à la série incompréhensible (ou trop compréhensible au contraire) de suspensions de comptes facebook, alors même que jamais il ne s’est agi de profils prônant le djihad armé ou faisant l’apologie du terrorisme : Le problème, écrit-il, est que justement, ce n’est pas le cas, et c’est même très souvent le contraire. Alors il la pose, Maître Picard, la question de la possibilité d’une action en justice à l’encontre de ces pratiques, et je vous renvoie à son blog : blog.avocat-picard.com

Vous me direz que Facebook n’est pas un lieu de lutte, la plupart des personnes se regroupant par affinités et prêchant in fine des convaincus. Pour autant je suggère que l’on s’intéresse tout de même de plus près  aux étranges critères de la modération Facebook et puisque le G7  à Taormina demande au GAFA ( Google Apple, Facebook, Amazon) un meilleur contrôle des islamistes, peut-être notre nouveau Président fera-t-il en sorte que soient fermés tous les sites, messageries, applications, forums de propagande djihadiste et islamiste, comme il s’y était engagé lors de son discours du 10 avril, et que les plateformes de modération soient rapatriées en Europe, au lieu d’être,  à l’instar de certaines plateformes téléphoniques et pour des raisons économiques ( pas forcément politiques), décentralisées au Maghreb, qui comme chacun sait est une zone particulièrement amicale avec Israël, les Juifs et la laïcité à la française. LOL.

[1] L’expression est de Frédéric Picard.

[2] Editions  Au diable Vauvert.

[3] Texte disponible aux Archives nationales d’outre-mer, Aix-en-Provence.

Sarah Cattan

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3 Comments

      • ” On n’était pas au courant”, ou on ne voulait pas savoir ? Car je m’y mêle suite à ma propre expérience, qui est la suivante. Après la sortie de mon livre Mes Lettres au Monde sur le conflit israélo-palestinien édité en…2003, (première edition), je me suis adressé à la chaîne radiophonique communautaire 94.8 pour les en mettre au courant, et tout ce qu’ils ont répondu était ” mettez-vous en rapport avec le bureau publicitaire “, lequel m’a demandé une somme faramineuse pour avoir l’honneur d’être cité par la chaîne. Et ce, alors que la composition de l’ouvrage m’avait demandé des efforts importants et que je m’y étais soumis dans l’intérêt majeur de la Communauté et d’Israël, sans hésiter quant au coût que cela allait entraîner d’être publié à compte d’auteur.
        Devant cet état de fait, et soucieux de voir mes efforts aboutir, j’ai envoyé le livre à mes frais, joint à une lettre ad hoc, à tout individu qui critiquait injustement, dans les médias, Israël ou une personnalité israelophile de notre Communauté (et notamment Alain Finkielkraut qui faisait l’objet d’un véritable rififi).

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