L’AFP gonfle et corrige les chiffres des déplacés arabes de 1948

L’Agence France-Presse a modifié une dépêche rédigée à l’occasion du centenaire de la Déclaration Balfour dans laquelle les chiffres de l’exode des Arabes palestiniens lors de la création d’Israël en 1948 avaient été gonflés.

La dépêche d’origine affirmait : “Cette initiative de Londres avait été une étape importante dans le processus qui allait conduire en 1948 à la proclamation de l’indépendance de l’Etat d’Israël – mais aussi au déplacement de millions de Palestiniens et à des décennies de conflits.”

Elle reste lisible sur certains sites qui n’ont pas pris en compte la correction (Le PointFrance SoirLa Croix…).

Suite à un échange avec l’organisme de veille CAMERA, l’AFP a en effet corrigé son erreur et revu le chiffre à la baisse. Le nouveau texte dit : “Cette initiative de Londres avait été une étape importante dans le processus qui allait conduire en 1948 à la proclamation de l’indépendance de l’Etat d’Israël – mais aussi au déplacement de quelque 750.000 Palestiniens et à des décennies de conflits.”

L’erreur était majeure puisque aucune source crédible n’évalue le nombre de ces déplacés arabes à un million. Encore moins à plusieurs millions ! Le nouveau chiffre est plus réaliste et s’inscrit dans la fourchette de la plupart des estimations qui vont de 500,000 à 900,000.

Reste que, pour être plus équilibrée, la dépêche aurait aussi pu indiquer que, à partir de 1948 et au cours des années qui suivirent, environ 800,000 Juifs furent chassés des pays arabes; et que le départ des Arabes palestiniens fut provoqué par la guerre lancée contre Israël par les Arabes eux-même après leur refus du plan de partage de la Palestine de 1947 (le second après celui de 1921 qui vit la Grande-Bretagne créer la Transjordanie, actuelle Jordanie, sur 77% des terres que la Déclaration Balfour avait promises au foyer national juif).

Quand un neveu devient descendant

La généalogie n’est pas non plus le point fort du rédacteur de la dépêche, qui porte le titre :

Or, Lord Roderick Balfour, 5e comte de Balfour et héritier du titre de noblesse d’Arthur Balfour , comme indiqué sur la légende de la photo de l’AFP, est… l’arrière petit-neveu d’Arthur Balfour (lequel n’eut pas d’enfants). C’est un descendant d’un nouveau type…

Le reste du titre peut laisser penser que Lord Roderick Balfour, fort de sa respectabilité de « descendant », regrette l’important jalon posé en 1917 pour la création ultérieure de l’Etat d’Israël, lorsque la Grande-Bretagne s’engagea en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif.

Auteur d’une tribune dans la Jewish Chronicle, l’actuel Lord qui s’est rendu à la commémoration organisée par le gouvernement britannique a pourtant écrit que « la Déclaration Balfour était l’un des plus grands actes de l’Histoire ».

Il a ajouté que « Arthur lui-même est mort en 1930 [NDLR 18 ans avant la naissance de Lord Roderick… qu’il n’a donc jamais connu] mais depuis « là-haut » il doit regarder en bas avec ses collègues du Cabinet pour voir la justification complète de l’initiative du gouvernement de Sa Majesté ».

Alors à propos de quoi l’actuel Lord nourrit-il des regrets ? A propos de la situation actuelle, si l’on se fie à ses propos reproduits par l’AFP :  « Je suis sûr qu’Arthur aurait dit : +C’est inacceptable+ », dit à l’AFP Roderick Balfour, banquier de 68 ans et arrière petit-neveu de Lord Balfour, lors d’un entretien dans son appartement londonien avant le centenaire, jeudi, de la Déclaration.

Les conditions dans lesquelles vivent de nombreux Palestiniens sont tout simplement « abjectes », insiste-t-il, en estimant qu’« il est probablement temps » qu’Israël « fasse le point et aide » ceux qui souffrent.

Roderick Balfour pointe également du doigt la responsabilité de mouvements comme le Hamas ou le Hezbollah dans la poursuite du conflit.

« On a le sentiment que certains dirigeants (de ces groupes) ne veulent pas voir la Palestine s’enrichir (…) parce que les gens se sentiraient mieux, et pourraient donc devenir moins agressifs » à l’égard d’Israël, avance-t-il.

Lord Roderick Balfour a déjà fait savoir, notamment dans une lettre au New York Times, qu’il appelait de ses voeux la création d’un Etat palestinien.

Mais cela ne remet pas en cause l’admiration qu’il porte apparemment à l’action de son parent Arthur en faveur du peuple juif dont il écrit même dans la Jewish Chronicle : « J’espère qu’il n’est pas excessif d’affirmer que la Déclaration a été un grand pas vers la réalisation de l’Alliance d’Abraham ».

Lord Roderick Balfour résume sa pensée : « Quels que soient les actuels bons et mauvais côtés de la situation, moi et ma famille sommes très fiers de porter le flambeau d’Arthur dans cette année du centenaire ».

Bref, si le 5e comte de Balfour a des regrets, rien – sauf le titre tendancieux de l’AFP – ne laisse penser qu’ils concernent la Déclaration (et la création d’Israël qui en découla). Ceux qui douteraient encore de son adhésion au projet de son prédécesseur peuvent aussi se référer à la longue et riche interview qu’il a donnée au mois de septembre au journal israélien Yedioth Aharonot.

Reste à savoir si l’on peut se prévaloir d’un lien de parenté, filial ou non, pour faire parler un mort.

Porter le même nom de famille qu’un arrière grand-oncle que l’on a jamais connu et qui vécut un siècle plus tôt suffit-il pour savoir ce que penserait ce distant parent s’il réapparaissait dans un remake de Retour vers le futur ?

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1 Comment

  1. Ce n’est pas à cause de la déclaration Balfour, comme le déclare insidieusement la dépêche de l’AFP certainement rédigée par un musulman “francophone” comme souvent lorsqu’il s’agit d’Israël (aucun correspondant juif pour l’AFP en Palestine…) que 750.000 arabes ont été déplacé mais suite au refus arabe de la partition en deux États et à la guerre, perdue, qu’ils ont déclarés à Israël en 1948. Et quand on perd une guerre que l’on a voulu il faut en accepter les conséquences. Ce à quoi les arabes se refusent, la Oumma musulmane ne pouvant pas être vaincu par une poignée de juifs…

    Sinon il y a une erreur dans votre article : le sigle AFP ne signifie pas Agence France Presse mais Agence France Palestine.

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