Peres-Attali : apprivoiser l'avenir

DANSER AVEC L’AVENIR

« L’avenir de l’Europe » – Jacques Attali :

De hauts niveaux de formation seront la base du succès de l’Europe, puisque l’innovation sera plus que jamais le moteur de la croissance dans le prochain demi-siècle, regorgeant de défis scientifiques et technologiques (comme les énergies renouvelables). […]
En somme, l’Europe a les moyens de s’extirper de la situation à laquelle elle doit faire face actuellement. Il n’y a pas tant de manières de la résoudre, et si elle parvient à assembler toutes les pièces du puzzle, elle évitera la perte de son statut, inévitable si aucun effort n’est fait pour poursuivre l’intégration.
livre

« Une brève histoire de l’État juif » – Shimon Peres :

Quand on me demande ce qui a fait le succès de l’économie israélienne, je réponds que nous avons eu la chance de ne rien avoir : ni terre, ni eau, ni ressources naturelles. […] La terre elle-même est pauvre, aride, désertique. Israël ne possède pas non plus de vraies ressources en eau. Nous avons un fleuve, le Jourdain, riche en histoire, mais pauvre en eau. Nous n’avons pas de ressources minières. […] L’histoire d’Israël est une histoire d’êtres humains, pas de territoire. C’est l’histoire d’un dur labeur, pas de dons gratuits. Je suis d’autant plus convaincu que les richesses de l’individu ne valent pas moins que les dons du sol que sont le pétrole ou l’or. […] Notre seule chance de participer à ce monde nouveau réside dans l’excellence. Dans l’excellence et l’audace. […]

« Le printemps arabe » – Shimon Peres :

Le « printemps arabe » a mis les dirigeants en place devant un choix clé entre solution religieuse et modernisation du pays. Cette contradiction est le carrefour auquel est confronté l’ensemble du monde arabe. Du côté de la réponse religieuse, la tradition ancestrale pèse lourd ; du côté de la modernisation, l’invitation à entrer dans le «printemps du monde » offre de grandes promesses. Il est manifestement impossible d’entrer dans ce grand printemps avec des vêtements d’hiver – le peuple arabe devra choisir ; et, bien que cette décision comporte des enjeux capitaux, elle ne peut être prise par suite d’une intervention extérieure ou étrangère. […]
Les réformes nécessaires doivent être entreprises de l’intérieur et émaner du peuple. Il n’est pas d’autre solution, et le moment en est venu pour le peuple arabe.
[…] à notre époque, si le peuple peut voter tous les quatre ans, il peut aussi manifester tous les jours ; on peut cadenasser les urnes, mais les rues, elles, n’ont pas de serrure…

« Le printemps arabe » – Jacques Attali :

Le printemps arabe risque- t-il de déboucher simplement sur une autre vague de dictatures dans le monde arabe ? […] Une autocratie renouvelée pour- rait survenir après un putsch militaire perpétré sous prétexte de restaurer l’ordre, dresser un rem- part contre le terrorisme ou un pouvoir islamiste extrémiste. Mais l’aspiration des foules arabes à la dignité et aux droits était sans équivoque. […]
Le printemps arabe a été un appel de la rue arabe à la dignité, il a exprimé l’exigence d’un nouveau contrat social garantissant l’égalité des chances économiques à tous selon leurs mérites, et une insertion participative dans le processus politique. […]
La jeunesse arabe a exprimé son désir de mettre fin à des décennies de contraintes, d’impunité des élites politico-économiques et de croissance inéquitable. Elle a exprimé son désir de voir mis en place un programme démocratique promouvant le respect de leurs droits et garantissant leur dignité. […]
Avec le printemps arabe, les peuples arabes sont revenus de loin, mais l’expérience montre que les révolutions ne débouchent pas nécessairement sur la mise en place des transformations tant désirées et nécessaires de l’État et de la société. […] Les transitions sont des périodes d’extrême fragilité.

« Deux Nil plutôt qu’un » – Shimon Peres :

Le Nil est le principal fournisseur de vivres de dix pays, parmi lesquels s’en trouvent deux très grands, l’Égypte et l’Éthiopie. […] Les Éthiopiens considèrent que le Nil Bleu est à eux, tandis que les Soudanais réclament le Nil Blanc. […]
La meilleure solution serait de recycler les eaux du fleuve. Nous sommes en mesure d’augmenter efficacement l’utilisation de l’eau, et, au lieu d’avoir un Nil, nous pourrions en avoir deux ou trois. Le recyclage est moins coûteux que le conflit, et il est plus facile de parvenir à un accord sur le recyclage que sur une redistribution. […]
Cela n’a aucun sens de se battre pour l’eau quand on peut en créer. Cela n’a aucun sens de se battre pour une terre quand on peut la fertiliser sans entrer en guerre. La technologie est la meilleure alternative à la belligérance. […]
La plus grande pauvreté est l’indigence de l’imagination, des rêves, le manque d’audace.
 

 GOUVERNEMENTS INGOUVERNABLES

« Le leadership dans une démocratie mondiale » – Shimon Peres :

La jeune génération n’est pas impressionnée par les autorités. Elle est née à une époque où les administrations gouvernent moins et sont moins admirées, peut-être moins requises. […]
Les gens ne souhaitent pas être gouvernés. Ils préfèrent s’engager. […] Ils veulent que leurs hommes d’État les servent, pas qu’ils règnent sur eux. […]
Les hommes d’État les plus admirés de notre époque sont ceux qui ont servi leur peuple par l’exemple, comme Nelson Mandela ou Aung San Suu Kyi. Tous deux ont été arrêtés avant d’être élus. […] Ces deux personnalités sont devenues des symboles de la liberté, du dévouement, du sacrifice, de l’amour prodigués au peuple non en le gouvernant, mais en le stimulant et en l’encourageant. […]
À vrai dire, je crois qu’il est deux choses, dans la vie, qui sont impossibles à atteindre si on ne consent pas à fermer un tout petit peu les yeux : la paix, et l’amour. Pourtant, l’une comme l’autre ont le pouvoir de transformer la controverse en créativité. […]
La créativité n’est pas qu’un talent, c’est aussi un penchant à se rebeller, à se départir des choses que l’on connaît déjà, à moins s’accrocher aux souvenirs, au déjà connu, à sauter plutôt dans l’espace ouvert des occasions nouvelles. […]
Pour moi, les dirigeants doivent être les représentants de l’espoir, les porteurs de promesses, les créateurs d’une vision. Un chef doit contribuer à révéler le potentiel caché, positif, qui réside en chacun de nous.

« Un gouvernement mondial » – Jacques Attali :

Philosophiquement, l’intégration du monde s’effectue selon des critères démocratiques occidentaux. Le déclin relatif de l’Occident est certes une réalité, mais l’occidentalisation du reste du monde l’est tout autant. Comme le dit le général Sertorius dans la pièce de Corneille : « Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis. » L’Occident est désormais partout où prévaut l’individualisme.
Ce mouvement gagne en impulsion avec chaque nouvelle connexion à l’Internet, chaque nouvelle inscription à tel ou tel réseau social mondialisé. La standardisation des techniques et de la distribution ménage pourtant une place à la diversité culturelle. iTunes et Internet n’ont pas tué la musique brésilienne ; ils ont en revanche renforcé sa créativité. Comme toutes technologies perturbatrices, celles- ci ont appartenu au cercle dirigeant avant de servir à l’émancipation des autres.

« Les mégatendances de l’avenir » – Shimon Peres :

Une fois de plus, c’est la petite taille d’Israël qui permet de mettre en oeuvre ces technologies à grande échelle en atteignant une part importante de la population. Nous ne pouvons pas être une super- puissance, mais nous pouvons être un super laboratoire. […] La médecine peut traverser les frontières et apaiser les antagonismes. Elle ne lutte pas seulement contre la maladie, elle lutte aussi pour la paix. […]
Ces technologies peuvent résoudre le plus important défi du Moyen-Orient, qui n’est pas d’ordre politique, mais qui est la pauvreté – pénurie de nourriture, enfants affamés. […] Ces technologies ont un impact profond sur les politiques de leadership et sur le niveau de vie des populations. La famine engendre amertume et protestations, elle mène à la terreur et à la violence. Le progrès vers la prospérité dans notre région est la meilleure arme que nous puissions apporter, plus puissante que la guerre, plus efficace que la diplomatie.
 
 

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