Zenobie s’est pris un râteau, par Michèle Chabelski

Bon
Samedi

Vous avez eu hier le talent, que dis je, le talent, je devrais dire le génie, de définir habilement et de manière presque exhaustive ce qu’était l’amour.

Mais chroniqueuse un jour
Chroniqueuse toujours

Et me revoici en train d’ergoter au – dessus de mon café tiède à demi renversé, comme les villageois gabonais dans l’ombre de l’arbre à palabres…

Sous l’arbre à palabres on devise, on papote, on cancane, on potine, moi je disserte avec la gravité d’une huppe qui pupule ou la légèreté d’une mésange qui zinzinule.

Depechez vous de regarder dans le dictionnaire en avalant une gorgée de lapsang souchong et revenons à nos moutons.

Hier, c’etait la définition de l’amour.

J’ai envie d’évoquer aujourd’hui le destin de cet outil fort utilisé dans nos campagnes , mais dont la notoriété a atteint aussi bien les montagnes , les mers que les cités, j’ai nommé le rateau.

Le rateau , devenu le symbole de l’échec ,non pas la déflagration sentimentale qui pulvérise le coeur et la chair, non, juste la déception reçue ou infligée quand l’imaginaire de l’un a galopé sur un terreau inflammable..

Exemple:

Le dîner est opulent, la conversation captivante, ton voisin exsude un charme un peu vénéneux qui amollit ta légendaire réserve…

Il apprend que tu possèdes un livre sur le cinéma moldave et – coup de bol renversant- a justement besoin d’un renseignement sur un célèbre réalisateur né dans cette ancienne République Soviétique.

Il a besoin de ton numéro pour te contacter au plus vite, car cet éclaircissement revêt une importance capitale pour sa vie, ses oeuvres et ses pompes.

Tu donnes ton 06, le coeur battant , grisée de champagne et d’espérance…

Et tu files chez toi retrouver ce foutu bouquin rangé dieu sait où et même s’il le sait, il ne te le dira pas,et t’attends…

Le charme vénéneux a opéré comme un poison lentement infusé, il s’infiltre dans tes veines et dans tes pensées…

Mais le réalisateur moldave ne possède manifestement pas le caractère d’urgence mentionné au dîner.

T’attends…
Puis de sujet passif noyé d’espoir fébrile, tu passes à l’étape alarmiste.
L’attente se fait inquiète.

Puis tu passes à l’action.

Il a dû perdre ton numéro.
Ou avoir un accident.
Ou un AVC avec amnésie géante.

En même temps s’il est devenu amnésique, est ce bien nécessaire de…

Bref.

Toi, t’as conservé son numéro bien à l’abri dans tes contacts, alors…

Alors t’appelles.

Pas là.

Tu laisses pas de message, maintenant que t’as pris la direction des opérations, tu t’offres la possibilité de le recontacter toi même.

Ce que tu fais.

Salut!
C’es Zenobie!

Qui?

Zenobie.

Le convive empressé du dîner a oublié ton nom…

Ça va?

Euh.. ouais, ça va.

Un blanc.

Je t’écoute.

Ben encore heureux que tu m’écoutes, puisqu’on est au téléphone…
Non je deconne.

Je sais bien que ça veut dire:

Qu’est ce que t’as à me dire? Chui pressé et…

Ben j’ai retrouvé le livre sur le cinema moldave et je me disais que…

Et là, la petite cloche qui t’indique qu’il est pile l’heure de retomber par terre sonne…

Mais…
Ça t’intéresses toujours ?

Ben non, pas vraiment.. J’ai trouvé tout seul et… En tout cas c’est gentil…

Mais qui vient d’ouvrir le robinet d’eau glacée qui te tombe sur la tête?
Qui?

Merci, hein!
C’est sympa d’y avoir pensé…
Bon, faut que je te laisse…
A plus…

A plus de quoi?
Plus de déception?
Plus d’illusions écrabouillées par un imaginaire volcan?
Plus d’auto flagellation?

Voilà.
C’est ça, un rateau.

Un truc qui éteint le petit plafonnier allumé par ton désir ingénu…

Un truc capable de durer…

Allez, à la louche, entre 2 et 3 jours dans le pire des cas?

Que cette journée vous offre un abri sûr contre les risques et les aléas de débordements couleur de citron mûr…

Je vous embrasse

Michèle Chabelski

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*