Pourquoi les Etats musulmans censurent Israël à l’UNESCO

L’exposition «Les gens, le Livre, la terre : la relation de 3 500 ans du peuple juif avec la Terre Sainte» devait être inaugurée mardi à Paris, au siège de l’UNESCO. Devait, car vingt-deux Etats arabes ont contraint l’organisation internationale chargée de l’éducation, la science et la culture à annuler cette exposition.

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Le motif avancé par les censeurs relève de cette mécanique tartuffe qui meut la diplomatie quel que soit son drapeau : cette exposition pourrait porter un coup fatal au processus de paix et aux négociations en cours au Proche-Orient.
Dans une déclaration des plus emberlificotées, l’UNESCO assure que l’exposition n’est que reportée : «Un certain nombre d’éléments doivent encore trouver un accord (…) sur des points historiques textuels ou visuels potentiellement contestables, qui pourraient être perçus par des Etats membres comme une mise en danger du processus de paix».
«Faux», réplique en substance Shimon Samuels, directeur des relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, à Paris. C’est la troisième fois que cette exposition est «reportée» ; cette fois-ci, l’exposition est bel et bien annulée, car l’UNESCO n’a avancé aucune nouvelle date pour l’organiser : «Tous les contenus susceptibles de choquer ou d’offenser un des États membres avaient été écartés, et toutes les modifications demandées par l’UNESCO, acceptées. Par conséquent, dire que certains points doivent trouver un accord est faux.»
Peu importent les raisons officielles ou officieuses qui ont poussé l’UNESCO à censurer l’exposition. Elles demeurent secondaires en regard de la cause principale: le refus des dirigeants politiques musulmans de considérer que les juifs ont droit à un Etat sur une terre qu’ils considèrent comme leur propriété exclusive.
C’est à dessein que Le Plouc use de l’adjectif «musulmans» pour qualifier ces dirigeants proche-orientaux et renonce à l’épithète «arabes». Durant des siècles, les nations ayant l’Islam pour religion principale ont toléré ­la présence en leur sein de juifs et de chrétiens. De nombreux rois ou sultans les ont même protégés. Mais  ils devaient rester à leur place subalterne et se contenter du statut de sujets de seconde zone (dhimis).
Aujourd’hui, les Arabes chrétiens sont perçus comme des corps étrangers sur leur propre sol natal, du fait de la proximité culturelle avec leurs coreligionnaires européens et américains, proximité assimilée (à tort mais c’est une autre histoire) à une forme de trahison potentielle. D’où les multiples persécutions qu’ils subissent en Egypte, en Irak et ailleurs, ce qui provoque leur émigration massive vers l’Occident.
La fondation de l’Etat d’Israël ­est vécue, elle aussi, comme un crime de lèse-Islam. Cette création a entraîné des mouvements de populations douloureux. Côté arabe et palestinien, certes. Mais aussi côté israélien. On oublie trop souvent que des milliers de juifs ont été expulsés  de leurs pays d’origine – Yémen, Egypte, Irak entre autres – lors des conflits israélo-arabes. Ils ont donc dû trouver refuge en Israël.

Durant la Guerre froide, les leaders des organisations palestiniennes plaçaient leur combat principal sur le terrain du nationalisme. Il s’agissait de revendiquer une terre mais non pas le monopole religieux sur tout le Proche-Orient. Désormais, cette vision nationaliste est supplantée par le combat religieux qu’incarne le Hamas. Il s’agit moins d’obtenir une terre que de faire régner l’Islam. Ou plutôt de faire triompher une version particulièrement intolérante et régressive de l’Islam.
Le Proche-Orient est ainsi vécu comme un espace qui doit être voué exclusivement à l’intégrisme musulman. Cette vision n’est pas partagée que par le Hamas ; les richissimes pétromonarchies la soutiennent également et combattent aussitôt toute allusion à une présence juive historique  dans cette région. La censure à l’UNESCO s’inscrit dans ce contexte.
Cette interdiction ne concerne pas seulement Israël. L’agressivité des intégristes de l’Islam vise les Arabes chrétiens mais aussi les autres musulmans, notamment ceux qui appartiennent aux confréries soufies. Accepter cette censure, c’est admettre que nous n’avons rien à objecter à l’obscurantisme.
Jean-Noël Cuénod

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