Le sionisme mouvement de libération national du peuple juif

« Si vous le voulez, ce ne sera pas une légende » Théodore HERZL.

LE TERME « SIONISME » A ETE CREE PAR NATHAN BIRNBAUM, EN 1886.

Nathan Birnbaum — Wikipédia

Les Juifs forment-ils un peuple ? Ils sont ainsi désignés depuis la dispersion de Babylone, leur retour sur la terre de Canaan et l’exil de Rome long de 2000 ans et qui dure encore. Cette remarque pose le problème du sionisme moderne.

L’antisémitisme est légalement et moralement interdit, l’antijudaïsme chrétien est abrogé depuis Vatican II. En revanche, selon une mode qui court des réseaux sociaux aux conférences de toutes sortes, il serait acceptable, voire de bon ton d’être antisioniste.

Le concept est devenu un paradigme qui par un renversement étonnant, dédouanerait ceux qui le professent de toute accusation d’antisémitisme.

Il s’agit de remettre les choses en ordre et de démontrer que l’antisionisme au-delà de masquer un antisémitisme latent ou virulent, est avant tout ABSURDE.

Le sionisme est la conception juive des idéologies modernes préconisant la libération nationale des peuples colonisés. Il porte le sceau de l’espérance malgré ou à cause de la longue et douloureuse histoire des Juifs.

En effet, le sionisme est un mouvement politique de libération nationale du peuple juif qui s’inscrit dans la dialectique historique qui s’est enclenchée à la fin du 19ème siècle et s’est poursuivie tout au long du XXème siècle, de l’oppression et de l’échec des émancipations de l’homme à la fin du 19ème siècle et de l’aspiration naissante des peuples colonisés à se libérer de l’impérialisme des puissances européennes.

Le sionisme est authentiquement le mouvement de libération et de décolonisation du peuple juif ; il cherche non plus dans la mystique mais, dans la condition humaine, les causes du malheur perpétuel des Juifs en Occident comme en Orient.

Le sionisme en déduit que la solution de la « question juive » est politique et économique mais non pas religieuse. Le sionisme politique comprend que cette solution passe par le retour de ce peuple dans sa terre ancestrale, et c’est de la sorte qu’il se rattache à l’histoire ancienne des Juifs.

Les premiers sionistes qu’ils aient été d’Europe occidentale ou de l’Est européen, savaient qu’ils ne pourraient rassembler un peuple aussi dispersé et déjà largement assimilé en Occident, au pays de sa naissance, celui désigné dans la Bible où il a connu l’aurore de son histoire.

Cependant, dissocier le sionisme de la vieille aspiration juive du retour à SION est artificiel, mais nécessaire pour la rigueur de l’analyse. Il ne faut pas oublier que le long martyr juif est inhérent à l’invincible espérance juive en la rédemption de son peuple et de Jérusalem.

Il est apparu à une époque précise où se confirmait l’échec des mouvements d’émancipation de l’homme, et en ce sens, il est le premier ou l’un des tous premiers à pouvoir être qualifié de « MOUVEMENT NATIONAL DE LIBERATION » avant la montée de la houle des mouvements de libération qui a submergé le monde au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

Le sionisme est apparu dans une Europe dominée à l’Est, par le totalitarisme tsariste et à l’Ouest, par les régimes soit démocratiques France dreyfusarde et coloniale, Royaume-Uni confortant son empire colonial et sa prééminence maritime, soit autoritaires: l’Allemagne née de la Prusse à partir des forceps de Bismarck.

Bref, l’histoire démentait les rêves humanistes alors que des guerres effroyables se préparaient sur fond de congrès et de rapports hautains entre chancelleries.

L’ombre d’Auschwitz se profile dans ce contexte, tant l’antisémitisme est déjà la donnée la mieux partagée entre ces nations antagonistes. Cependant, qui pouvait savoir qu’un obscur et pâle caporal autrichien, hystérique et laid, allait incendier le monde et anéantir la majorité des Juifs d’Europe.

Pour bien saisir la phénoménologie de l’émergence d’un mouvement sioniste, tenu d’abord en échec en raison de la démission des humanismes au 19ème siècle, qui a abouti aux massacres génocidaires et industriels du 20ème siècle.

Il faut rappeler le courant de pensée qui fait de l’échec un moteur puissant de progrès qui serait le secret de l’Occident (Jean Lacroix, André Néher). La philosophie de l’OCCIDENT et celle du SIONISME se retrouvent dans la conviction profonde que l’Histoire tend vers le progrès infini de l’homme face à la nature, que l’Histoire a un sens, que la conception grecque s’est effacée au bénéfice de l’idée d’un temps linéaire, marqué par le progrès technique et l’espérance d’un monde futur meilleur.

Dans cette mesure, le sionisme participe de la pensée de l’Occident.

Lisons Jean SERVIER « L’OCCIDENT n’a pas trouvé dans ces thèmes anciens – Temps cyclique, Cité platonicienne – plus ou moins conservés et transmis par les philosophes grecs, les raisons de son espérance en l’avenir, sa foi dans le progrès. L’espoir de l’OCCIDENT va se confondre tout d’abord, à l’aube d’une pensée nouvelle, avec l’espoir d’un vieux nomade sans enfants (Abraham) ».

Histoire de l’Utopie » (collection idées NRF Gallimard 1967)

Cependant, si le sionisme, comme l’Occident, veut maîtriser la nature et la matière, il réactive aussi la vieille inquiétude juive oscillante entre la tension vers l’enracinement en son pays donné par Dieu (Guéoula) et l’exil (Galout) vécus comme un destin contraire auquel les communautés juives se sont adaptées sans jamais oublier leur histoire nationale.

Né en Europe, le sionisme en a adopté les conceptions libérales et individualistes à l’Ouest, collectivistes et autoritaires à l’Est.

LE SIONISME DE TYPE OCCIDENTAL

Curieusement, le sionisme est né en même temps à l’Ouest et à l’Est de l’Europe, ce fait doit nous interpeller quant à cette émergence simultanée. Il a emprunté naturellement les formes que les conjonctures imposaient plus politiques là et plus sociales ici.

En Occident, le sionisme se conforme non seulement aux idées dominantes, mais encore aux structures des communautés juives auxquelles il s’adresse. A la fin du 19ème siècle, les communautés juives sont en France, déjà fort assimilées, imprégnées de tolérance, de laïcisme et de libéralisme.

L’émancipation accordée aux Juifs aux temps de la Révolution française et confirmée par Napoléon 1er, a fait d’eux des citoyens français complets, sauf leur habituelle inquiétude de l’antisémitisme dont leur expérience historique leur a appris que jamais il ne désarmait, qu’il se lovait au contraire, dans les répits de l’Histoire pour ressurgir sans crier gare n’importe quand.

Ni la Restauration, ni les réactions de 1850 et 1871 ne menacèrent sérieusement la condition des Juifs en France et en Europe occidentale. Le triomphe des valeurs républicaines en 1884-1905 allaient dans le sens d’une intégration toujours plus poussée des Juifs dans la cité. En conséquence, les communautés juives d’Occident commencent à se disloquer par l’intégration des individus juifs dans une certaine normalité. Les traditions se perdent, les rabbins dénoncent l’assimilation, alors que presque tous les circuits professionnels et économiques sont ouverts aux Juifs. Le bonheur n’est pas un bon levain révolutionnaire.

La situation est comparable en Allemagne et en Autriche que la bataille de Sadowa a déjà séparée de son aile hongroise. Cependant, des restrictions existent encore quant à l’activité des Juifs, bien que l’élément le plus important réside dans une densité démographique juive plus grande dans cette Europe germanique qu’en France. Il reste que les Juifs désormais, deviennent des Français, des Allemands, des Autrichiens, de confession israélite.

Ce monde apparemment accueillant, n’est cependant pas sans haine : en effet, la méfiance persiste à l’égard de ce peuple qui d’un côté, s’assimile et d’un autre côté, conserve son particularisme.

C’est pourquoi l’immigration juive vers la Palestine ne se dément pas : Ainsi en 1870, le Français Charles Netter fonde la première colonie (sic) juive de Mikvé Israël, qui verra naître les premières vignes d’Israël appelé alors le Ychouv, cependant l’expérience restera isolée.

Le véritable départ du sionisme politique est donné par l’affaire Dreyfus, Théodore Herzl, journaliste assimilé présent au procès pour le compte d’un journal viennois, fait une découverte fulgurante : le problème juif est d’abord un problème politique.

Theodore Herzl vers 1900 – Wikipédia

Il publie  l’Etat des Juifs, en 1896 et réunit le premier congrès sioniste à Bâle en 1897 (Il écrira : « Aujourd’hui, j’ai fondé l’Etat Juif »). Les initiatives d’Herzl furent accueillies avec tiédeur dans les milieux cultivés tandis que les masses juives élevèrent Herzl au rang de prophète.

Cecil Roth dans son   Histoire du peuple juif  p. 463 écrit :

« Les juifs réformés avaient officiellement rejeté l’idée nationale tandis qu’à l’autre extrémité, les ultra-orthodoxes pensaient que le Tout-Puissant agirait pour son peuple quand Il le jugerait bon. Ceux qui se prosternaient devant l’autel de l’émancipation craignaient qu’une Nation juive ressuscitée, ayant son propre centre, ne mette en danger leur position en diaspora »

La proclamation du premier congrès sioniste mondial visait à « assurer au peuple juif un foyer national en Palestine, garanti par le droit public ».

Hélas Théodore Herzl, entouré de quelques amis dont Nordau et Zangwill, s’épuisa en vaines démarches auprès des puissances européennes et du Sultan, la  Sublime Porte,  maître de la Palestine. Herzl mourut en 1904, sans avoir comme Moïse, touché la terre d’Israël donnée (et non promise) par Dieu   aux Patriarches, à leurs descendants, les Hébreux. Il a réussi cet exploit de diffuser l’idée sioniste, il l’a universalisée et lui a donné ses premières structures politiques, en diaspora.

Sous son impulsion, le mouvement sioniste créa la  Banque coloniale juive  et le  Fonds national juif  mieux connu sous le nom de KKL : Keren Kayemet Léisrael afin de racheter le sol de la Palestine. Herzl l’assimilé, agit comme Abraham : il promut l’acquisition de la terre des Juifs par des achats successifs.

Cette entreprise colossale d’Herzl ne fut cependant ni suffisante ni déterminante. Elle permit ce saut qualitatif formidable de légitimer le sionisme sur la scène internationale, mais curieusement cette entreprise ne provoqua pas de départs massifs vers « la terre promise » ainsi qu’on disait alors.

 Sans la folle ferveur d’une poignée de révolutionnaires russes, le projet n’aurait pas abouti.

Sous le joug de la cruelle emprise du tsar de toutes les Russies, les premiers pionniers, peu soucieux de reconnaissance internationale, se lancèrent dans l’incroyable entreprise de la restauration nationale juive. Disciplinés, disposant d’une doctrine cohérente, formés à l’école marxiste, ils subjuguèrent progressivement le mouvement sioniste et installèrent les premiers foyers sionistes en Palestine.

LE SIONISME, DISCIPLINE D’EUROPE ORIENTALE

Après le sanglant pogrom de Kichinev, en 1881, Léon Pinsker publie, en septembre 1882, Auto-émancipation, premier vrai manifeste sioniste (le terme n’existe pas encore). Il y prédit que la judéophobie ira croissant, au fur et à mesure de la modernisation des sociétés européennes, et que les Juifs sortant du ghetto se trouveront en concurrence avec leurs voisins. Il en conclut que les Juifs doivent quitter l’Europe et créer leur propre état.

Léon Pinsker, auteur de la brochure Auto-émancipation et l’un des chefs de l’organisation des Amants de Sion. – Wikipédia

Léon Pinsker prend la direction de l’Ahavat-Zion. Il s’agit d’un réseau peu structuré, de sociétés qui regroupent tout fils d’Israël qui admet qu’il n’y a pas de salut pour Israël tant qu’un gouvernement juif ne sera pas installé en terre d’Israël.

En parallèle, des organisations commencent à apparaître. Des jeunes gens et des étudiants fondent en janvier 1882 le groupe Bilou (Beith Israël Lekhou Vena’ale : Maison d’Israël , allons et montons ) sous l’impulsion d’Israël Belkind. Les pionniers de la première Alyah (mot signifiant « montée » en hébreu, au sens de montée vers Eretz Israël ). se reconnurent dans les Bilouïm.

Le premier groupe avait été créé en 1881 par des étudiants de Saint-Pétersbourg, avant la parution du livre de Pinsker. Il y aura rapidement une centaine de sociétés, surtout dans l’empire russe, mais aussi en Roumanie. Leurs membres sont appelés les Amants de Sion (Hovevei Sion ou Hovevei Tzion). Leur but est d’organiser l’émigration de Juifs vers la Palestine (alors partie intégrante de l’empire ottoman).

L’émigration des Amants de Sion et celle des Bilouïm se déroula surtout dans les années 1880, dans le traumatisme suivant les pogroms de 1881. Cette « première Aliyah» ne touche qu’environ 10 000 personnes. Elle fait face à une administration ottomane hostile qui la freine.

Ses militants, peu organisés, forment la base de ce qu’on appellera le Nouveau Yichouv (Yichouv signifie « communauté juive établie en Eretz Israël »). Ils rencontrent en Palestine les membres de l’Ancien Yichouv , soit environ 25 000 Juifs très religieux, plutôt séfarades (avec une minorité ashkénaze). Ces Juifs pieux sont essentiellement concentrés dans les quatre villes saintes de Jérusalem, Tibériade, Safed et Hébron.

On constate alors, des tensions entre séfarades et ashkénazes, traditionalistes et modernes, religieux et laïcs, orientaux et européens, sionistes et antisionistes (rappelons que les rabbins considéraient que seul le Messie pouvait recréer l’État juif): les relations seront assez souvent difficiles voire antagonistes.

Cette première vague d’immigrants est historiquement importante, malgré son influence démographique limitée : Elle crée des villages sur la côte de Palestine (Rishon LeZion en 1882, Rosh Pina, Pétah’ Tikva, Zihron Yaakov, Gedera…) qui deviendront pour beaucoup d’entre eux des villes, et qui expliquent encore aujourd’hui une partie de la géographie urbaine d’Israël. Cette première alyah rend crédible l’idée de l’émigration vers Eretz Israël.

Grâce à Eliezer Ben-Yehuda, elle crée l’hébreu moderne.

Le Ychouv de la première Aliyah vers 1883, est encouragé par les financements du baron Edmond de Rothschild, qui apparaît ainsi comme l’un des hommes clefs de ce premier sionisme. Puis le baron Maurice de Hirsch en 1891, participera à l’achat de terre en Palestine.

LE SIONISME D’INSPIRATION MARXISTE

En 1905-1906, le Poalé Zion , « l’ouvrier de Sion » est fondé sur la base d’associations Poalé Zion qui existaient depuis quelque temps en Europe orientale et aux Etats-Unis. Ce parti marxiste s’oppose d’emblée au Bund (Union générale des travailleurs juifs), parti marxiste fondé en 1897 et non sioniste.

Pour Borochov (1881-1917) dirigeant des Poalé Tsion, l’oppression que subissent les Juifs, dépasse l’exploitation de l’homme par l’homme crédo du marxisme, la solution de la question juive réside nécessairement dans l’édification d’une nation juive à caractère égalitaire et donc socialiste, le pays juif sera socialiste ou ne restera qu’un rêve. Cette minorité d’origine russe et ukrainienne s’est violemment opposée au projet dit «  Ouganda » qui semblait le plus raisonnable face au nationalisme arabe naissant.

Ce mouvement répandu en Europe orientale enseignait les vertus de l’installation physique en Palestine et la mise en valeur des terres en jachère par le travail hébreu à l’inverse des voies de Hertzl qui donnait la prééminence à l’action diplomatique, il pensait que cette dernière pouvaient suffire à garantir la pérennité d’un Etat juif neutre mais « Bastion de l’Occident face à la barbarie » ( in : Hertzl,  L’Etat des Juifs).

De ce mouvement des Poalé Tsion, il faut retenir trois principes : travail hébreu, langue hébreu sur la terre des Hébreux, poursuivant la tradition des Hoveveï Tsion qui suivaient le long chemin de l’implantation sur les terres achetées et en jachère sur «  une petite échelle » (in : . Cecil Roth,  Histoire du peuple juif).

Ce fut cette voie qui réellement permit l’indépendance de l’Etat d’Israël.

Cette voie réussit la synthèse par la doctrine de Katznelson et de Ben Gourion, de la tradition juive avec le socialisme révolutionnaire. Elle puise aussi son inspiration dans les conditions dures des ghettos, des pogroms et de l’enfermement des Juifs dans « la zone de résidence » russe.

Les Poalé Tsion créèrent l’AHDOUT-AVODA en 1919, mouvement ouvrier «  apolitique » mais élite prolétarienne de la renaissance nationale juive sur un mode socialiste égalitaire.

Leur fusion 1930 donne naissance au MAPAÏ qui longtemps, même après l’indépendance, fut accusé d’avoir «  capturé le mouvement sioniste ».

Le Hachomer Hatsaïr a conservé la pureté de la notion de lutte des classes et de la rédemption sociale du peuple juif inadaptable aux sociétés du monde.

Cependant, ces mouvements se heurtèrent à la réalité qui fondait et fonde encore aujourd’hui l’unité du Peuple juif sur la THORA dont l’enseignement multi-millénaire fonde un sionisme diffus et permanent : En quoi les Juifs forment-ils un peuple, voire une nation ?

Relier l’Etat juif en gestation aux anciens royaumes de Judas et d’Israël se révélait un exercice très périlleux pour un marxiste nourri de dialectique matérialiste. Les inventeurs du pays d’Israël rejetèrent la solution à cette contradiction à des temps ultérieurs.

En substance, ils admirent que Sion est la racine et la source du sionisme, citant ISAÏE «  Tous les peuples monteront sur ma montagne sainte afin de me reconnaître, je suis HACHEM ».

En attendant, il convenait de travailler de ses mains pour amener les Juifs en Palestine (les religieux auraient dit «  ramener », les sortir de leur aliénation, leur rendre leur dignité par le travail de leur terre et l’émergence d’une nation.

Dans l’esprit des bâtisseurs marxistes- sionistes il convenait de briser le sortilège d’un destin juif soumis à la persécution des Nations.

LA RESOLUTION JUDEO-MARXISTE DE LA QUESTION JUIVE

Berl BOROKHOV (1881-1917) créateur des POALE TSION fut aussi le théoricien de la doctrine et de la synthèse d’inspiration marxiste-sioniste. Son ouvrage Notre Plateforme  constitue le programme des Poalé Tsion. La société juive, pyramide sociale inversée doit être redressée par le retour à la terre.

Il constate que le peuple juif vit dans des conditions « extraterritoriales ». Il est donc une nation sans base économique indépendante. La population majoritaire se protège, c’est pourquoi les Juifs sont toujours obligés de travailler dans les domaines les plus faibles de l’économie. La solution consiste donc à donner un territoire aux Juifs. Ce territoire sera le pays d’Israël et la pyramide sera replacée sur sa plus grande base (in : Encyclopédia of zionism and Israël).

Ils savaient bien ces marxistes, que seul ce pays pouvait attirer les Juifs du monde. Il conclut que la solution résidait dans l’immigration massive des Juifs et leur transformation en facteurs de production dont ils seraient les rouages et les utilisateurs.

De là sont sortis les Kibboutzim, système socialiste qui a fait naître Israël et lui a donné sa force (Agence Juive, Histadrout, Keren Kayemet, Kerem Hayesod, les grandes entreprises nationales comme Solel Boné …) .

Les sionistes socialistes voulaient à la fois, faire des Juifs un peuple comme un autre et un exemple pour les Nations, paradoxe qui reste aujourd’hui encore, le défi d’Israël.

LES SIONISTES GENERAUX ET LA SCISSION « REVISIONISTE »

Les sionistes généraux constituèrent une droite libérale sioniste, sous l’influence de Weizman et Landau, se disant « apolitiques » qui balança vers la gauche d’abord, vers la droite ensuite. Ils contestaient la direction socialisante des Ahadout Haavoda. Ils souhaitaient développer le Ychouv sur un mode capitaliste : création du Fonds National Juif et Fonds d’Etablissement ou Keren Hayésod, entre 1905 et 1920.

La tendance droitière se scinda quant à l’attitude à adopter face à la Puissance mandataire, alors que WEIZMAN et ses amis prônaient le maintien de bonnes relations avec le Royaume -Uni, une fraction plus dure, dirigée par Zeev JABOTINSKI, (1880-1940) et USSISHKIN, veut créer sa propre voie en 1925.

Nahum Goldman quitte le Congrès sioniste mondial pour créer ce qu’il appela l’Union mondiale des sionistes « révisionnistes » , en 1937.

Cette fraction prônait un «   SIONISME INTEGRAL » voulant la création immédiate de l’Etat Juif et d’une armée juive pour protéger le Ychouv (cf. Les travaux de Renée Néher et Bernheim), Zehev Jabotinsky puis Menahem Béguin incarnèrent cette idéologie avec la création d’un mouvement sioniste nationaliste qui s’opposa parfois violemment aux partis Mapaï et Havoda.

Depuis 1979, le Likoud est aux commandes de l’Etat hébreu.

LE SIONISME RELIGIEUX.

« Vous serez un royaume de prêtres, une nation sainte » (Exode XX 3-6).

Paradoxalement ce furent les haloutsim (« pionniers ») socialistes qui incarnèrent la vocation juive à la prophétie d’un monde de demain meilleur que celui d’hier ; ce furent eux qui reprirent à leur compte la vieille espérance juive remettant ainsi en marche l’histoire d’Israël, après une galout de 2 000 ans.

Les rabbins furent tout de suite hostiles au sionisme, car selon eux, le retour devait se faire par la seule volonté divine, et ils attendirent, voire pour certains d’entre eux, espérèrent l’effondrement de ce vertige novateur et trompeur que représentait pour eux le sionisme politique, voire antireligieux.

Cependant, une minorité se forma en Europe orientale soutenant que l’installation des Juifs en Erets Israël constituait une mitsva . Ce fut l’origine de  MIZRAHI  créé en 1902 par le rabbin Isaac Jacob Reines, Le mouvement restait réticent quant à l’idéologie sioniste laïque.

Il fallut l’intervention d’un géant qui sut concilier sionisme et religion: Le rav Abraham Isaac Kook, grand rabbin ashkénaze d’Israël jusqu’en 1935. Il comprit l’importance historique du sionisme laïc ; il travailla toute sa vie à agir au sein du Ychouv pour rapprocher les tendances centrifuges. Pour lui, le sionisme politique laïc était une étape nécessaire pour le retour de la Royauté de Dieu et d’Israël sur sa terre. MIZRAHI devint le parti Hamizrahi (Parti National Religieux).

Le sionisme religieux n’a pas oublié que la THORAH ne mentionne jamais la « TERRE PROMISE » mais la « TERRE DONNEE » par Dieu aux Hébreux, aux descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et ce, alliance renouvelée par D… avec tout le peuple par, la voix de Moïse, pour toujours.

Il convient de le rappeler à tous ceux qui contestent le droit des juifs sur le pays d’Israël que Dieu leur a donné tant que le ciel sera tendu sur la terre.

Tout récemment, une nouvelle génération de partis dénommés BAIT HAYEOUDIT ( « La Maison juive ») et  YECH ATID  (« Il y a un futur » ) se lève. Ces nouveaux partis sionistes moderne mais sionistes toujours, reprennent le vieux débat entre le sionisme laïc et le sionisme religieux.

C’est déjà l’émergence d’une nouvelle ère qui poursuit l’histoire étrange unique d’un « peuple qui vit solitaire et qui n’est pas compté parmi les Nations ».

CONCLUSION

Le sionisme n’est pas une simple idéologie; il fut l’un des premiers mouvements de lutte anticoloniale et demeure le mouvement de libération nationale du peuple juif, peuple opprimé, peuple massacré mais peuple opiniâtre, persévérant dans le Temps et dispersé dans l’Espace, confiant dans l’espérance qu’il inscrit au cœur de son hymne.

Ce peuple est victime, à son corps défendant, de la vieille hostilité des nations à l’encontre des Juifs; Le peuple juif dans les méandres de l’Histoire des hommes, est investi par de mystérieuses voies ouvertes par une force supérieure qui fore le chemin d’Israël, transformant la malédiction des Nations dans leurs temps fermé, en bénédiction dans le temps ouvert du lendemain.

La vigilance à laquelle nous contraignent les sursauts de l’Histoire révèle l’intervention de la Providence qui étend à nouveau la «  Grande Main de l’Eternel » ramenant son Peuple sur sa terre.

Charles BACCOUCHE

 

 

 

 

 

 

 

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3 Comments

  1. Article très intéressant et très copieux. Il va me falloir du temps non seulement pour l’ingérer mais encore pour le digérer. Peut-être aurai-je l’occasion de vous dire les bienfaits qu’il a produits en moi ?

  2. Charles Baccouche, pour ce qui concerne le « SIONISME MOUVEMENT DE LIBERATION DU PEUPLE JUIF », article très fouillé, et très intéressant, vous en avez retracé l’histoire principalement vue sous l’angle de son aspect humain. Maintenant, voyons-en l’histoire sous l’angle de cette Providence à laquelle vous avez fait allusion, que nomme DIEU, qui en trace, quant à elle, l’histoire dans la Bible. Car en fait cette LIBERATION, ce retour, est la réalisation simultanée, entre autres, de :

    – La prophétie d’Ezéchiel 37, donnée il y a environ 2600 ans, sur les ossements desséchés dans la vallée de la mort dont Dieu dit : « C’est toute la maison d’Israël. Voici qu’ils disent : Nos os sont desséchés, notre espérance s’est évanouie, nous sommes perdus… ». Ossements qui, après que l’Esprit ait soufflé sur eux, « reprirent vie et constituèrent UNE TRES, TRES GRANDE ARMEE… » à laquelle Dieu s’adresse en disant : « Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel : Voici que j’ouvre vos tombes, je vous fais remonter de vos tombes, ô mon peuple, et je vous fais REVENIR sur le territoire d’Israël… » ;

    – La prophétie d’Isaïe 66, donnée il y a plus de 2700 ans, sur la résurrection du pays d’Israël :
    « Avant d’être en travail,
    Elle a accouché ;
    Avant que les douleurs lui viennent,
    Elle a donné le jour à un fils.
    Qui a jamais entendu rien de pareil ?
    Qui a jamais vu rien de semblable ?
    UN PAYS PEUT-IL NAÎTRE EN UN JOUR ?
    UNE NATION EST-ELLE ENFANTEE D’UN SEUL COUP ?
    A peine en travail, Sion a enfanté un fils… » (vers 7-8)

    Oui ! Un pays peut naître en un jour : Israël !
    Oui ! Une nation est enfantée d’un seul coup : Israël !
    Oui ! En un jour, et d’un seul coup, exactement le 14 mai 1948 au moment de la proclamation de David Ben Gourion.

    La résurrection d’Israël est d’ordre divin, même si Dieu a agi à travers ces mouvements humains dont vous avez parlé ainsi que le vote des nations. Ceux-ci ont été dirigés au gré du Vent (Esprit) de Dieu pour rétablir l’Etat hébreu.

    Ce que Dieu avait prophétisé par la bouche de ses prophètes s’est accompli devant le monde entier qui, sans le savoir ni le réaliser, a véritablement assisté à un MIRACLE ! Car c’est bien d’un MIRACLE qu’il s’est agi là.

    Dans ce même ordre d’idée, la réunification de Jérusalem à l’issue de la Guerre des Six-Jours en 1967 est l’accomplissement, entre autres, de la prophétie suivante de Jésus, donnée il y a plus de 2000 ans :

    « comme Jésus approchait de JERUSALEM, en la voyant, il pleura sur elle et dit : « (…) Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t’environneront de palissades, t’encercleront et te presseront de toutes parts ; ils te nivelleront au ras du sol, toi et tes enfants au milieu de toi, et ne laisseront pas en toi pierre sur pierre…» Un peu plus tard, « Comme quelques uns [de ses disciples] disaient du temple qu’il était orné de belles pierres et d’objets apportés en offrandes, Jésus dit : Les jours viendront où, de ce que vous voyez ici, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée (…) Ils [les Juifs] tomberont sous le tranchant de l’épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et JERUSALEM sera foulée aux pieds par les nations [chute en 70] JUSQU’A [relèvement ou réunification en 1967] ce que les temps des nations soient accomplis… » (Bible, partie « Nouvelle Alliance », ou B’rith Hadasha, Luc, chapitre 19, verset 41…, ch. 21, v. 5 et 24, ch. 23, v. 28… ; Levi-Matthieu, ch. 24 ; Johanan-Marc, chap. 13 etc.)

    Or par rapport à ces prophéties, l’Histoire nous apprend qu’environ 40 ans après, précisément en l’an 70, Jérusalem et son temple sont détruits par Rome : La prophétie du Messie commence à s’accomplir. Puis Israël subit des occupations successives par des nations étrangères. La prophétie de Jésus continue de s’accomplir : Occupations byzantine, perse, arabo-musulmane (638), égyptienne, franque, mamelouke, turque-ottomane, et finalement britannique jusqu’en mai 1948 où Israël est rétabli devant le monde entier en tant qu’Etat et Nation. Puis en juin 1967, la « Guerre des Six-Jours » débouche sur la réunification de JERUSALEM.

    Avec le recul, nous pouvons dire que le puzzle prophétique a été recomposé dans la réalité terrestre au cours des 2000 ans de galout juive et ce, au niveau de ses cinq aspects : Destruction du temple et de JERUSALEM, dispersion du peuple, occupations successives du pays d’Israël par les nations, relèvement de Jérusalem, et donc accomplissement ou fin des temps des nations. La prophétie de Jésus s’est parfaitement réalisée.

  3. (Suite)
    Vous dites : «Sans la folle ferveur d’une poignée de révolutionnaires russes, le projet n’aurait pas abouti. »

    En fait, ce projet aurait abouti d’une manière ou d’une autre car c’était le projet de Dieu.

    Vous dites : «Ce fut cette voie qui réellement permit l’indépendance de l’Etat d’Israël », ce à quoi je me permets d’ajouter : sous l’impulsion divine.

    A noter que lorsque la prophétie biblique s’accomplit dans le temps, cela ne signifie pas pour autant que ceux qui y participent ou y sont liés, d’une manière ou d’une autre, le réalisent ou l’ont réalisé forcément. Et cela ne fait pas d’eux non plus des marionnettes. Mais cela nous fait prendre conscience incontestablement de la PRESCIENCE de Dieu, de son OMNISCIENCE, de son OMNIPOTENCE et de son OMNIPRESENCE…

    N. B. : Les Juifs sont appelés ici, dans ces prophéties, « enfants de JERUSALEM » par Jésus lui-même, qui établit clairement le lien incontestable indéfectible entre cette ville et les Juifs, lien la plupart du temps contesté par beaucoup, dont les Musulmans…

    N. B. : Ici, dans cette prophétie de Jésus, nous voyons bien que la restauration de Jérusalem était bien programmée sur l’agenda divin, par conséquent implicitement le RETOUR préalable des Juifs.

    Maintenant, pour s’assurer que ce retour est définitif, ne serait-il pas judicieux de connaître les raisons divines qui ont donné lieu à cette galout de deux mille ans, et ensuite, par rapport à ces dernières, faire l’état des lieux actuel de la situation d’Israël ?

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