Laly Derai : Le discours qui n’a pas fait la Une

Le général est monté sur le podium, a ouvert la bouche et impressionné toutes les personnes présentes. Il ne s’agissait pas de Benny Gantz mais du général de réserve Eliezer Shkedi. Il participait a une soirée en souvenir d’Emmanuel Moreno zal. Et voici son discours:

Général de réserve Eliezer Shkedi.

“Je voudrais parler de quatre choses, que j’ai apprises de mon père.

La première c’est l’acceptation et l’amour. Mon père est un rescapé de la Shoah. Après la guerre, il est retourné à son village d’origine en Hongrie et y a attendu deux ans que quelqu’un de sa famille revienne. Après deux ans, il a compris la terrible réalité: personne ne reviendrait. Il était seul au monde. Il avait a peu près votre âge (Shkedi a tenu ce discours devant de futurs officiers de Tsahal). Essayez d’imaginer : toute sa famille est morte a Auschwitz et il monte seul en Israël. Mon père avait une phrase magnifique : « Je n’arrive pas a comprendre ceux qui tentent de nous séparer. Pour ma part, je me sens à la maison près de n’importe quel Juif ».

Lorsque j’ai été nommé commandant de l’armée de l’Air israélienne, j’ai téléphoné au rabbin de l’armée de l’air, le rav Ramy Raabad et lui ai demandé de mettre en place un projet avec des orthodoxes. Car qu’est ce qu’un orthodoxe ? C’est le père ou le grand père de tous ceux qui sont assis ici. Ils n’ont pas atterri de la lune. D’ailleurs, lorsqu’on les menait aux fours crématoires, personne ne s’intéressait de savoir quelle kippa les Juifs portaient ou ne portaient pas. Il nous faut donc trouver le moyen de vivre ensemble. Nous avons donc ouvert le projet Sha’har Ka’hol, destiné aux orthodoxes au sein de l’Armée de l’air. Ce projet a ensuite été réédité dans d’autres corps d’armée. Et comment sait-on si un projet réussit ? Lorsque son plus grand détracteur affirme haut et fort qu’il en est à l’origine ! Et c’est ce qui s’est passé : un jour le rav Raabad m’appelle pour me dire qu’un officier des Ressources humaines de Tsahal, qui avait tout fait pour torpiller le projet, venait de passer a la radio pour dire que c’était lui qui l’avait initié…”

“La deuxième chose que j’ai apprise de mon père, ce sont les valeurs. Mon père avait des valeurs. Et je ne vous connais pas mais je suis certain d’une chose : aucun et aucune d’entre vous n’a envie de tuer des enfants et des femmes innocents dans cette guerre difficile que nous menons contre le terrorisme. Comment je le sais ? Parce que c’est notre culture.

Lorsque j’étais commandant de l’armée de l’air, nous avions un ratio de une victime collatérale pour un terroriste tué. J’ai essayé d’agir pour changer ce ratio et a la fin de mon mandat, nos chiffres étaient de une victime collatérale pour 24 terroristes. On m’a demandé pourquoi c’était si important pour moi. Ma réponse est : ils ne sont pas capables de nous vaincre par la force. Ils ne peuvent faire qu’une chose : essayer de nous conduire à leur ressembler. Ils veulent tuer nos femmes et nos enfants. Et le jour où nous arriverons a la conclusion que faire de même contre eux est légitime sera le jour où ils auront gagné. Nous voulons sans le moindre doute éliminer ceux qui doivent l’être. Ceux qui me connaissent savent qu’il est déconseillé d’être l’une de nos cibles quand j’ai décidé de me charger de son cas. La plupart d’entre eux ne sont d’ailleurs plus là pour témoigner…”

La troisième leçon concerne le leadership.”Il n’existe pas de leader a mi temps. Cela n’existe pas. Un leader est constamment un leader. Si je devais vous dire une seule phrase, ce serait celle-ci: tout, absolument tout, repose sur donner l’exemple. On peut parler, raconter, dire de belles choses, cela n’a pas d’importance. L’essentiel c’est ce que vous faites. Conduisez vous comme vous souhaiteriez que les autres se conduisent. On vous regarde”.

Enfin, le dernier sujet abordé par Shkedi concernait les proportions: “J’ai été invité a un dîner chez le Président Shimon Pères avec le président hongrois et j’ai proposé à mon père de m’accompagner. Dans la voiture, sur la route, mon père me dit: tu te rends compte de ce qui est en train de se passer? Non, tu ne comprends rien. Moi, Moshé Mendel Shkedi je voyage vers Jérusalem, la capitale de l’État d’Israël et du peuple juif. Je vais y rencontrer le Président Pérès qui est le président de l’État d’Israël et du peuple juif. Je voyage avec mon fils, qui est le commandant de l’armée de l’air de l’Etat d’Israël et du peuple juif (c’est comme ça qu’il m’appelait…). Et je vais rencontrer le président de la Hongrie, alors s’il y a 65 ans, notre vie valait la bas moins que celle d’un chien mort. Et le président hongrois ne sait pas encore qu’il va s’excuser devant moi… Et tu sais quoi: si on m’avait dit il y a 65 ans de décrire le plus beau rêve, le rêve le plus fou, le plus illogique possible, il n’y aurait eu aucune chance pour que je décrive ce que je suis en train de vivre dans la réalité.

Mon père a raison. Tout celui qui est présent ici fait partie du miracle. Nous avons vécu la plus grande catastrophe de notre histoire, et nous vivons le plus grand miracle de notre histoire: un État juif et démocratique, extraordinaire dans tous les domaines. Sauf en sport, mais cela arrivera aussi…

Et si vous n’êtes pas certain que le président hongrois a demandé pardon à mon père, c’est signe que vous ne connaissez pas mon papa. Il n’avait pas d’autre choix”.

Eliezer fils de Moshé Mendel Shkedi est descendu du podium, accompagné par les applaudissements.

Ce discours méritait d’être entendu.
סיון רהב-מאיר

Source: Sivan Rahav Meir,
traduction Laly Derai

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2 Comments

  1. “un État juif et démocratique ” , juifs certes , mais pas vraiment démocratique .Une démocratie ne tire pas sur des enfants et des femmes désarmés qui ont pour seul tort le fait de manifester .Et le fait que des millions de juifs soient morts en camps de concentration ne peut justifier un autre génocide .Voler la terre d’autrui et en chasser ses habitants est un crime contre l’humanité au même titre que la shoah .

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