La troisième Intifada aura-t-elle lieu ? par Maxime Perez

Cette question revient une fois de plus avec insistance alors que la situation en Cisjordanie n’a jamais semblé aussi volatile. Reste que les Palestiniens, divisés ou résignés, ne semblent pas prêts à une nouvelle insurrection. A moins que le Hamas ne s’en mêle…
Il y a une atmosphère inquiétante qui se développe dans les territoires palestiniens, des actes qui traduisent la haine ou l’envie de tuer, une violence qui monte en puissance et se banalise. Vendredi matin, un autobus scolaire israélien qui circulait près du village de Yaabud, au nord de la Cisjordanie, à été visé par une grenade artisanale. L’attaque, qui n’a pas fait de blessé, s’est déroulée sur une route reliant les villes palestiniennes de Jénine et Tulkarem. Un temps fermée, elle avait récemment été rouverte à la circulation.
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Les incidents comme celui-ci se multiplient depuis peu. Sauf qu’aux jets de pierres, d’engins incendiaires ou explosifs, quasi quotidiens, s’ajoutent des embuscades à l’arme automatique, des tirs de sniper ou encore des agressions au couteau. En moins d’un mois, cinq attaques graves ont eu lieu, coûtant la vie à trois Israéliens – dont deux soldats – et faisant plusieurs blessés. D’autres tentatives ont échoué, comme le 17 octobre dernier, où un Palestinien au volant d’un tracteur a forcé l’entrée d’une base de l’armée près de Jérusalem, écrasant plusieurs jeeps militaires avant d’être abattu par un garde.
De son coté, les forces de sécurité israéliennes ont redoublé d’activité dans les zones A, sous contrôle de l’Autorité palestinienne. A Jénine ou Ramallah, plusieurs opérations visant à arrêter des suspects ont dégénéré en heurts nocturnes avec la population ou avec les suspects eux-mêmes – 6 morts depuis septembre. Parfois, des accrochages spectaculaires se sont déroulés, comme mardi dernier à Bilin, lors d’un raid visant Mohamed Assi, commanditaire de l’attentat à la bombe dans un bus de Tel Aviv, le 21 novembre 2012 (29 blessés). Retranché dans une grotte, ce membre du Jihad islamique a combattu les soldats israéliens à coups de roquettes RPJ avant d’être finalement éliminé par un missile antichar LAW.

Un contexte propice

Cette accumulation d’incidents, qui coïncide avec la reprise du processus de paix cet été, peut difficilement être ignorée par les responsables israéliens. L’armée concède que cette tendance est quelque peu « troublante », mais se refuse à parler de soulèvement palestinien. « Il n’y aucun signe de révolte ou de pseudo troisième Intifada, déclare le ministre de la défense Moshé Yahalon. Il n’y a aucune motivation pour cela et nous ne décelons aucun préparatif. Bien sur, nous voyons les évènements actuels avec beaucoup de gravité et nous sommes préparés à toute escalade. »
A sa décharge, il est vrai que les nombreuses craintes exprimées fin septembre, en marge du 13ème anniversaire de la seconde Intifada (2000-2005), se sont révélées infondées. Les grandes manifestations populaires auxquelles avaient appelé plusieurs organisations palestiniennes n’ont pas abouti à une nouvelle « guerre des pierres ». Voilà pourtant des années qu’on dit le contexte propice à une troisième Intifada : poursuite des constructions dans les implantations juives, absence de processus de paix ou de résultats tangibles dans les manœuvres diplomatiques et, surtout, fin du miracle économique en Cisjordanie du fait de la crise financière mondiale, traduites par une baisse des donations européennes ou américaines pour la mise en œuvre de projets d’infrastructures.
On pensait alors que le départ du premier ministre Salam Fayyad – début juin -, artisan de la croissance et d’un Etat presque en état de marche, ouvrirait la voie à des violences prolongées et au chaos. Il n’en fut rien, ou si peu, car le furtif « Printemps palestinien » fut surtout tourné contre le président Mahmoud Abbas et son entourage d’apparatchiks. Une série de nomination hâtives lui permis d’éviter le pire, aidé il faut dire, par les fonds débloqués en urgence par les Etats-Unis… et Israël, via le transfert de taxes douanières.

Le Hamas en trouble-fête       

Ces mesures n’ont en rien atténué la frustration des Palestiniens. Sauf qu’en dehors du Fatah dont la priorité est de se maintenir au pouvoir, les autres factions paraissent divisées, peu ou mal organisées, et hésitent sur la marche à suivre pour marquer leur mécontentement à l’égard de « l’occupant israélien ».
Depuis Gaza où il est de plus en plus isolé, le Hamas tente d’instrumentaliser la situation pour renforcer sa présence en Cisjordanie. Mais chacune de ses tentatives d’intrusion chez le frère ennemi palestinien se heurte à la vigilance de Tsahal ou des forces de sécurité palestiniennes du pouvoir de Ramallah. En fin de semaine, ces dernières ont arrêté une cellule de trois sympathisants du mouvement islamiste qui s’apprêtaient à lancer un drone bourré d’explosifs en direction d’Israël. Dans un communiqué, le Hamas a dénoncé une nouvelle preuve de la « collusion entre l’Autorité palestinienne et l’occupant ».
A l’image de son leader Ismaïl Haniyeh, lequel a lancé un appel à l’Intifada le week-end dernier, le Hamas cherche désespérément à provoquer un embrasement des « territoires ». Ce qu’il ne dit pas ou qu’il feint d’ignorer, c’est qu’un soulèvement populaire – potentiellement fatal au Fatah – servira beaucoup plus sa cause que celle du peuple palestinien.
 

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