La traduction des termes, la manipulation politique et la désinformation – Freddy Eytan

La terminologie consiste en l’étude du choix et de l’usage des termes faisant partie des vocabulaires de spécialité, qu’on peut trouver dans tous les domaines de connaissance. Sur le plan juridique, les termes devraient être très précis, surtout dans leur traduction.

Par exemple, la fameuse Résolution 242 adoptée après la guerre des Six Jours, le 22 novembre 1967, à la majorité absolue des 15 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Il existe toujours une différence importante entre les textes anglais et français qui stipulent le retrait des forces israéliennes « des » territoires occupés (en français) et « de » territoires occupés (from occupied territories).

L’application de la résolution dans sa version française signifierait le retrait d’Israël de la totalité des territoires occupés en juin 1967. La résolution dans sa version en anglais pourrait se traduire par un retrait partiel des territoires.

Les diplomates qui ont rédigé cette résolution, notamment l’américain Arthur Goldberg et le britannique Lord Caradon, ont défendu la version anglaise afin de marquer qu’Israël n’était pas tenu d’évacuer l’ensemble des territoires occupés.

C’est justement ce que l’actuel ambassadeur américain à Jérusalem, David Friedman, a déclaré récemment, et que Jason Greenblatt, l’envoyé spécial au Moyen-Orient pour élaborer le « deal du siècle » vient de confirmer.

Cependant, les propos de l’ambassadeur Friedman ont été mal interprétés par la presse israélienne et internationale, notamment le New-York Times, qui a une fois encore rapporté des informations injustes et non vérifiées.

Sur l’avenir de la Cisjordanie, Friedman n’a jamais employé le mot « annexion » mais a dit qu’Israël avait le droit et pouvait « conserver » ou « garder » une partie de ce territoire, le mot « retain » fut employé en anglais.

Benjamin Nétanyahou, David Friedman et leurs épouses à l’inauguration de Ramat Trump, le 16 juin 2019 (photo Kobi Gideon, GPO)

Sans relire le texte et vérifier les propos, certains journalistes, pour des raisons purement politiques et idéologiques, ont rapidement mis le discours tronqué en une des journaux. Des articles critiquant violemment le terme « annexion » et traitant l’ambassadeur Friedman de « colonisateur » ont été mis en relief sur plusieurs pages. Ainsi, ils ont provoqué inutilement une forte polémique, et des condamnations et manifestations chez les Palestiniens à la veille d’un sommet économique important pour eux à Manama.

Sur le fond, bien entendu que l’ambassadeur Friedman a eu raison de dire que l’Etat Juif a le droit de conserver une partie de la Judée et de la Samarie. D’ailleurs, depuis 1967, tous les gouvernements israéliens, de Gauche comme de Droite, ont affirmé qu’il n’était pas question de se retirer de tous les territoires (version française) et qu’il était impératif de conserver des frontières défendables, sûres et reconnues.

Plus encore, aucun gouvernement israélien n’a décidé d’annexer ce territoire. A la veille des dernières élections, le Premier ministre Nétanyahou a seulement laissés entendre qu’il pourrait selon certaines circonstances annexer unilatéralement une partie du territoire.

Les propos de l’ambassadeur Friedman ne sont pas contraire à la politique américaine depuis le président Johnson. Ils confirment même l’engagement du président Clinton sur la conservation des « blocs d’implantations » (environ 4 % du territoire) dans tout accord avec les Palestiniens.

En conclusion, nous réaffirmons que la terminologie est essentielle, et la traduction d’un texte surtout juridique, devrait être minutieusement traitée à la loupe, sur un conflit interminable et où les mots sont manipulés tels des poignards…

Freddy Eytan,                                                                                                             Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org

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