Israël vit avec le terrorisme, mais pas dans la terreur

Face à la menace, la société civile a développé une étonnante faculté de résilience et un esprit défensif collectif.

Tous les jeunes Israéliens (ici à Tel Aviv) sont astreints au service militaire. / Julien Chatelin/Divergence
Tous les jeunes Israéliens (ici à Tel Aviv) sont astreints au service militaire. / Julien Chatelin/Divergence

Pour le premier ministre Benyamin Netanyahou, Israël vit « entouré d’une jungle peuplée de prédateurs ». Depuis début octobre, 250 attentats palestiniens au couteau, à la voiture-bélier et à l’arme automatique ont tué plus d’une trentaine d’Israéliens et environ 210 Palestiniens, pour la plupart auteurs de ces attaques, ont été abattus.

Un état d’urgence quasi permanent depuis 1948

À la veille de l’attentat de Nice, les soldats de Tsahal ont déjoué une tentative d’écrasement, la 46e en neuf mois. Pas moins de 300 bornes anti-bélier protègent aujourd’hui les stations de bus et de tramway à Jérusalem. « À la guerre comme à la guerre », dit encore le premier ministre à propos de l’état d’urgence quasi permanent en vigueur depuis la création d’Israël en 1948. L’arsenal juridique, hérité du mandat britannique en Palestine, permet encore « l’arrestation administrative » de suspects, sans jugement, pour six mois .

Les indicateurs des renseignements sont omniprésents, et des experts en cybernétique explorent le Web et les réseaux sociaux. Israël veut promouvoir des lois contraignant Facebook à filtrer les messages d’incitation à la haine. Mais, surtout, les Israéliens ont appris à s’accommoder de la violence : ils se sont résignés aux portiques de sécurité et à la fouille des sacs devant les centres commerciaux, les cinémas ou les écoles, ainsi qu’aux caméras de surveillance. Depuis des décennies, les vols d’El Al (la principale compagnie aérienne israélienne) et l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv sont hypersécurisés.

Une population sur le qui-vive

Au plus fort des attentats-suicides à l’explosif de la seconde Intifada (2000-2005), les terrasses des cafés et restaurants restaient bondées, sous la protection de vigiles alors rémunérés par une taxe spéciale prélevée sur les clients. « Vaincre le terrorisme, c’est continuer de vivre le plus normalement possible », dit un responsable des services d’urgence.

Prêts à intervenir et juchés sur leurs motos, des urgentistes et des tireurs d’élite de la police se faufilent en permanence dans la circulation. En cas de drame, médias et hôpitaux sont immédiatement mobilisés. L’État octroie une aide aux familles meurtries par les attentats. Et le calendrier prévoit un Jour du souvenir des soldats tombés au champ d’honneur, auxquels sont associées les victimes du terrorisme.

Face à la menace, la société civile a développé une étonnante faculté de résilience et un esprit défensif collectif. La police est alertée au moindre objet ou comportement suspect. Mais la protection individuelle n’est pas pour autant déléguée aux professionnels. Astreints au service militaire, les jeunes Israéliens sont formés au maniement des armes et au krav maga (technique de combat pour l’autodéfense) et plus de 200 000 ports d’armes sont détenus par des civils.

Joël David (à Jérusalem)

http://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Israel-avec-terrorisme-mais-dans-terreur-2016-07-17-1200776339

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