Israël, une démocratie armée, de Nathalie Hamou dans Témoignage Chrétien

En Israël, l’état d’urgence dure depuis bientôt soixante-huit ans et le débat sur la tension entre sécurité et liberté reste très nourri. « Israël vivra toujours l’épée en main ». Telle est la terrible formule employée par le Premier ministre Benyamin Netanyahou à l’automne dernier, devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le parlement israélien. Une déclaration qui reflète à la fois l’histoire du pays – l’État hébreu a connu sept guerres et au moins deux intifadas depuis sa création voilà soixante-huit ans – ; le rôle central joué par l’armée – puisque chaque jeune Israélien doit passer trois ans (deux pour les femmes) sous les drapeaux ; et enfin le fait que la lutte contre le terrorisme s’appuie sur la mobilisation de la société civile.israel_1

Cette situation d’insécurité permanente a aussi son pendant législatif : le maintien depuis 1948 d’un état d’urgence permettant au gouvernement de modifier n’importe quelle loi au nom de la sécurité de l’État. Cependant, le régime israélien a mis en place des contre-pouvoirs. La Cour suprême s’est ainsi « progressivement imposée comme un acteur essentiel dans la gestion de la démocratie confrontée à l’insécurité », comme le souligne Sharon Weinblum, chercheur au sein de la faculté de philosophie et sciences sociales de l’Université libre de Bruxelles, dans ses travaux consacrés aux politiques de sécurité en Israël.

Une disposition âprement discutée

De fait, si les Israéliens placent la sécurité au coeur de leurs préoccupations, ils ne sont pas prêts à tout lui sacrifier. « Ici le débat sur la tension entre sécurité et libertés individuelles est très nourri et il s’enflamme à chaque cycle de violence », confie Ronit Luria, une avocate qui enseigne la criminologie au sein du collège académique Beit Berl. Dernier exemple en date : la polémique suscitée par les mesures prises face à la recrudescence des attaques au couteau. Depuis début octobre cette vague d’agressions, dont la plupart ont été perpétrées par de jeunes Palestiniens, a coûté la vie à 34 Israéliens (dans la même période, 130 assaillants palestiniens ont été tués). Ces attaques, au caractère imprévisible, ont créé un sentiment d’anxiété quasiment sans précédent. Pour rassurer la rue israélienne, la Knesset a adopté début février une loi sur les fouilles corporelles, permettant aux forces de l’ordre de fouiller une personne pour vérifier qu’elle ne porte ni arme, ni explosifs même s’il n’y a pas danger immédiat. Considérée comme une mesure d’exception, elle sera en vigueur pendant une année, mais la police devra faire un rapport sur chaque fouille au ministre de la Sécurité intérieure et à la commission parlementaire ad hoc.

Malgré tout, cette disposition âprement discutée a divisé le public israélien. « Elle risque d’avoir un caractère discriminatoire à l’égard des Éthiopiens, des Arabes ou des Juifs à la physionomie moyen-orientale », a fustigé Avner Pinchuk, de l’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI). Il est vrai que la situation créée par l’« intifada des couteaux » est complexe. Les forces de l’ordre israéliennes se retrouvent souvent démunies face à des assaillants palestiniens âgés de 13 à 20 ans, agissant le plus souvent seuls, et sur lesquels les services de renseignements ne disposent d’aucune information.

« Dans ce contexte, la loi sur les fouilles corporelles peut apparaître comme une mesure populiste, estime la juriste Ronit Luria. Mais, en l’adoptant, le parlement israélien a aussi décidé d’ériger la vie en valeur suprême et de la placer audessus de certaines libertés individuelles. » Une justification qui continue de faire d’Israël un cas à part.

Source temoignagechretien

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2 Comments

  1. Un pays qui a su trouver le bon équilibre entre liberté et sécurité. Les braves gens respectent la police, les pompiers, les ambulances.

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