Il critique un mémorial de la Shoah, mal lui en a pris

En janvier, l’Allemand Björn Höcke avait qualifié le mémorial de l’Holocauste, à Berlin, de « monument de la honte ».
Mercredi, un collectif d’artistes en a érigé une copie grandeur nature devant la maison de ce virulent député de l’AfD, parti qui a redonné de la vigueur à l’extrême droite allemande aux législatives de septembre.

Janvier, dans un meeting surchauffé, à Dresde. Le mouvement jeunesse de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, pour Alternativ für Deutschland) a invité Björn Höcke, figure de l’aile radicale de ce parti d’extrême droite qui vient de faire son entrée au Bundestag, l’assemblée nationale allemande.

À la tribune, il exhorte les jeunes allemands à assumer un « vrai patriotisme ». Il qualifie alors le Mémorial aux juifs assassinés d’Europe, à Berlin, de « monument de la honte, au cœur de la capitale ».

Inauguré en mai 2005, le Holocaust-Mahnmal est situé entre la porte de Brandebourg et la Potsdamer Platz. Il perpétue le souvenir des six millions de victimes juives déportées et exterminées par les nazis, au cours de la Shoah. Un souvenir que le révisionniste ne souhaite visiblement pas « commémorer ».

24 stèles sous sa fenêtre

Depuis mercredi, Björn Höcke a sous les yeux une copie grandeur nature du monument. Sur le terrain de la maison voisine, à Bornhagen, en Thuringe (centre-est de l’Allemagne), un collectif d’artistes engagés a érigé 24 stèles, sur le modèle des 2 711 pièces de béton imaginées par l’architecte américain Peter Eisenman. « Cet apprenti Führer devra se réjouir de cette vue tous les matins lorsqu’il regardera par la fenêtre », a commenté Philipp Ruch, artiste de ce groupe baptisé Centre pour la beauté politique.

Ces militants ont bien préparé leur action. Ils ont loué la maison de Bornhagen, adjacente à celle de Höcke, député AfD de Thuringe, il y a dix mois déjà. Ils ont ensuite « placé sous surveillance » le dirigeant d’extrême droite.

Ils mettront fin à leur « performance » quand le député extrémiste de Thuringe « tombera à genoux comme Willy Brandt, devant le mémorial du ghetto de Varsovie, en 1970 ». Cette demande de pardon pour les crimes allemands de la Seconde Guerre mondiale avait valu à l’ancien chancelier, le prix Nobel de la Paix, l’année suivante.

Procédure d’exclusion contre Höcke

Les stèles resteront debout jusqu’à la fin de 2019. Le Centre pour la beauté politique recueille des dons pour les financer. Ils ont filmé leur action et l’ont mise en ligne sur la plateforme vidéo Vimeo.

La presse allemande a largement commenté cette initiative, hier. Le discours révisionniste du dirigeant de l’AfD avait choqué tout le pays, dont le président du Conseil central des juifs, Josef Schuster, qui n’avait pas « cru de telles déclarations possibles, ici, en Allemagne ».

L’AfD, au niveau national, avait engagé dès février une procédure d’exclusion à l’encontre de Höcke. Frauke Petry était alors à la tête de ce parti qui vient d’installer 94 députés au Bundestag. Elle ne siégera pas avec eux. Dès le lendemain des résultats des législatives, en septembre, elle a fondé son propre parti.

Aujourd’hui, l’AfD est dirigée par Alexander Gauland, qui tient à peu près les mêmes discours de tolérance vis-à-vis du passé national socialiste de l’Allemagne, notamment lorsqu’il a affirmé que le pays devait être « fier des actes des soldats allemands », de la Première Guerre mondiale, comme de la Seconde…

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vendredi 19 avril 2024