Enfants yéménites disparus: Israël lève le voile

Sous la pression de familles de disparus, dont certains sont, depuis, élus à la Knesset, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a fait déclassifier 200 000 documents.

Au tout début des années 1950, juste après la création de l’État hébreu, des milliers d’enfants yéménites ont été enlevés à leurs familles, révèle Le Temps.

Certains d’entre eux ont même servi de cobayes humains dans le cadre d’expérimentations médicales.

Plus de 60 ans de secret

Restée presque enfouie pendant plus de 60 ans, la question des “enfants disparus” enflamme ces derniers temps les débats de la commission d’enquête de la Knesset, le Parlement israélien. Et les révélations qui en sortent sont plus terrifiantes, encore, que ce qui était évoqué jusqu’ici.

Selon les archives, des milliers d’enfants yéménites ont bien été enlevés. Mais il y a bien pire: certains disparus ont succombé lors d’expériences médicales pour lesquelles ils ont servi de cobayes humains.

Un “matériel si abondant”

C’est d’une séance spéciale de la Commission ad hoc de la Knesset, le 14 juin dernier, que sont sorties des lettres échangées entre les directeurs de différents hôpitaux du pays, dans lesquelles ils se félicitaient – secrètement – de “disposer d’un matériel si abondant à Rosh Hayin” – le petit village où étaient alors parqués de nombreux Yéménites.

Un député, Amir Ohana, n’en revient pas: “Je n’imaginais pas que des choses pareilles aient pu se produire dans ce pays”, lâche-t-il au Temps. Il a retrouvé le témoignage d’une infirmière qui raconte des expériences sur la “résistance” du “cœur des Yéménites”.

Quatre enfants morts, enterrés à la va-vite

Au milieu de rapports sur des expériences destinées à prouver ou non que les Yéménites avaient “du sang nègre”, la trace d’au moins quatre enfants sur lesquels un “traitement expérimental actif” a été testé. Morts peu après, ils ont été enterrés à la va-vite, on ne sait où.

À la création d’Israël, en 1948, des centaines de milliers de Juifs du Proche-Orient affluent en “Terre Promise”… mais sont souvent méprisés par les ashkénazes, ces Juifs d’Europe “originels” de l’État hébreu.

Un pont aérien secret

Les séfarades vivent donc souvent dans d’immenses bidonvilles, voire des camps de tentes. Mais les Yéménites, eux, sont particulièrement maltraités: 48 000 d’entre eux ont été “amenés” en Israël en 1948 et 1949, dans le cadre de l’opération “Tapis volant” – un pont aérien secret lancé avec le soutien des États-Unis et de la Grande-Bretagne.

En fait du “paradis”, qu’il croyait atteindre en Terre Promise, c’est l’enfer qui les attend. Notamment pour les parents de 3 à 5000 enfants enlevés par des infirmières… à des fins de vaccination. Mais la plupart ont été déclarés morts ou disparus…

Pression des familles

Nombre de leurs proches étaient persuadés, depuis plus de 60 ans, qu’ils avaient en fait été “vendus” à des familles occidentales en vue d’une adoption. Aucun n’imaginait la terrible vérité qui semble se dessiner au fil des enquêtes – longtemps empêchées.

Depuis les années 1960, sous la pression des familles, trois commissions d’enquête ont été créées pour élucider le mystère, en vain. Ce n’est qu’à l’été 2016 que, acculé, même par des descendant de disparus élus à la Knesset, le gouvernement de Benyamin Netanyahou autorise la publication de 200 000 documents classifiés, et entrouvre la porte à la terrible vérité.

Une mort “programmée”?

Ygal Yossef, descendant d’une famille marquée par la disparition d’un proche, veut “vider l’abcès, quoi qu’il en coûte”. Il a même obtenu et fourni aux députés des copies de certificats de décès “en blanc” et antidatés… prouvant la mort “programmée” de nombreux cobayes.

Il sait, bien sûr, qu’Israël lors de sa création était un “foutoir”, mais il ne veut pas que cela serve d’excuse: “Nos parents étaient des gens faibles ne comprenant pas bien l’hébreu et ne connaissant pas leurs droits. Ils ont été abusés. […] Je ne réclame pas la vengeance. Seulement la justice”, assure-t-il au Temps.

Source ledauphine

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10 Comments

  1. Certains juifs d’Europe aussi ont été contaminés par la “science raciale” des européens alors qu’ils étaient eux même accusés d’avoir du “sang négroïde” dans les veines… était-ce pour s’en défendre qu’ils ont adopté à leur tour cette attitude abject ? C’est bien possible. La pression a été forte durant près d’un siècle… En attendant les “antisionistes” vont en faire leur miel.

  2. Il n’y a aucun aspect “communautaire” dans cette triste affaire des enfants disparus.
    Je renvoie à “Haaretz” (12.8.2016) qui rapporte que des dizaines d’enfants de familles ashkenazes, y compris de survivants de la Shoa, ont disparu dans les premières années après la naissance d’Israël. Le même journal (15.8.16) rapporte des témoignages d’ashkenazes sur des disparitions d’enfants déjà dans les années ’30 et ’40.
    Je renvoie à “Yediot Aharonot” (4.11.2015) avec le témoignage d’un couple de survivants de la Shoa qui eux aussi ont un enfant qui a “disparu”.
    Je pourrais vous donner bien d’autres sources.
    Il y a certes des choses à éclaircir dans cette triste affaire, mais gardez-vous des théories conspirationnistes de certains activistes orientaux, “opprimés professionnels”, qui construirent avec un cynisme sans pareil toute leur carrière et leur fortune sur les tensions communautaires entre Juifs orientaux et ashkenazes (ce qu’on appelle ici “le démon communautaire”).
    Certains d’entre eux, comme leur mentor Sami Chalom Chitrit, sont aussi des antisionistes convaincus.
    L’ accusation qu’ils diffusent, selon laquelle les horribles ashkenazes auraient mis en place un appareil d’Etat pour “voler” les enfants des Juifs yéménites (principalement, car ils parlent aussi d’autres communautés orientales, mais en nombres bien plus réduits), ressemble fortement à celles de crime rituel dirigées contre les Juifs par l’Eglise tout au long de notre histoire.
    A cette fin, ils n’ont pas hésité dans le passé à briser le coeur d’une mère yéménite et de celle qui fut présentée comme sa fille “volée” en inventant ce scénario de toutes pièces et en organisant d’émouvantes “retrouvailles” entre les deux femmes, pour se rendre compte après examen de leur ADN qu’elles n’étaient nullement parentes (“Haaretz”, 28.8.1997).
    L’ouverture des dossiers des trois commissions d’enquête officielles qui ont planché au cours des années sur l’affaire, effectuée il y a quelques mois et qui avait été présentée comme annonciatrice d’un tremblement de terre, n’a jusqu’ici rien apporté de neuf et évoque en fait un pétard mouillé.
    Des choses tristes et pas claires encore à ce jour se sont produites entre les années ’30 et ’50 dans la Palestine mandataire britannique et dans le jeune Etat d’Israël. Elles n’ont aucun aspect communautaire ashkenaze-séfarade-oriental. Elles doivent être étudiées et clarifies, mais elle ne peuvent servir de prétexte à une campagne menée par des activites orientaux radicaux pour qui tout ce qui peut nuire à Israël est bon à prendre, et teintée en plus d’un violent racisme anti-ashkenaze.

  3. Bonjour : y a t il des communiqués officiels sur ce que disent ces documents ouverts récemment?. Pour ne pas laisser prise aux ‘ conspirationnistes ‘
    Il faudrait un communiqué officiel… nous sommes abreuvés d’infos évidemment choquantes, il ne s’agit pas d’avoir un avis mais des éléments d’informations réelles sur ces documents.

  4. je me permets un commentaire. A toute fin utile, je ne suis pas juif, pas plus sympathisant de l’état d’israel ni du peuple palestinien. En gros, la question israelo-palestinienne telle que posée ne m’interesse pas.
    j’ai lu cette information (si elle en est une) sur ladepeche.fr et, tellement horrifié, j’ai cherché d’autres sources. D’où ma visite ici.

    Voila pour l’intro. Maintenant mon commentaire ou plutôt mon commentaire aux commentaires.

    Si cet episode fait partie de l’histoire d’Israel, le mieux a mon avis est de l’accepter et de présenter des excuses. Pas de déclarer qu’elle servira la cause des conspirationnistes, antisémites ou antisionistes. Dans ce cas précis, déclarer cela est d’un cynisme qui rajoute à ma nausée.

    Chirac nous a rendu ce service en 1995 et je trouve que ca fait du bien. La France est responsable de la déportation de juifs.

    • Il n’est pas besoin d’être un sympathisant de l’ État d’ Israël ou un soutien des Juifs, Il n’est nul besoin d’être pro palestinien. C’est un fait historique que les Israéliens n’ont pas caché et c’est tout à leur honneur. Les descendants des yéménites sont maintenant députés, Ministres ou généraux ou simplement des citoyens libres et intelligents.

  5. ” source le dauphine” mentionez vous a la fin de l’article.C’est tout dire…
    Tribune Juive serait bien inspiree de ne pas publier ce genre d’article sans les precautions d’usage.
    Voir le commentaire de Yehoshua Amishav.
    Vous ne vous deshonoreriez pas en publiant un contre article avec l’aide de Yehoshua Amishav.
    Surtout apres l’emission de propagande anti-israelienne utilisant ce sujet diffusee par la 2 a la T.V.
    Emission ou l’on a le loisir de voir les “mechants” Ashkenazes et les “bons” Orientaux,les “riches”Ashkenazes et les “pauvres” Orientaux, les” privilegies” Ashkenazes et les “opprimes” Orientaux etc,etc…
    Particulierement abjecte lorsque l’on parle de l’immigration vers Israel des “riches” Ashkenazes d’Europe apres la guerre 39-45.
    Riches les rescapes des camps ???
    Il fallait oser, antenne 2 l’a fait.

  6. Tous les cliches opposants les Ashkenazes aux Orientaux sont evidemment faux .
    Les nouveaux immigrants lorsqu’ils etaient Ashkenazes n’etaient ni mieux ni moins bien acceuillis que les Orientaux.
    Mais evidemment en Israel comme dans tous les pays d’immigration a cette epoque ,les debuts etaient durs pour les nouveaux arrivants,et les nouveaux immigrants ne s’attendaient pas en arrivant ,a avoir les memes situations que ceux qui etaient en Israel deja a l’epoque dumandat britanique ,voire avant, (soit depuis plusieurs dizaines d’annees pour certains).
    Par contre,tous les nouveaux arrivants eurent et ont les memes chances quelle que soit leur communaute d’origine.
    A l’heure actuelle l’homme le plus riche d’Israel est Patrick Drahi, d’origine orientale sepharade, ce qui demontre l’absurdite et la medisance du discours vehicule par votre article.
    Dans d’autres domaines tels que la science ,la politique,l’art et le sport les exemples sont egalement nombreux a demontrer le contraire de ce que vous publiez .
    Le malheur a frappe et malheureusement frappe toujours les Ashkenazes et les Orientaux sans distinction d’origine.
    Vehiculer le contraire releve de la malveillance.

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