En Israël, rencontre avec Boaz Bismuth : l’homme qui chuchotait à l’oreille de Trump

Rien à voir avec le pseudo d’un président qui, nous dit-on, chuchotait à l’oreille de la justice ! Ce Bismuth-là, Boaz de son prénom, est rédacteur en chef d’Israël Hayom le quotidien le plus lu de son pays et c’est plutôt à l’oreille du président américain, Donald Trump, qu’il chuchote. Il est en tout cas l’un des seuls à l’avoir interviewé à plusieurs reprises dans le bureau ovale et se flatte d’avoir détecté bien avant d’autres chez « ce type peu conventionnel et à la drôle de coupe » un futur président des État-Unis

Dès  mars 2016, précise même Boaz Bismuth, après des entretiens qu’il avait trouvés consternants avec  les principaux rivaux républicains de l’actuel président américain. « Trump était le seul qui avait en lui la volonté de changer les choses et c’est ce dont les Américains avaient envie. »  Dans ses commentaires le journaliste étrille Barack Obama, « prix Nobel avant même d’avoir fait quoi que ce soit et qui laissera s’accumuler les preuves de l’usage par Bachar El Hassad d’armes chimiques en Syrie sans intervenir. Ce qui ramènera François Hollande au statut de velléitaire ».

Ces choses qui ne changent pas

Devenu très récemment rédacteur en chef du journal Israël Hayom après que le précédent a été limogé pour cause semble-t-il de non satisfaction du clan premier ministériel, Boaz Bismuth a la carrure sportive, le sourire éclatant  et la carrière bien faite. Etudes supérieures et de journalisme en Israël, deuxième cycle d’études à Paris cette fois avec notamment une spécialisation sur l’Afrique. Il se dit marqué par ses lectures françaises et a par exemple gardé en mémoire une phrase du roman de Renart où il est dit que « plus les choses changent, plus elles restent les mêmes » ce qui lui donne l’envie d’aller au bout de ses recherches.

D’abord journaliste sportif il bifurque vers l’international et la politique étrangère ce qui l’amènera même à être, un moment, ambassadeur d’Israël en Mauritanie. Il s’offre parfois le luxe ou la nécessité de rêver de paix en regardant les étoiles mais se transforme souvent  en agent secret lorsque qu’il doit pénétrer certains milieux peu ouverts aux Israéliens en général, journalistes en particulier. Lorsque nous l’avons rencontré il sortait juste de l’avion le ramenant du Guatémala, prochain pays à reconnaître Jérusalem pour capitale de l’Etat d’Israël et se préparait à rejoindre sa rédaction pour y faire « les plus beaux numéros de son histoire ».

Cette reconnaissance du statut de capitale est pour lui essentielle ; « non pas pour nous, car elle l’est déjà, mais pour la perception par les autres. C’est cette reconnaissance là dont nous avons besoin. » C’est ainsi qu’il n’est pas du tout d’accord avec l’analyse du député centriste que nous avons rencontré trois jours avant et pour qui les choses étaient plus simples : « C’est à Israël de fixer sa capitale et pas aux autres. A-t-on vu les Allemands aller demander l’autorisation de déplacer leur capitale de Bonn à Berlin ? »

Le temps n’est pas le même

C’est cependant sur l’Iran et l’accord dénoncé par Trump qu’il est le plus sévère pour une raison technique mais aussi philosophique et liée au temps. Pour lui « l’accord avec l’Iran signé en 2015 est une illusion; à court terme parce que ce qui est vraiment stratégique n’est pas contrôlé notamment pour les missiles. Ensuite parce que le temps n’est pas le même des deux côtés. Qu’importe à un pays millénaire, héritier d’empires ou  de faire une pause simulée de 10 ans s’il peut figurer ensuite au rang des nations tout en gardant son caractère religieux intolérant et sa position de principe qui consiste à nous éliminer ! Pour nous ces dix ans sont décisifs et ne supportent par l’ambiguïté ».

Un évocation encore, dans ses propos. Ce que pourrait être Israël aujourd’hui dans son économie et ses équilibres « s’il n’y avait pas eu à affronter ces guerres pour ne pas être rayé de la carte ». Ce que serait la Palestine aujourd’hui « si au lieu de refuser l’existence d’Israël elle avait cultivé son jardin. Lors de la décision de l’ONU en 48 on nous a donné le plus petit bout et le territoire le plus compliqué avec un statut de ville internationale pour Jérusalem. Nous avons pris puis nous nous sommes mis au travail. En face ils ont toujours refusé, non pas parce que ce qu’ils avaient obtenu ne suffisait pas mais parce que nous avions quelque chose. Le processus de paix a ouvert des possibilités mais à chaque fois c’est sur ce sentiment que cela bute dramatiquement. Aujourd’hui à Gaza on se sert des enfants et des gens pour protéger les armes et les lance-roquettes, on les envoie en bouclier ».

Jean-Pierre JAGER

Source lasemaine

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