Deux journées de malheur et de joie qui cohabitent … par José Boublil

Nous juifs, avons quelques habitudes fort étranges: nous mélangeons notamment le malheur et le bonheur, comme si nous devions exorciser cet enchevêtrement tellement injuste de deux moments contradictoires.

Je le rappelle, lors d’un instant de grâce suspendu dans le ciel, la Houpa, nos maîtres nous enseignent qu’à la fin de cette cérémonie si heureuse nous posons un verre sous nos pieds et nous le brisons en souvenir de la destruction du Temple de Jérusalem.

Puis, lorsque nous inaugurons notre maison toute neuve, prête à accueillir nos futurs invités, nos enfants à venir nous décidons, selon l’enseignement de nos rabbins, de ne pas peindre un grand carré de mur, là aussi en souvenir du Temple détruit. Bizarre bout de mur qui dénote avec le reste de la pièce; un carré brunâtre , pas très joli mais tant d’hommes y ont laissé leur vie par deux fois.

Et désormais depuis quelques décennies, notre usage est de célébrer l’un des moments les plus tristes
du calendrier, Yom Hazikaron, le jour du souvenir de nos morts à la guerre ou au cours d’attentats.
Juste après ce tremblement de tristesse nous ouvrons une page de joie: notre fête nationale. Par ces
concomitances , je comprends  qu’aucune joie ne peut se fêter sans rappeler les tragédies. Comment pourrait-on se réjouir sans marquer une pause de gratitude envers ceux qui sont morts pour nous protéger ?

Précisons qu’il n’y a aucune différence entre le “Kiddouch Hachem ” d’un soldat mort au combat et d’un enfant
assassiné par un monstre.

Chaque année, mon cœur se brise pour la nième fois en pensant à ce qu’a vécu mon peuple, encore et encore; un peuple qui n’aspirait qu’à vivre en paix, sans avoir lui-aussi à verser le sang. Je vois défiler ces visages de gamins, sorte de rappel des années de Shoah. Et soudain, il me semble que d’un sourire venu de loin ils nous donnent l’autorisation de danser, de porter nos fils et nos filles sur nos épaules ,de hisser nos couleurs : le bleu et le blanc. Celles d’un double symbole : le Temple était couvert de marbre bleu et blanc (Georges Hansel. Explorations Talmudiques) : symbole du spirituel. Et le cœur de notre drapeau, la Maguen David, est tout simplement une fleur de Lys vue de haut; signe de notre Royauté (reprise par les Rois de France).

A Jérusalem, nous tenons entre nos mains cette dimension royale à condition de savoir que rien n’aurait été possible sans ces justes qui se sont sacrifiés pour nous, et souvent si jeunes.

Voilà le mélange de ces deux journées imbriquées ; et ce sera toujours les deux ou rien…

José Boublil

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