Gaza : la piqûre de rappel, par Maxime Perez

Trois semaines seulement après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu avec le Hamas, des alertes et le tir d’un obus de mortier contre le territoire israélien ravivent la crainte d’une reprise des hostilités.

gazapaysage

Même après les opérations « Plomb durci » (janvier 2009) et « Pilier de Défense » (novembre 2012), moins longues, moins meurtrières et moins destructrices que « Bordure protectrice », les factions palestiniennes avaient attendu de longs mois avant d’oser de nouvelles attaques contre les kibboutz frontaliers du Eshkol. Cette fois, preuve que la force de dissuasion israélienne a été ébranlée, le round d’observation aura duré une vingtaine de jours.
Mardi soir, comme pour ne pas se rendre à l’évidence, Tsahal a mis un certain temps avant de reconnaitre officiellement qu’un obus de mortier s’était écrasé quelques mètres après la clôture de sécurité séparant Israël de la bande de Gaza. Quant aux habitants du secteur, ils n’ont guère entendu l’alerte qui n’a pas retenti, pas plus que l’impact du projectile. Mais l’annonce de cette violation a suffi a réveillé des traumatismes encore vifs. A l’approche des fêtes de Rosh Hachana, de nombreuses familles envisagent de quitter leurs maisons, par crainte de se retrouver sous le feu des roquettes.
Personne, dans le sud d’Israël, ne croit véritablement en une trêve durable avec les factions palestiniennes de Gaza. Quant aux responsables des localités frontalières, ils constatent amèrement que Tsahal n’a pas répondu à cette attaque, en dépit des mises en garde répétées du gouvernement, Benyamin Netanyahou en tête, et son ministre de la Défense, Moshé Yahalon, de ne tolérer aucun tir sur le territoire israélien, même sporadique.
Volonté d’éviter l’escalade ? Assurément, et peut être même d’étouffer certains incidents. Jeudi, cinq alertes antiaériennes ont retenti dans les kibboutz d’Erez, Netiv Hassara et Yad Mordechaï. Des habitants, paniqués, rapportent plusieurs explosions. Mais l’armée dément et plaide pour une défaillance technique. Les systèmes de détection du radar ont été récemment améliorés : ils seraient devenus ultrasensibles.

Les négociations trainent

Quoiqu’il en soit, ces réactions témoignent d’une fébrilité ambiante. Initialement, des négociations en vue d’un accord définitif devaient débuter au Caire vers le 25 septembre, un mois après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Problème : la rupture entre l’Autorité palestinienne et le Hamas semble avoir repoussé cette échéance, ce qui déplait fortement au mouvement islamiste.
Pour sauver les apparences, le coordinateur des Nations Unies au Proche-Orient, Robert Serry, a annoncé cette semaine qu’un mécanisme provisoire, approuvé par Israël, allait permettre d’entamer la reconstruction de Gaza sous supervision onusienne. Mais la mise en place d’un tel plan dépend grandement de l’aide des pays de la région, en particulier du Qatar et de la Turquie. La tenue d’une conférence des donateurs au Caire, début octobre, n’a toujours pas été confirmée par l’Egypte.
Ce statu quo n’augure de rien de bon. Si le Hamas a précisé qu’il n’entendait pas provoquer de nouvelle confrontation prochainement, il pourrait changer son fusil d’épaule devant l’absence d’avancée diplomatique. Son aile dure, incarnée par Khaled Mechaal, n’a pas tout à fait renoncé à la manière forte pour se faire entendre. En cas de non levée rapide des restrictions imposées à Gaza, les brigades Ezzedine al Qassam se tiennent prêtes à reprendre leur pilonnage.
Les prochaines semaines s’annoncent donc critiques. L’estimation des renseignements militaires de Tsahal est que dans les quinze prochains jours, le Hamas et le Jihad islamique continueront de respecter le cessez-le-feu. Une projection à très court terme qui en dit beaucoup sur l’incertitude qui règne au sein de l’échelon sécuritaire israélien. Consciente que la situation est volatile, l’armée a renforcé sa présence autour de la bande de Gaza et plusieurs batteries antimissile Dôme de fer viennent d’être redéployées autour des grandes villes du pays.
Maxime Perez
M PEREZ

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*