J’aime Israël, par Sacha Ghozlan

Le poignant discours prononcé par le président de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France), le 14 mai 2018, à la mairie du troisième arrondissement de Paris, lors des célébrations des 70 ans de l’indépendance d’Israël en présence de nombreuses personnalités (Bernard-Henri Lévy, Elie Chouraqui, Serge Moati, Ariel Wizman, Alexis Lacroix, Patrick Klugman, François Pupponi…). Une soirée où a notamment été dévoilé un sondage Ifop pour l’UEJF qui révèle l’image qu’ont les Français de l’Etat hébreu. Voir le détail du sondage à la fin de la publication.

Nous avons vu à Tolbiac le mois dernier, lorsque le local de l’UEJF était saccagé, recouverts d’inscriptions appelant à la Mort d’Israël, combien affirmer son attachement à Israël peut être périlleux.

Ecrire mort à Israël dans une Université, c’est nourrir la haine d’Israël pour s’en prendre aussi aux juifs de France. C’est appeler au meurtre d’une population composée à 80% de juifs. De tels actes sont inacceptables dans l’espace public, et lorsqu’ils se produisent dans une Université, lieu de culture et de vie, toute la société doit s’interroger sur ce qu’elle offre comme avenir idéologique aux générations à venir. Pour faire face à cette menace, les étudiants juifs de France souhaitent mettre les choses au clair : nous aimons Israël. Les antisémites et les antisionistes de tous bords devront apprendre à s’y faire.

Il y a 70 ans, David Ben Gourion proclamait l’indépendance de l’Etat d’Israël à Tel-Aviv et transformait le rêve d’émancipation du peuple juif de Théodore Herzl en réalité.

Aujourd’hui, Israël est une démocratie vivante où des opinions divergentes s’expriment dans des journaux libres et indépendants.

Un pays inattendu, que les pionniers sionistes ont construit sur le sable et les lagons. Un pays fort dans une région instable. Israël est une promesse, un Etat refuge, une assurance de sécurité pour les juifs. Israël l’est aussi pour celles et ceux qui y vivent, libres et respectés pour ce qu’ils sont : homosexuels, apostats, juifs, chrétiens, musulmans, druzes, nouveaux arrivants ou Sabra.

Israël a relevé de nombreux défis et aujourd’hui encore se bat pour répondre à un idéal juif et démocratique et faire de ce rêve une réalité au quotidien.

Pendant 70 ans, l’histoire de l’UEJF s’est inscrite aux côtés de l’histoire d’Israël. Je veux rendre hommage ce soir à des générations de militants qui ont participé, à leur mesure, à l’histoire d’Israël et à l’histoire du sionisme.

Ainsi, quelques mois avant la déclaration d’Indépendance, en janvier 48, les étudiants réunis en Université d’été à Port de Bouc dans le sud de la France ravitaillent l’Exodus en escale au port de Marseille.

Entre 1975 et 1980, des étudiants apportent leur aide aux refuznik en se rendant clandestinement en URSS pour transmettre des ouvrages en hébreu aux juifs persécutés par le régime.

1991, en pleine guerre du Golfe, les étudiants juifs de France réunissent plus de 10.000 personnes à la cité de la Villette pour dire «J’aime Israël».

1993, quelques mois avant la signature des accords d’Oslo, l’UEJF organise «L’étoile a rendez-vous avec la lune».

2003, alors que l’Intifada s’importe en France, l’UEJF publie aux côtés de nombreux intellectuels, «le sionisme expliqué à nos potes».

2008, l’UEJF organise «les 12 heures bleues» à l’occasion des 60 ans de l’Etat d’Israël.

Avril 2009, alors que Mahmoud Ahmadinejad appelle à la destruction de l’Etat d’Israël des dizaines de militants perturbent son discours aux Nations Unies en lançant des nez de clown à cet odieux négationniste.

2015, alors que l’Intifada des couteaux fait rage en Israël, l’UEJF mobilise plusieurs milliers de personnes et manifeste son soutien aux israéliens.

C’est aussi l’histoire de notre organisation, la recherche d’un idéal porté par des générations de militants qui ont agi, brisé le silence et mobilisé des foules pour le sionisme, pour la paix, pour Israël.

Les fondateurs de l’UEJF n’ont pas attendu la déclaration d’indépendance pour être sionistes. Et les militants de l’UEJF d’aujourd’hui n’attendront pas que l’antisémitisme disparaisse pour dire pourquoi et comment ils sont attachés à Israël.

Les étudiants juifs de France n’ont pas plus froid aux yeux que leurs lointains aînés. Les préjugés antisémites ont la peau dure. Et les contre-vérités sur le sionisme se vendent toujours très bien.

Dans un sondage que nous avons demandé au sérieux institut Ifop, nous apprenons par exemple que pour un français sur deux le sionisme est une idéologie raciste. Les nations unies avaient compris que ce n’était pas le cas, il n’y a que 42 ans après tout.

Puisqu’il faut le répéter, répétons-le. L’antisionisme est de l’antisémitisme, et rien d’autre. Pourquoi refuser aux juifs le droit que l’on reconnaît aux autres peuples ? Ou pourquoi refuser aux juifs la qualité de peuple ? Si ce n’est précisément au nom d’une haine des juifs en particulier.

Ceux qui refusent l’existence de l’Etat des juifs, refusent l’autodétermination des peuples, promesse d’émancipation, de liberté et de démocratie. Voilà une injustice dont Israël est la cible depuis le 14 mai 1948.

Et les militants de l’UEJF ont démontré ces derniers mois qu’ils ne manquaient pas de courage pour dénoncer cette idéologie.

Alors, 70 ans après que Ben Gourion ait fait ce choix historique, dans un climat de tension au Proche-Orient, alors que le conflit opposant Israël à ses voisins sert de prétexte pour s’en prendre aux juifs de France, nous pourrions choisir de nous cacher, de ne rien en dire. Nous pourrions ne pas avoir envie de célébrer Israël, de nous replier sur nous-mêmes et de ne pas voir ce qui se joue de l’autre côté de la Méditerranée.

Ce soir, nous relevons le défi pour dire notre attachement à Israël.

Les étudiants juifs de France sont attachés à Israël aussi parce qu’ils sont français. Parce qu’ils ont appris les lumières émancipatrices. Parce qu’ils savent que c’est dans les rue de Paris que Herzl, et que Ben Yehuda ont fondé le rêve d’un pays et d’une langue. Parce qu’en tant que français, en tant que juifs aussi, ils savent que transmettre des valeurs universelles passe aussi par la réalisation d’un projet particulier. Porter haut les valeurs de démocratie, de liberté, de progrès technique et social, tout en cultivant une particularité : voilà un projet impossible mené pourtant tant par la France que par Israël.

Ce soir nous célébrons Israël, mais nous célébrons aussi 70 années d’amitié. Cette soirée exceptionnelle intervient quelques semaines avant le lancement de l’année croisée France-Israël au cours de laquelle les échanges culturels, artistiques, littéraires, les projets franco-israéliens seront renforcés et mis en valeur pendant l’année 2018. Cette année croisée est certainement l’une des réponses les plus fortes à ceux qui prônent le boycott et la fermeture.

Merci aux personnalités qui nous ont fait confiance et qui décrypteront ce soir une actualité proche-orientale en tension, une perception hostile des français vis-à-vis d’Israël.

La réalité de l’actualité israélienne a le mérite de ne mettre personne d’accord. Reste ce qui nous rassemble tous : le désir qu’Israël, Etat légitime, existe, persiste et progresse toujours.

Tant qu’il se trouvera des individus qui, par la violence ou la haine, veulent nous faire abjurer notre attachement au projet d’un État juif et démocratique en Israël, nous répondrons : j’aime Israël.

Tant qu’il se trouvera des hommes et des femmes sages, israéliens, juifs, arabes, palestiniens, pour parvenir à se parler, nous croirons dans une paix juste, et répéterons J’aime Israël.

Tant que des donneurs de leçons, viendront nous expliquer qu’il suffirait de renoncer à notre amour pour Israël pour voir disparaître l’antisémitisme, je répondrais qu’il y avait bien plus d’antisémitisme dans le monde avant l’existence d’Israël, et je crierais J’aime Israël.

Refusons la peur et le fatalisme, saisissons toute notre énergie pour le déclamer tous ensemble :

J’aime Israël !

Cliquer ici pour visualiser les résultats du Sondage Ifop pour l’UEJF du 14 Mai 2018 : Les Français et les 70 ans d’Israël 

Cliquer ici pour visualiser le rapport détaillé de ce sondage.

Source laregledujeu

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1 Comment

  1. C’est aussi l’Uejf qui refuse de rencontrer un ministre israélien de l’Education démocratiquement élu, car pas suffisamment de ..gauche à ses yeux !

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