Procès des djihadistes de Lunel : une plongée au cœur de l’islam radical

Le procès de cinq hommes, jugés pour association de malfaiteurs à visée terroriste dans le cadre de la filière djihadiste emblématique de Lunel, a débuté ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris. Cette petite ville de l’Hérault avait vu une vingtaine de ses jeunes partir pour la Syrie entre 2013 et 2014.

On savait déjà que les absents s’inviteraient au procès des djihadistes de Lunel, qui s’est ouvert ce jeudi devant la 16e chambre correctionnelle de Paris. Sur les quinze hommes partis entre novembre 2013 et 2014, deux – Adil Barki et Ali Abdoumi – sont revenus et sont au banc des prévenus. Hamza Mosli, le troisième prévenu présent dans le box, n’a pas quitté Lunel. Tout comme Jawad Salih et Saad Belfilalia qui comparaissent libres, sous contrôle judiciaire. Au moins huit ont été tués et la justice ne dispose d’aucune information sur les autres.

Jeudi, le tribunal, qui devra se prononcer sur une demande de constitution de partie civile de l’Association française des victimes du terrorisme, est revenu sur les échanges qu’Abdelkarim Belfilalia, alias «Karim», a eus, en 2014, avec son «petit frère», Saad, alias Saïd, jugé pour association de malfaiteurs terroriste et financement du terrorisme. Et les mots de «Karim», premier djihadiste à avoir pris la route de la Syrie, mort en décembre 2014, ont replongé l’assistance au cœur de l’islam radical et de l’horreur de Daech.

Depuis la zone syro-irakienne, le grand frère fait la leçon au petit. Crachant sur la devise républicaine parce qu’«on n’est pas égal devant Allah» et que «la fraternité, c’est uniquement avec les musulmans». Les djihadistes de Lunel morts? «Ils ne sont pas morts, ils sont bien vivants auprès d’Allah.» Évoquant les populations locales, qui ont eu du mal à accepter l’ordre nouveau, «Karim» a cette formule glaçante: «T’inquiète pas, maintenant avec une arme, ils savent.» L’antisémitisme n’est bien sûr pas oublié: «Les juifs, expliquent Belfilalia à son jeune frère, sont très intelligents. Ils paient les musulmans pour qu’ils combattent entre eux.»

Face à ce déferlement de haine et de fanatisme, quelle a été l’attitude de son «petit frère»? Telle est la question centrale pour la 16e chambre correctionnelle. L’ordonnance de renvoi soulignait que «les investigations n’ont pas permis de mettre en évidence une activité prosélyte, ni une adhésion aux thèses djihadistes de Saad Belfilalia». En revanche, il aurait récupéré de l’argent pour son frère (190 euros), aidé la femme de «Karim» revenue en France pendant un mois au printemps 2014 avant de repartir, l’accompagnant notamment pour aller acheter du matériel (lampe frontale, batteries de secours, montre…) demandé par «Karim». Enfin, le «petit frère» a, dans un échange, promis au «grand» de le rejoindre.

Fines lunettes, les cheveux fraîchement coupés, Saad-Saïd Belfilalia, qui ne fait pas ses 29 ans, semble à des années-lumière du fanatisme de son frère. Son avocat, Me Joseph Hazan, rappelle que l’homme, se définissant «musulman non pratiquant», boit de l’alcool, sort en boîte, aime à courtiser les filles. De son vivant, «Karim» n’a cessé de le sermonner depuis son exil syrien pour qu’il vienne le rejoindre. Et pour qu’il devienne un «bon» croyant. Sans grand succès semble-t-il.

Plus encore, Saad a obéi avec réticence à son frère, en refusant de se lancer dans une collecte d’argent auprès des «amis» de «Karim». En refusant aussi d’aller acheter le matériel lui-même. Quant à la promesse d’un départ, il soutient qu’il voulait «garder le contact» avec son aîné sans avoir aucune intention de s’exécuter.

Face à ces assertions, l’accusation doute de cette neutralité et souligne que Saad a bien donné les 190 euros à sa belle-sœur, qu’il a bien aidé cette dernière lors de son séjour en France, et qu’il aurait bien menti au cours de ses premières heures de garde à vue en soutenant ne pas connaître cette même belle-sœur. Le tribunal s’interroge, lui, sur l’absence de réactions de Saad face au discours très virulent de son frère. «On a l’impression que vous allez dans son sens, que vous êtes d’accord avec lui», glisse la présidente. «C’était pour ne pas le perdre, c’est tout, c’était pour garder le contact.» Le procès des djihadistes de Lunel doit s’achever le 11 avril.

Source lefigaro

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. Les discours sur la dénonciation des vertus républicaines, sur les Juifs manipulateurs, ou le jeune Saad fêtard et dragueur bat en brèche l’analyse dominante à propos de population victime oubliée de l’intégration, en déshérence et perte de repères… CQFD !

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*