Le réservoir du terrorisme : des radicalisés, des crapules et des désaxés

Qui sont ces assaillants qui massacrent des civils à coups d’armes automatiques, de bombes improvisées ou de camions fous ? Depuis 2012, les attentats commis en Europe dénotent des profils variés que relie, plus ou moins directement, une idéologie djihadiste.
Crédit YouTube
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« Quelle surprise, l’ennemi attaque ! », ironise Michel Goya, ce vendredi matin dans son blog La voie de l’épée. « Un peu comme à chaque fois qu’il se trouve en difficulté en fait, pas seulement certes mais surtout dans ces moments-là. C’est une vieille tactique, que l’Etat islamique n’a pas inventé non plus, visant, au pire, à obliger les gouvernements à replier visiblement les forces de sécurité auprès de la population et non contre soi et, au mieux, à créer des dissensions communautaires et/ou à influencer la politique extérieure de ces mêmes gouvernements. »

Pour l’Etat islamique, peu importe qui frappe.

Ce peut être :

1) Une de ses cellules infiltrées sur le territoire européen opérant dans le cadre d’une action concertée et de « frappes délibérées »… C’était le cas d’une partie des attaquants de Paris et Bruxelles, passés par les camps d’entraînement du Moyen-Orient, formés, même sommairement, par leurs commanditaires.

Ce sont ces hommes et ces femmes qui pourraient, bientôt, passer « au stade des véhi­cules piégés et des engins explo­sifs », comme l’expliquait le 24 mai dernier lors de son audition à l’Assemblée nationale, Patrick Calvar, le direc­teur géné­ral de la Sécu­rité inté­rieure (DGSI). Pour lui, de 400 à 500 de ces opérateurs sont prêts à l’action. Comme ceux de la cellule d’Argenteuil démantelée en mars de cette année

2) Des sympathisants radicalisés sur le net qui lancent des « frappes d’opportunité » avec des armes improvisées. Ils ne sont « liés à aucune organisation » selon le patron de la DGSI, et ils agissent sans chef direct, sans l’aide de réseaux pourvoyeurs de consignes et de moyens d’action. Difficile, voire impossible, de jauger leurs effectifs, même si certains comptent parmi les quelque 4000 suspects recensés par les forces de police spécialisées.

3) Des désaxés, parfois (mais certaines sources spécialisées parlent de 20% de profils psychologiques perturbés parmi les assaillants), en mal de reconnaissance, qui trouvent une légitimité dans l’action violente et que leur pathologie mentale incite parfois à des actions violentes… Patrick Calvar parle des « vélléitaires » et des « instables psychologiques ».

Alexandre Dhaussy qui avait poignardé un militaire à La Défense, en mai 2013, le blessant grièvement, a finalement été déclaré irresponsable pénalement. Le schizophrène, aux lourds antécédents psychiatrique, qui a gravement blessé une étudiante à Rennes en juin aurait déclaré vouloir faire « un sacrifice » à l’occasion du ramadan.

Une menace mouvante

« La menace n’est décidément pas monolithique mais au contraire particulièrement mouvante », estime Abou Djaffar (également connu des twittos sous le nom de  Jacques Raillane – NDLR TJ)   sur son blog «Terrorismes, guérillas, stratégies et autres activités humaines». Et ce spécialiste de l’antiterrorisme de poursuivre: « Elle échappe aux misérables descriptions que certains en font. Entre ces deux pôles principaux du djihad mondial, et les acteurs autonomes qui rêvent de participer à la lutte, on voit bien que le défi est sérieux. »

Abou Djaffar (Jacques Raillane)
Abou Djaffar (Jacques Raillane)

Faire face à ces recrues aux itinéraires multiples et aux profils variés, est-ce encore possible? « Saturés, débordés, désormais incapables de traiter en profondeur les renseignements obtenus lors des récentes opérations de police, nos services ne renoncent pourtant pas. Ils se préparent désormais non pas à gérer préventivement mais à encaisser un choc que certains redoutent bien plus sévère que celui du mois de novembre dernier », écrivait le 9 juin dernier, ce même Abou Djaffar.

Ce qui compte, aux yeux de Daech, d’al-Qaida et de ses franchises, c’est que la terreur s’incruste dans les nations démocratiques, qu’elles prennent conscience de leur vulnérabilité et, comme l’explique Michel Goya, que le réflexe pour parer les coups les amène à recentrer leur dispositif sécuritaire sur leur territoire.

Source ouest-france

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