Ils ont assassiné Tara. Parlez d’Elle, par Sarah Cattan

Son assassin porte un nom. L’islamisme vient encore de tuer un de nos enfants. Une insoumise. Ici une jeune femme. Trop belle. Trop libre. Trop vivante. Incarnation à leurs yeux du pêché.

Chuuuut Surtout ne dites rien. D’autant que ça se passe là bas. Loiiiin. A Bagdad.

Quoi ? Tu dis que c’est pareil ? Que Tara aurait pu être assassinée sur les Champs ?

As-tu vu, Toi, dis-moi, son nom à la Une ? Qui hier au cours du dîner en parla et qui au brunch de ce dimanche prononcera son nom. Qui t’a parlé de l’assassinat de Tara Fares.

Pas les radios.

Pas les télés.

Pas les médias.

Pas ceux-là, qui ouvrent, eux, leurs plateaux aux Rokhaya Diallo. A ses potes.

Entrez Faites comme chez vous : la voie est libre

On n’a pas l’temps de parler de touuuut ce qui se passe dans le monde. Regarde On a la paix depuis quelque temps… Chuuut… Va pas tout gâcher… Car si c’était comme un pacte ? De non agression tu sais ? On les laisse faire. Eux ne tirent plus à bout portant sur nos chères têtes blondes.

Ils tuent chez eux. Tranquilles. Ils flinguent Tara. Cette insolente. Qui provoque. En vélo ? Que nenni : au volant de sa Porsche !

Non Elle ne sera pas fouettée, l’impudente. Direct à la morgue.

Ils l’ont tuée en live.

Prix de sa témérité.

Elle devait bien savoir qu’elle sur la liste. De leur funeste dessein.

Sans doute Al Jazera en a-t-elle parlé. A son public. Sans doute ça a même posé débat. C’est qu’elle l’aurait presque cherché, la péronnelle. Osant animer un blog ! Suivie qu’elle était, la mécréante, par ses 2,7 millions d’abonnés ! Sur Instagram. Se la jouant star des réseaux sociaux. Aimait-elle Verlaine, celle qui apparaissait blonde. Rousse. Brune. Toujours tatouée.

https://www.instagram.com/p/BmtSbkvFtUS/?utm_source=ig_embed utm_campaign=embed_loading_state_control

Deux balles dans la tête pour effacer la forfaiture

Tara ? Tara Farès ? C’est qui ?

Si tu te tais, ils auront réussi.

Once more.

L’influenceuse. Mannequin de surcroît. C’est quoi, Tara, ce mode de vie.

Ça coûte. La facture est amère. Abattue. San sommation.

Tara. Après Rafeef. Chirurgienne plasticienne. Celle qu’on surnommait la Barbie de l’Irak.

Après Rasha. Directrice du Viola Beauty Center. Retrouvée morte chez elle. Le mois dernier.

Juste après Souad. Assassinée mardi. T’as pas idée, en Irak, d’être Femme et militante des droits de l’Homme.

Toutes. Belles. Jeunes. Affichant ce mode de vie occidental qu’ils exècrent. Défiant le conservatisme dominant.

Tara. Poussant le bouchon jusqu’à s’être présentée à des concours de beauté. Osant te décrocher la timbale. Récidivant ! Passant de Miss Bagdad à Miss Irak. Devenue icône. Faisant vivre toutes les autres par procuration. Sur Instagram. Viens. Goûte un peu avec moi à la saveur de la liberté.

Tara l’inconsciente. Qui croyait peut-être qu’ils la laisseraient faire.

A qui le tour ?

Marina Jaber. Toi qui enfourches ton vélo. Sans voile. D’un jean vêtue. Qui serpentes les rues de Bagdad. A dessein.

Continue, Marina.

Mais nous, prenons soin d’elles. Ne regardons pas de haut le courage insigne dont elles font preuve. Parlons d’Elles.

Rasha al-Hassan, propriétaire et directrice du Viola Beauty Center à Bagdad, qui était retrouvée morte chez elle.

https://twitter.com/Tabrizfarsi/status/1045997351528214529/photo/1

 

Sarah Cattan

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