Apologie du terrorisme : 30 mois de prison ferme

Interpellé par le Raid le 10 décembre dernier, l’islamiste extrémiste de Pamiers a comparu hier au tribunal correctionnel de Foix. «Je suis fou», a-t-il expliqué au juge. Malgré l’absence d’expertise psychiatrique, il a été condamné à 30 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.palais_justice_foix

«Je vais vous massacrer. Je me sens comme un voyageur qui attend impatiemment son départ et j’espère ramener beaucoup de monde avec moi.» Tel est le bref extrait des très nombreuses phrases diffusées via Facebook qui ont suscité l’interpellation par le RAID, le 10 décembre dernier, de l’islamiste extrémiste de Pamiers. Accusé d’apologie du terrorisme et de menaces de mort en raison de la religion, ce trentenaire a comparu hier après-midi devant le tribunal correctionnel de Foix. Dans un état second, certainement imputable à la prise de médicaments en détention, il a tenté de s’expliquer sur le florilège de propos extrémistes qu’il a tenus sur ses 78 pages Facebook en accès public. Les Juifs, les Français, Daesh, Ben Laden, Mohammed Merah ou Charlie : tout – et son contraire – y passe.

«Oui, je suis dangereux»

Mais contre toute attente, c’est de Lille qu’est partie l’alerte. Voyant ce genre de phrases infamantes remonter dans son fil d’actualité, une dame est allée prévenir les gendarmes en pleine nuit. Quelques heures après, l’homme sera interpellé à Pamiers par le RAID. «C’est la direction générale de la police qui a contacté le SRPJ (service régional de police judiciaire) de Toulouse», rappelle Maëliss Vilamot, substitut du procureur.

Il faut préciser que seulement deux jours après les faits, en plus de la visite en Ariège de Bernard Cazeneuve, premier ministre, et Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, le lundi 12 décembre marque l’anniversaire du prophète. C’est dire si ces menaces ont été prises au sérieux. «Mais que vouliez-vous faire ?», interroge Hervé Barrié, président du tribunal. «Je voulais juste que Dieu prenne mon âme, répond l’accusé. J’ai dérapé… Ma mère m’a toujours dit de me faire soigner, elle avait raison : quelque chose ne va pas chez moi. Je suis devenu un fou, un parano, un psychopathe… Oui, je suis dangereux mais j’ai besoin de me faire soigner Monsieur le juge.» Une dangerosité corroborée par les services de l’administration pénitentiaire qui «craignaient un passage à l’acte», note Maëliss Vilamot.

«L’antéchrist et les extraterrestres»

Pourtant, l’expertise psychiatrique requise par le parquet à l’occasion de sa première comparution immédiate, qu’il avait refusée peu après les faits, n’a pas pu être menée lors de sa détention à la maison d’arrêt de Seysses. Eu égard aux incidents récurrents en seulement quelques semaines, l’homme a été placé en quartier disciplinaire. Et le jour de l’expertise, les visites n’étaient pas autorisées.

«Alors on s’arrête là ?, s’époumone Me Fabbri, avocat de la défense. Dans un tel dossier, on ne peut pas faire l’économie de cette expertise ! Même s’il y a un contexte, dans notre société on ne juge pas quelqu’un sans savoir s’il est fou ou pas. S’il est accessible à une sanction pénale ou pas.» Rappelant au passage le «clou de l’incohérence» de son client. «Quand on finit sur l’antéchrist et les extraterrestres, on comprend que l’on a dépassé les limites de la conscience et du bon sens !» Un passé émaillé par des agressions sexuelles et un mariage forcé pourraient d’ailleurs expliquer, en partie, ce discernement plus qu’altéré, selon la défense.

Maëliss Vilamot a requis quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt et la cour a refusé la demande de renvoi pour l’expertise psychiatrique formulée par Me Fabbri. L’homme écope ainsi de 30 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

Source ladepeche

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