Tsunami politique et frappes en Syrie, par Maxime Pérez

En plein tsunami politique, l’aviation israélienne a mené de nouvelles frappes contre des cibles militaires du régime d’Assad. Le timing a crée un début de polémique.  

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Carte de la Syrie montrant la localisation du centre de recherches de Jamraya touché par une frappe israélienne et le plateau du Golan / AFP

La scène se déroule lundi, dans les bureaux du journal Israel Hayom. Quelques instants après l’annonce d’une attaque israélienne en Syrie, Amos Regev, rédacteur en chef du quotidien pro-gouvernemental réunit ses équipes : « Parfois, comme dans un film, on bascule en une scène du calme à la guerre. Nous sommes à l’aube d’une guerre. Et nous allons la gagner, soyons clairs ! Il y a deux heures, nous avons lourdement bombardé Damas et dans les prochaines heures, Dieu seul sait ce qu’il va se passer. »
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Benyamin Netanyahou

Les propos d’Amos Regev, un proche du cabinet Netanyahou, ont interloqué les employés du journal. Pensant que celui-ci était informé de quelque chose de grave qu’ils ignoraient, certains ont délibérément propagé le contenu de la réunion. Le plus étonnant est que c’est le Haaretz, ennemi juré d’Israel Hayom, qui s’en est  fait l’écho. L’analyse est implacable : dans ses colonnes, le quotidien de gauche fustige une décision irresponsable de Benyamin Netanyahou. Pire, un acte à visée électorale. Le premier ministre israélien cherchait, à en croire le Haaretz, à déclencher une guerre avec le voisin syrien et son allié du Hezbollah pour se poser en leader incontournable aux yeux de l’opinion israélienne.
Cette théorie complotiste est au mieux partisane, au pire totalement farfelue. Elle s’inscrit, à l’évidence, dans la campagne « anti-Bibi » que la gauche israélienne semble avoir inscrite dans sa profession de foi en vue des prochaines élections anticipées. Pour les besoins de la cause, autrement dit pour faire tomber Netanyahou, tous les coups sont permis.
Car évidemment, difficile de croire que le premier ministre israélien sortant ait agi de son propre chef, sans concertation avec l’appareil sécuritaire, voire qu’il ait dicté la conduite de cette opération spéciale. A vrai dire, le processus est totalement inverse. Quand le Mossad a su que deux avions-cargos remplis d’armes avaient décollé de Téhéran en direction de Damas, il a immédiatement alerté les renseignements militaires israéliens (Aman), lesquels ont organisé la traque des cargaisons jusqu’à leur arrivée dans des hangars militaires du régime syrien. C’est à ce moment là que Benyamin Netanyahou et son ministre de la défense, Moshé Yaalon, ont été alertés d’un probable nouveau transfert d’armes à destination du Hezbollah. C’est en ayant connaissance de plans opérationnels précis – présentés par le commandement de l’aviation israélienne -, et uniquement dans ce cadre là, que le chef du gouvernement israélien a pu trancher.
Ce protocole en apparence simple ne répond à aucun agenda politique mais à des règles de jeu tacites qu’Israël a établi avec l’axe irano-chiite incarné par le pouvoir syrien et les gardiens de la révolution. En d’autres termes, toute tentative de livraison d’armes sophistiquées vers le Hezbollah – y compris chimiques -, à même de bouleverser l’équilibre des forces avec Israël, doit entrainer une réponse militaire immédiate de Tsahal. Comme ce fut le cas depuis 2011, les récentes frappes sur Damas et sa périphérie répondent à cette logique, et non à la dissolution de la Knesset ou aux intérêts politiques d’un premier ministre israélien dont une partie de la classe politique souhaite la tête.
Maxime Pérez
M PEREZ

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