Task Force Lafayette : Des ex-militaires français partent au Kurdistan irakien pour combattre l’État islamique.

Une quinzaine d’anciens militaires français âgés de 23 à 55 ans, ayant pour la plupart servi en Afghanistan ont choisi de rejoindre le Kurdistan irakien pour aller combattre Daesh aux côtés des Peshmergas.

Logo propriété d’ASET PROTECTION SAS
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Il ne s’agit ni de barbouzes, ni de mercenaires, mais d’hommes et femmes volontaires, scandalisés par les massacres perpétrés par les djihadistes et exaspérés par l’inertie et les tergiversations occidentales face au fléau que représente Daesh.
Ils ont choisi d’appeler leur groupe Task Force Lafayette, du nom de la brigade interarmes déployée de 2008 à 2012 dans les districts de Kapisa et Surobi en Afghanistan qui a fait un travail remarquable et qui a permis le développement rural de la région, la délivrance des services de bases dans les secteurs de la santé et de l’éducation, l’électrification et la reconstruction de l’Etat de droit.
Rappelons que l’engagement en Afghanistan au sein de toutes les unités ayant participé à la Task Force Lafayette et ses GTIA (Groupement Tactique Interarmes) a coûté la vie à 88 militaires français.
Insigne de la Brigade La Fayette en Afghanistan. wikipedia
Insigne de la Brigade La Fayette en Afghanistan. wikipedia

Issus de l’Armée de terre, de la Marine nationale, de l’Armée de l’air ou des forces spéciales, les volontaires de la Task Force Lafayette déclarent n’être ni des mercenaires, ni des fous de guerre, mais seulement ne plus supporter de voir l’horreur sans rien faire.
Ils affirment n’avoir aucune motivation politique ou religieuse et se dissocient de toutes les milices chrétiennes, telle que Dwekh Nawsha.
L’engagement volontaire d’anciens militaires français n’est pas un cas unique.
Des ressortissants américains et britanniques, militaires ou non, ont également choisi de partir combattre l’Etat islamique en Irak et en Syrie aux côtés des kurdes.
Le but est d’apporter une expérience militaire, une expertise stratégique, un soutien logistique et financier.
A l’origine du projet Task Force Lafayette, un certain Guekko dont l’identité reste secrète, un jeune homme d’environ 25 ans, qui serait spécialisé dans les télétransmissions et qui aurait quitté l’Armée de terre pour des raisons personnelles.
« Je voyais déjà des vidéos de propagande, de viols, de lapidation… C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’on ne pouvait pas rester les bras croisés. »
Le jeune homme en parle autour de lui et le projet se concrétise en juin 2015.
À l’aide d’un ami parti faire de l’humanitaire au Kurdistan, il parvient à rentrer en contact avec le chef d’une unité kurde qui commande 120 soldats.
Guekko explique que si près de 1200 ressortissants français ont rejoint le groupe terroriste, il veut montrer au monde que « tous les français ne sont pas comme ça. »
« Ce n’est pas un départ définitif, ni un suicide collectif. Nous ne sommes pas fous. Nous avons eu une vie avant, nous en aurons une après » commente Guekko.
La Task Force Lafayette prévoit des missions de quatre à douze mois.
Certains volontaires vont quitter femme et enfants, devoir poser des congés sans solde, voire démissionner.
« On a l’intime conviction que c’est notre devoir » déclare à Europe 1 un ancien parachutiste qui se fait appeler Ach.

Un appel aux dons pour récolter le financement

de leur mission volontaire.

Les volontaires de la Task Force Lafayette comptent sur leurs deniers personnels mais ont lancé un appel aux dons pour trouver les 40.000 € nécessaires au financement de leurs équipements.
Il faut compter environ 2 800 € par personne. De quoi payer le billet d’avion et le matériel de protection balistique, ainsi que le matériel de transmission et une GoPro pour filmer.
Les armes seront fournies par les Peshmergas. Certaines seront sans doute d’origine française étant donné que ces derniers ont reçu des mitrailleuses et des missiles Milan dans le cadre de l’aide livrée par Paris.
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Lancé il y a quelques semaines, l’appel aux dons sur www.leetchi.com a déjà permis de collecter 32 134 €.
Si la loi française interdit d’être mercenaire, c’est-à-dire recruté et rémunéré, rien n’interdit en revanche d’être volontaire, même si le Quai d’Orsay déconseille de se rendre en Irak ou en Syrie.
Outre les donateurs, la Task Force Lafayette a reçu des centaines de messages sur sa page Facebook.
Trois français sont déjà sur place pour préparer l’arrivée de la Task Force Lafayette et faire du repérage.
Le gros de la troupe devrait partir en décembre, en avion depuis l’Allemagne.
Au cours de ces derniers mois, la DGSI a approché les volontaires de la Task Force Lafayette pour connaître son intention.
« Et quand ils ont compris qu’on n’allait pas côté terroriste, ils nous ont dit qu’on resterait en contact », précise Guekko.
On comprend que les informations et les films recueillis peuvent intéresser la DGSI.
Les volontaires risquent en revanche de passer par la case DGSE pour un débriefing à leur retour.
Contactés par Le Figaro, les ministères de l’Intérieur et de la Défense n’ont pas souhaité commenter l’initiative du groupe.
Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au CNRS, craint qu’aller combattre aux côtés des kurdes n’accrédite le discours de l’Etat islamique selon lequel ils seraient les valets de l’Occident.
Mais dans la volonté émotionnelle de se battre, leur initiative est louable.
Pascale Davidovicz
Sources : opex360.com – ecpad.fr – ouest-france.fr – europe1.fr – ambafrance-af.org – defense.blogs.lavoixdunord.fr – lefigaro.fr
 

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