Omar Barghouti et le BDS interdits d’entrée aux Etats-Unis. Sarah Cattan

Ils ont osé ! Les Etats-Unis ont refusé l’entrée sur leur territoire à Omar Barghouti, le cofondateur du mouvement palestinien Boycott, Désinvestissement, Sanctions.

Du coup, Omar Barghouti n’a pas été autorisé mercredi en Israël à embarquer dans un vol à destination des Etats-Unis : la pauvre victime devait participer à des conférences à Harvard et à la New York University.

C’est vrai que déjà, jeudi, ça s’annonçait mal pour lui : sa campagne de pression avait été qualifiée d’antisémite par le nouvel émissaire américain pour la lutte contre l’antisémitisme, Elan Carr, qui venait juste de prêter serment et annonça illico… la couleur : Une personne peut choisir d’acheter ou ne pas acheter ce qu’elle veut. Mais s’il s’agit d’un mouvement organisé pour étrangler économiquement l’Etat d’Israël, c’est antisémite, avait-il précisé. Reconnaissant devant la presse qu’il était tout à fait normal de pouvoir critiquer la politique d’un pays dans une démocratie, Elann Carr avait estimé que critiquer Israël comme on ne le ferait pas pour un autre pays dans des circonstances similaire était aussi de l’antisémitisme.

La nouvelle victime a dénoncé aussitôt, via un communiqué, une interdiction d’entrée américaine le visant malgré des documents de voyage en règle, et a assimilé cette interdiction idéologique et politique comme faisant partie de la répression croissante d’Israël contre les défenseurs des droits humains palestiniens, israéliens et internationaux au sein du mouvement BDS pour la liberté, la justice et l’égalité.

Double peine : voilà qu’On allait l’empêcher de surcroît d’assister au mariage de sa fille aux Etats-Unis, poursuivit notre homme, qui se dit blessé, mais pas découragé.

A quoi Robert Palladino, porte-parole de la diplomatie américaine, rétorqua sans ambages que les Etats-Unis ne motivaient pas leurs décisions concernant les visas dans des cas individuels. Sans expliquer pourquoi l’entrée avait été interdite à Omar Barghouti, il ajouta que la loi américaine n’autorisait par le refus de visa uniquement sur la base de déclarations ou d’opinions politiques si ces déclarations ou opinions étaient considérées légales aux Etats-Unis.

 Illégal de facto, le mouvement BDS. Qui ne fait qu’appeler au boycott économique, culturel ou universitaire de l’Etat hébreu, et notamment à ne pas acheter de produits venant des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.

Aussitôt, Al Jazeera dénonça le traitement inique infligé à cet éminent défenseur palestinien des droits de l’homme qui se rendait aux États-Unis à l’invitation de l’Arab American Institute à Washington pour prendre la parole sur les campus de l’Université de New York et d’Harvard, ainsi qu’avec des décideurs et des journalistes, avant d’assister au mariage de sa fille qui vit aux États-Unis.

Ça tira tous azimuts : Le régime d’extrême droite d’Israël ne se contentait pas de poursuivre son ancien système d’occupation militaire, d’apartheid et de nettoyage ethnique, qui datait de plusieurs décennies. Voilà qu’il sous-traitait de plus en plus sa répression scandaleuse et maccarthyste aux États-Unis ! Shame !!!!

Quant au Président de l’AAI, James Zogby, qui se trouva privé des bonnes paroles de son conférencier, il déclara que le refus d’entrée d’Omar aux États-Unis était le dernier exemple du mépris de l’administration Trump pour ces droits. Il voyait dans cette décision politique arbitraire les efforts de cette administration pour faire taire les voix palestiniennes.

Au moins 27 États américains avaient adopté des lois pour combattre l’activisme BDS, s’époumona Palestine Legal, par la voix de son avocate Zoha Khalili. Laquelle pointa les efforts déployés pour bloquer la tournée de conférences d’Omar Barghouti : ils témoignaient d’un rapprochement de deux importantes pressions gouvernementales qui avaient pris de l’ampleur sous l’administration Trump : la politisation de nos frontières et la pression pour censurer et punir le mouvement pour les droits palestiniens. La liberté d’expression est attaquée afin de protéger les violations des droits de l’homme de la critique, poursuivit-elle.

Aux Etats-Unis, alors que le Maryland par exemple a interdit aux entreprises de conclure des contrats avec des entreprises qui boycottaient Israël, le Sénat lui-même avait adopté un projet de loi anti-BDS qui permettrait aux gouvernements des États et des villes de résilier des contrats avec des entités américaines qui soutenaient le mouvement BDS, et la semaine dernière, la Knesset d’Israël avait adopté un vote préliminaire sur un projet de loi qui autoriserait les Israéliens à intenter un procès à toute personne et tout groupe appelant au boycott des colonies de peuplement du pays. Avec cette loi, le demandeur n’aura aucun besoin de prouver l’existence de dommages précis, et l’indemnisation pourra monter jusqu’à 500 000 shekels, soit plus de 120 000 €.

La France ? Oh. Des voix ne manqueront pas de s’élever et de dénoncer ce traitement inique.

Barghouti ? Il dit vivre cela comme un signe que la campagne mondiale pour le boycott d’Israël avait gagné une telle popularité que ses adversaires devaient recourir à des mesures désespérées pour enrayer sa progression. Il appelle à la fin de la complicité américaine avec les crimes israéliens contre son peuple. Surtout, il annonce qu’il débattra … via un écran.

Ouf.

J’ai eu peur.

Sarah Cattan

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