Métier Photographe de guerre. Sarah Cattan

Cette année, les juges du World Press Photo 2019, concours basé à Amsterdam, ont sélectionné les gagnants parmi quelque 78 801 images soumises par 4 738 photographes du monde entier.

L’image d’une fillette en pleurs à la frontière mexicaine a gagné Le World Press Photo 2019. C’est John Moore, le photographe de Getty Images, qui remporte le prix de la photo de l’année avec le cliché de Yanela, cette fillette hondurienne arrêtée avec sa mère Sandra à McAllen, Texas, par un policier américain.

C’est le 12 juin 2018. La mère et l’enfant ont navigué sur le Rio Grande depuis Mexico après avoir voyagé illégalement depuis un mois à travers l’Amérique centrale. Elles voulaient demander asile aux États-Unis. John Moore les photographie au moment où elles sont arrêtées.

Face à l’émoi général créé par la photo, le service américain des douanes et de la protection des frontières avait précisé que Yanela et sa mère avaient été détenues par les Patrouilles américaines aux frontières avant d’être envoyées dans un centre de traitement puis d’être libérées des semaines plus tard dans l’attente d’une demande d’asile. L’administration Trump abandonna le 20 juin, sous la pression publique et celle des législateurs, son projet controversé de séparation des enfants de leurs parents à la frontière mexicaine avec les États Unis.

John Moore

Tous nous savons qu’il est des photographes engagés. Qui nous racontent, nous montrent, nous expliquent, via leurs photos. Qui valent bien des mots. Souvenez-vous : Shah Marai était de ceux-là.

John Moore est de la même trempe. Il a parcouru 65 pays et cinq continents pendant 17 ans puis il s’est posé. A la frontière américano-mexicaine. Observant depuis 2008 les migrants qui tentent de rentrer aux États-Unis. Le sujet des mouvements migratoires, John Moore entend le montrer autrement que ne le font les statistiques. Il observe. Il sait, lui, ce que Cartier Bresson appelait l’instant décisif. Nul voyeurisme dans ses clichés. Juste un questionnement. Comme pour répondre à cet instant odieux où, le 5 avril précisément, Donald Trump venait crier, à Calexico : Désolé les gars. On est complet.

Pour les jurés de la prestigieuse récompense, ce cliché bouleversant illustre une violence d’un autre type, une violence psychologique. Je pouvais voir la peur sur leurs visages, dans leurs yeux, avait confié à une radio américaine John Moore. Il expliqua avoir pris la photo quand Sandra Sanchez posa la fillette au sol, le temps d’être fouillée : L’enfant se mit à pleurer. J’ai mis un genou à terre et j’avais très peu de temps avant que cet instant ne soit fini, poursuivit le photographe. Je voulais raconter une autre histoire. C’était pour moi une possibilité de montrer une image de l’humanité qui souvent n’apparaît que dans des statistiques. Je pense qu’un sujet comme celui-là, les questions d’immigration, trouve un écho au-delà des Etats-Unis, dans le monde entier.

La question de l’immigration fut également mise en lumière dans la catégorie World Press Photo Story of the Year Award et récompensa une série de photos prises en octobre 2018 par Pieter Ten Hoope, lequel retraça le parcours de nombreuses familles ayant quitté le Honduras à bord d’une caravane afin de se rendre aux États-Unis : Ces clichés témoignent d’un sens de la dignité élevé, déclara un des membres du jury.

Pour info :

Le prix Environnement fut décerné à Brent Stirton pour un reportage co-produit par Le Figaro Magazine et Le National Geographic.

Le Premier prix dans la catégorie General News récompensa un cliché de l’australien Chris McGrath : La disparition de Jamal Khashoggi.

Voilà. Ceux-là ne photographient pas une star ou telle famille princière. Eux témoignent. Cela leur coûte. Giles Duley raconta le mélange de dégoût de soi et de désarroi qui le saisit au moment où il décida d’immortaliser les enfants victimes de la guerre à Mossoul. A ceux-là, incombe une si grande responsabilité. Ils

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