La chronique de Pascale Davidovicz : Les Balkans, carrefour de la terreur djihadiste

Nos amis italiens du site informazionecorretta.com ont attiré mon attention en reprenant un article publié dans le quotidien La Stampa intitulé « Les carrefours de la terreur », l’analyse  de Lorenzo Vidino, directeur du programme sur l’extrémisme au sein de l’Université Georges Washington.

L’explosion de la ferveur djihadiste en Albanie.

Méconnu et ignoré, le courant djihadiste qui a vu le jour au sein de la population de langue albanaise suscite une vive préoccupation dans les services antiterroristes européens, principalement italiens, mais aussi américains et moyen-orientaux.

La propagande sur Internet et des imams radicalisés et charismatiques recrutent dans la communauté albanaise de la diaspora européenne, Italie comprise.

L’Italie s’en inquiète, et pour cause, Brindisi n’est qu’à 188 km de Tirana par la mer. L’antiterrorisme italien craint que l’Albanie ne devienne ce que la Belgique est pour la France : une base arrière pour des attaques terroristes.

carte.

Beaucoup de « combattants » européens sont passés par Tirana, la capitale de l’Albanie, et par Pristina, la capitale du Kosovo.

Certains occupent des responsabilités importantes dans la milice du prétendu califat.

Les réseaux islamistes radicaux se multiplient

dans les Balkans.

Avec la fin du communisme – période pendant laquelle l’Albanie était l’unique nation à s’être officiellement déclarée athée – les Balkans devinrent une terre de prosélytisme wahhabite.

Arrivés pour fournir de l’aide humanitaire, les pays du Golfe en profitèrent pour créer des mosquées, des centres d’études et divulguer un militantisme islamique.

Les pétrodollars commencèrent à attirer les plus jeunes, pauvres et désœuvrés, vers le message du wahhabisme et les opportunités qu’il leur offrait.

Une nouvelle génération d’imams s’est formée grâce à de généreuses bourses d’études au sein des écoles fondamentalistes de la péninsule arabique.

Une fois revenus dans leurs pays, les imams ont trouvé des mosquées construites avec les deniers des états arabes du Golfe (une centaine rien qu’au Kosovo) et purent répandre leur venin djihadiste.

Vingt ans plus tard, la dynamique produit ses fruits et les combattants des Balkans prennent la route de la Syrie.

La Bosnie serait la plus fanatique et menacerait la sécurité de l’Union Européenne, et le Kosovo aurait le nombre le plus élevé de djihadistes présents en Syrie rapporté à sa population.

Selon des chercheurs du King’s College de Londres, plus de 600 personnes originaires des Balkans occidentaux se battraient actuellement en Irak et en Syrie.

Des départs massifs qui témoignent de la fragilité de sociétés économiquement sinistrées et de pays qui peinent à tourner la page de l’après-guerre qui dure depuis deux décennies.

Depuis quelques mois, les opérations policières contre des réseaux islamistes radicaux se multiplient dans les pays des Balkans.

Après avoir longtemps sous-estimé la menace, les gouvernements de la région semblent s’être décidés à intervenir.

Pourtant des signes inquiétants se multiplient dans les Balkans et les réseaux ne sont pas détruits.

La route de la kalachnikov.

L’Albanie n’est pas seulement un carrefour djihadiste, elle est aussi un carrefour de trafic d’armes.

En 1997, quand l’Albanie est ruinée par la corruption liant le gouvernement à la mafia, c’est le chaos.

Les arsenaux sont dévalisés à dos de mulet et 500 000 armes, dont 250 000 kalachnikov, se retrouvent dans la nature au plus offrant.

L’Albanie deviendra le plus gros fournisseur d’armes à Marseille, on en connaît le résultat dans les règlements de comptes.

La route de la kalachnikov passe par les Balkans : l’Albanie, le Monténégro, la Bosnie Herzégovine, la Serbie qui est en pourparlers d’adhésion à l’Union Européenne et la Croatie qui en est déjà membre, pour finir sa course en Hongrie, en Autriche, en Allemagne, en Hollande, au Luxembourg et en France.

La plupart des armes utilisées par les terroristes lors des attentats dans l’Union Européenne provient des Balkans.

En témoigne l’arsenal saisi par la police française au lendemain des attentats.

La kalachnikov la plus répandue, la M70 à crosse rétractable ou pas, vient maintenant à 70 % de Serbie, où elle continue d’être fabriquée par l’usine Zastava, ancienne usine de voitures.

Au Bataclan, ce sont 6 kalachnikov M70 venues de l’usine Zastava en Serbie qui ont servi.

La Bosnie Herzegovine est aussi un gigantesque réservoir d’armes et un repère de djihadistes depuis plus de 20 ans.

Elle a fourni des djihadistes en Tchétchénie, en Irak et en Syrie.

Il n’y a que 4 scanners dans toute la France pour détecter les armes dans les voitures aux frontières.

Pascale Davidovicz

Sources : informazionecorretta.com – www.rfi.fr – www.lexpress.fr – www.courrierdesbalkans.fr – canalplus.fr

 

 

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2 Comments

  1. En attendant, le plus grand “repère” de djihadistes c’est la France et la Belgique qui à eux deux fournissent les plus gros contingents et totalisent plus de 5 millions de musulmans maghrébins en majorité sur leur sol…

  2. « L’antiterrorisme italien craint que l’Albanie ne devienne ce que la Belgique est pour la France : une base arrière pour des attaques terroristes ».

    Aucune comparaison (pour l’instant…) avec la Belgique. L’Albanie est (comme le Kosovo et La Bosnie-Herzégovine) un pays à majorité et gouvernance musulmanes au sein de l’Europe.
    De prêcheurs salafistes de souche locale y font comme chez eux (normal…) auprès de portions importantes de la population.

    Rappelons que des « intellectuels auto-proclamés » (c’est à la mode…) nous gavaient, encore récemment, avec la victimité de ces populations, sous-entendant une culpabilité occidentale dans leur sort.
    Un exemple parmi d’autres étant le nanar cinématographique de sa boursouflure sérénissime BHL « Bosna », prêchi-prêchant ceci et cela comme droits inaliénables de ces populations.

    Nul doute aujourd’hui que leur donner de droits fut au détriment des nôtres et c’est loin d’être fini.

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