La chronique de Pascale Davidovicz. La «tactique du boucher» ou la stratégie de la «seconde lame».

Boko Haram fait des émules chez Daesh.

Une menace pour la France.

Le mode opératoire du groupe terroriste salafiste Boko Haram, appelé la « tactique du boucher », qui sème la terreur en Afrique de l’Ouest, comme au Cameroun, au Niger et dans le nord-est du Nigeria depuis des années sous la direction de son chef Abubakar Shekau, a été adopté par Daesh auquel il a fait allégeance.

« C’est bien plus structuré qu’on ne le pensait. Ce mouvement sait manoeuvrer militairement » confie une source diplomatique française.

Capture d'écran d'une vidéo diffusée par Boko Haram le 20 janvier 2015, montrant le leader du groupe islamiste Abubakar Shekau
Capture d’écran d’une vidéo diffusée par Boko Haram le 20 janvier 2015, montrant le leader du groupe islamiste Abubakar Shekau

« Il y a peut-être une part d’improvisation dans tout cela, mais il y a aussi une vraie stratégie » estime un officier ouest africain.

« C’est une guerre bâtarde, tantôt asymétrique, avec des opérations kamikazes ou des enlèvements, tantôt conventionnelle, avec des assauts coordonnés » note un officier camerounais.

Au Cameroun, avant de se lancer à l’attaque du camp militaire d’Amchidé, ils avaient envoyé aux militaires camerounais un faux informateur chargé de tromper leur vigilance en les prévenant d’une attaque dans un autre village.

Puis l’assaut a été donné à deux endroits différents dans le but de disperser les forces camerounaises.

D’abord des Peugeot 504 bourrées d’explosifs conduites par des hommes destinés à la mort, puis trois chars d’assaut et plusieurs centaines d’hommes armés de kalachnikovs.

Les rescapés des massacres évoquent des hommes « ensorcelés », « possédés », « assoiffés de sang » et probablement drogués. Voire des déficients mentaux.

Plus forts que les nazis qui les gazaient, les islamistes eux, ils les utilisent en bombes humaines !

La plupart des assaillants ne sont pas en tenue de combat et ne sont pas des combattants, mais des civils que Boko Haram a capturés et drogués.

Nombre d’observateurs pensent qu’il en est de même pour les kamikazes, comme la fillette de 10 ans qui s’est faite sauter sur un marché de Maiduguri au Nigeria début janvier.

« Nous avons une idée assez imprécise de l’organisation de ce groupe » indique-t-on au ministère de la Défense.

Les services de renseignements occidentaux estiment que Boko Haram compte entre 6 000 et 7 000 combattants, mais c’est une évaluation « au doigt mouillé » reconnaît un officier français chargé du renseignement.

Un double attentat à Bagdad.

Le dimanche 28 février dernier, le marché du quartier de Sadr City et un poste de l’armée proche de la capitale irakienne ont été visés par un double attentat revendiqué par l’Etat islamique avec la bonne vieille méthode de Boko Haram.

Toujours selon la tactique que j’ai appelée la « seconde lame ».

Deux explosions ont lieu dans le marché situé dans un quartier à majorité chiite de l’est de Bagdad alors qu’il était noir de monde.

Une première bombe explose, puis ce sont deux hommes sur une moto qui se font sauter lorsque la foule s’est précipitée sur le lieu du premier attentat.

Dans le même temps, l’Etat islamique lance une violente attaque avec plusieurs hommes armés à bord de véhicules contre un poste de l’armée à 25 km de Bagdad.

Il s’agit d’un des attentats les plus meurtriers dans la capitale irakienne depuis le début de l’année.

Les attentats à Paris du 13 novembre 2015

étaient-ils une répétition ?

 Certes, il est peu probable que des terroristes puissent arrivés armés de kalachnikovs dans des chars ou des pick-up quelque part en France.

Le Comptoir Voltaire après l'attaque terroriste, le 13 novembre 2015
Le Comptoir Voltaire après l’attaque terroriste, le 13 novembre 2015

Cependant, tout porte à croire que la méthode est bien élaborée et peut être adaptée aux nations européennes, et principalement à la France.

La multiplicité des attaques simultanées du 13 novembre dernier visait à provoquer la panique et la dispersion des forces d’intervention et de secours.

Mais ce n’est pas tout.

Quand j’ai comparé la tactique mise en œuvre à Paris avec celle que Boko Haram pratique en Afrique de l’Ouest, la similitude m’est apparue évidente et ressemblait à une véritable stratégie.

Le but est de viser plusieurs cibles, éparpiller les secours et les forces de l’ordre et regrouper un maximum de personnes avant de frapper à nouveau pour la « seconde lame ».

Un entraînement en sorte, mais qui n’a pas été concluant parce que certains des terroristes n’ont pas pu pénétrer au Stade de France.

Attention piège ! 20 minutes, c’est exactement

ce qu’il leur faut pour faire un carnage.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve qui a déclaré que le niveau de menace terroriste n’a jamais été aussi élevé, souhaite qu’il y ait des forces d’intervention rapides à moins de 20 minutes de distance de n’importe quel point du territoire.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve

Je ne trouve pas judicieux de révéler publiquement ce genre d’information.

Les terroristes sauront dorénavant qu’il leur faudra attendre 20 minutes.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a déclaré quant à lui très justement que « Le rapprochement entre Daesh et Boko Haram est un risque majeur » et a précisé qu’il avait dit dès 2014 que le risque d’une implantation de Daesh en Libye était réel.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian

C’est fait. Ses membres sont maintenant à Syrte et ils occupent 350 kilomètres de côtes.

Face à l’Italie, face à la Grèce et face à nous.

Pascale Davidovicz

Sources : Rémi Carayol pour jeuneafrique.comlemonde.frlefigaro.fr

 

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