Israël : nos amis à Washington nous ont vendus

Israël a immédiatement fait monter la pression vendredi après la conclusion d’un accord-cadre entre l’Iran et les grandes puissances sur le nucléaire, exigeant que la République islamique reconnaisse son droit à l’existence dans tout texte définitif.

Drapeaux américain et israélien (Crédit : Flash 90)

Après avoir consulté ses principaux ministres lors d’une réunion du cabinet de sécurité, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’un des plus ardents détracteurs des négociations avec l’Iran, a promis de continuer à peser pour obtenir un meilleur compromis que l’accord d’étape annoncé jeudi en Suisse.
“Certains disent que la seule alternative à cet accord, c’est la guerre”, a dit M. Netanyahu cité par ses services, “ce n’est pas vrai. Il y a une troisième possibilité: rester ferme, accroître la pression sur l’Iran jusqu’à ce qu’on parvienne à un bon accord”.
“Israël exige que tout accord final avec l’Iran inclue une reconnaissance iranienne claire et sans ambiguïté du droit à l’existence d’Israël”, a-t-il ajouté.
Une telle reconnaissance paraît plus qu’aléatoire de la part d’un régime qui a fait de la négation d’Israël l’un de ses piliers. Les appels à la destruction d’Israël font partie de la rhétorique historique iranienne.
“Israël n’acceptera pas un accord qui permettrait à un pays qui promet de nous détruire de développer des armes nucléaires”, a avancé M. Netanyahu.

EN QUÊTE D’UN MEILLEUR ACCORD

Mais les options de M. Netanyahu, dont le pays est considéré comme le seul doté de l’arme nucléaire dans la région, sans qu’il le reconnaisse, sont limitées, estiment les experts. Les positions d’Israël l’ont marginalisé, disent-ils, et le pragmatisme est la seule voie possible.

 Pour eux, des frappes préventives contre les installations iraniennes semblent très invraisemblables malgré les propos de principe répétés jeudi par le ministre des Renseignements Youval Steinitz, un proche de M. Netanyahu, selon lesquels l’option militaire restait sur la table en dernier ressort.
M. Netanyahu a énuméré toutes les raisons pour lesquelles l’accord d’étape conclu entre l’Iran et six grandes puissances, dont le grand allié américain d’Israël, “menacerait la survie même de l’Etat d’Israël”.
Le Premier ministre a affirmé que cet accord ne forçait l’Iran à fermer aucune de ses installations, à ne détruire aucune centrifugeuse ni à arrêter la recherche sur des centrifugeuses plus perfectionnées.
Selon l’accord-cadre conclu avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Grande-Bretagne, France, Russie et Allemagne), l’Iran doit cependant réduire considérablement le nombre de ses centrifugeuses.
L’une des grandes inquiétudes d’Israël concerne aussi le retour en grâce, la légitimation d’un Etat qui, au-delà des appels à rayer Israël de la carte, soutient les grands ennemis entourant Israël: la Syrie, les mouvements Hezbollah au Liban et Hamas dans la bande de Gaza.

LES IRANIENS ONT RÉUSSI

“Nos amis à Washington nous ont vendus, ainsi que leurs autres alliés au Moyen-Orient”, analysait le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot.
Le texte de l’accord-cadre “montre combien les Iraniens se sont battus, et ont réussi, à conserver les éléments essentiels pour fabriquer des armes nucléaires”, ajoutait-il.
M. Netanyahu n’avait pas hésité à défier la Maison Blanche en allant le 3 mars dire devant le Congrès américain tout le mal qu’il pensait des tractations entre les grandes puissances et l’Iran. Cet épisode a contribué à l’une des pires crises dans les relations entre Israël et les Etats-Unis.
Pour Israël, l’une des options les plus solides réside précisément dans le soutien du Congrès. La majorité républicaine opposée à M. Obama a annoncé qu’elle persistait à réclamer un droit de regard sur tout accord final avec l’Iran. Une proposition de loi qui forcerait M. Obama à accorder au Congrès ce droit de regard (que la Maison Blanche refuse) attend d’être votée en commission.
Or, la veille de l’accord de Lausanne, M. Netanyahu recevait le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner.
Delphine Mathieussent

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