Etam ? Nasrin Sotoudeh, embastillée, va être fouettée. Sarah Cattan

Son visage me hante.

Son regard aussi.

Déterminé.

Nous n’avons rien fait pour Elle.

Pour Elles. Les Amel Zanoune.

Nous en savions pourtant qui en étaient mortes déjà.

De leur obstination. A refuser le voile.

Demain, qui encore ?

Amel Zenoune Zouani.

Et pendant que Nasrin Sotoudeh était embastillée, cet autre visage. Celui d’une sotte. Qui venait pleurnicher sous prétexte que La France l’empêcherait, l’idiote, de porter son voile.

Prise dans une injonction paradoxale, la donzelle. Prétendant porter voile. Et vendre de la lingerie.

Cherchez l’erreur.

Dans cette nouvelle Affaire.

Qui suivit celle du hidjab de course.

Qui suivait celle du burkini.

Lequel succédait à la découverte de Lallab. D’Attika Trabelsi. Madame Tout le monde. Madame Nobody. Qui intervenait dans une émission politique. Venue nous expliquer que nos discours sur le voile blessaient et violentaient ses semblables[1]. Lallab et ses ateliers pour habituer les petites filles à se voiler de la manière la plus orthodoxe.

Tout se mélange. Tout s’est accéléré. Tout nous est devenu… quasi… normal : ça s’appelle l’entrisme.

Le sieur Nekkaz. Le Voltaire algérien. Auquel évidement Pierre Liscia refusa de tendre la main. Lui reprochant ses positions passées. La défense du port de la burqa. Son soutien inconditionnel au sinistre Tariq Ramadan. Entre autres. Pierre victime d’une vague de menaces de mort depuis. Menaces dont la violence laissèrent la militante laïque Zineb El-Rhazoui, elle-même abonnée aux campagnes de haine sur les réseaux sociaux, bouche bée.  

Le sire Ramadan.

Le désormais tristement célèbre Aurélien Taché. L’anti-République bon chic bon genre. Et son serre-tête.

Et notre Belattar national qui s’en mêlait.

Tout ça.

Qui suit nos étouffements devant la mode qu’ils appelèrent, les hypocrites, pudique.

En même temps, spécialité de notre Président qui a juste oublié de s’occuper de ça. Notre Président qui reçoit une Latifa qui continue à aller, voilée, dans les écoles. Latifa nobélisable. Latifa que Le Printemps Républicain fit l’an passé Citoyenne de l’année.

Nasrin Sotoudeh,

En même temps donc qu’une péronnelle appelait à son secours le CCIF et autres associations, Nasrin Sotoudeh, l’avocate, était condamnée en Iran à 38 ans de prison[2] et 148 coups de fouet. Du fouet ! Quand même ! Au vu et au su du monde entier !

Pour avoir défendu ses semblables. Lesquelles refusèrent le dit voile.

Qu’il nous dise, L’humoriste fait Monsieur banlieue par son frère le Président Macron, s’il parlera seulement de dignité. Concernant Nasrin. L’éminemment digne.

Toi. Lui. Elle. Nous.

Responsables.

Pleutres.

Complices.

De s’être tus. Tous. Trop. Devant l’entrisme islamiste.

Voilà. A présent repentons-nous à bas prix avec le hashtag #FreeNasrin

Ça donne bonne conscience

Et le barreau peut bien s’y coller. Et Amnesty International aussi. Comme s’ils découvraient un ovni. Qu’il se taise, notre ministre des Affaires étrangères. Qu’il la boucle. Au lieu de dire que… La France était préoccupée… Par le sort réservé à Nasrin. Préoccupée ! Shame ! Lorsqu’on sait de surcroît que la jeune femme est à Evin. Etablissement connu pour ses conditions extrêmes de détention. Pour les tortures qui s’y pratiquent. Nasrin reconnue coupable d’incitation à la corruption et à la prostitution. De troubles à l’ordre public. De rassemblement contre le régime. D’insulte contre le Guide suprême. En fonction de l’article 134 du code pénal. Lequel article permettrait aux juges de dépasser la sentence maximale prévue par la loi lorsque l’accusé est sous le coup de plus de trois chefs d’inculpation. Voilà comment, sur décision du juge du Tribunal révolutionnaire de Téhéran, Nasrin Sotoudeh s’était pris… le max.

Quoi, elle avait été en 2012 lauréate du Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit.

Quoi, ce fut le Parlement européen himself qui lui remit ce prix?

Nasrin, elle milita contre la réélection d’Ahmadinejad.

Nasrin, elle prit position en faveur de manifestations féministes.

Nasrin qui aurait pu faire comme Toi. Comme moi : la boucler. De temps à autre la ramener. Lâchement. Pudiquement.

Là-bas, ils l’appellent l’activiste. Bientôt l’enragée. Qui entama elle aussi, comme Farhad Meysami, arrêté, lui, pour collusion et conspiration menaçant la sécurité de l’Etat, dissémination de propagande contre le pouvoir en place, insulte au hijab, un sacrement essentiel à l’islam et incitation auprès des femmes à se montrer dans la rue sans hijab… une grève de la faim. Le jour de son arrestation.

Enfin, the last but not the least, rappelons que l’Iran, nommé dès 2010 et re-nommée en 2015 au Comité des Droits des femmes aux Nations Unies, fut appelée à siéger et donc à statuer sur les violences faites aux femmes.  

Escomptant que Nous les entendrions de par le monde

Katia Bengana

Que nous serions sensibles au hashtag des iraniennes #MyCameraIsMyWeapon

Pour appeler toutes les femmes à se débarrasser de leur voile.

Pour s’insurger contre les abus de la police des mœurs.

Que nous serions sensibles à ces vidéos montrant la même scène : des femmes interpelant la Gasht-e-Ershad, la brigade de la police des mœurs. L’exhortant à laisser en paix les femmes jugées mal ou non-voilées en Iran. A ne plus les punir de … cours d’éducation à l’islam.

Martine Gozlan nous parla elle aussi[3] de Ce chiffon qu’en France les groupies étroitement bâchées de l’islamo-féminisme revendiquaient quasiment comme un droit de la femme, alors que les Iraniennes osaient désormais l’arracher. Au péril de leur liberté.

Elle nous dit comment la première dont on ait eu connaissance s’appelait Vida Mohaved. Vida qui  enleva son voile sur une avenue de Téhéran fin 2017. Qui écopa d’un mois de prison.

Elle nous parla de celles qui suivirent. Y compris une femme en tchador. Qui voulait prouver que le voile devait absolument être un choix. Et déjà la journaliste évoquait Narges Hosseini, toujours incarcérée, et son avocate, Nasrin Sotoudeh, qui avait fait elle aussi de longs mois de prison, et estimait que la caution exigée pour une libération était si exorbitante qu’elle équivalait à une longue réclusion. En réalité une furieuse bataille se joue toujours entre le président et les Gardiens de la dictature religieuse. Le voile est politique, à Téhéran comme ici. Bien sotte celle qui l’oublie, concluait ma consœur…

En même temps donc, Etam…

Qui céda.

D’emblée.

Mettant à pied, à titre conservatoire, la responsable de la boutique. En attendant de décider des mesures appropriées à la lumière de l’enquête en cours.

Car puisqu’il y eut crime, il y aura enquête. La jeune musulmane n’avait-elle pas déjà obtenu l’appui du toujours prompt CCIF. Lequel avait promis de venger l’affront : L’islamophobie est une réalité et un délit et nous ferons valoir les droits de cette jeune femme.

Lequel CCIF a même l’opportunité de se saisir des bons mots du Président lui-même. Faisant circuler cette video où Emmanuel Macron répond à une femme voilée: Si parce que vous portez un foulard vous n’êtes pas embauchée, c’est une discrimination à l’embauche. […]C’est sanctionné par la loi, il faut le dénoncer.

Moi qui ai l’esprit mal tourné

Qui vois dans tout ça une opération de testing. Ce test de discrimination qui a pu servir à titre de moyen d’investigation et dénoncer une situation de discrimination. Ici savamment détourné.

Pour rappel, conformément à la loi El Khomri de 2016, et alors que dans le secteur public, le voile est proscrit, les entreprises privées peuvent, dans leur règlement intérieur, interdire aux salariés qui sont en contact avec le public le port visible de tout signe politique, philosophique ou religieux sur le lieu de travail.

Moi qui ai donc l’esprit si mal tourné.

Qui serais un brin islamophobe.

Pas comme l’humaniste Annie Ernaux. Ecrivaine de son état. Qui s’empara aussitôt de sa plume[4] pour nous reprocher d’oublier, égoïstes que nous étions, la femme qui était derrière le voile.

Nous qui aurions oublié… la sororité.

Dame Ernaux donc qui fustigea cette violence, parce que sous couvert de défendre la liberté et l’égalité, dans les faits on tenterait de limiter le droit des femmes qui portaient le hijab, ici, à faire du sport, là à chanter dans un télé-crochet (Mennel), à militer (Maryam Pougetoux), à accompagner des enfants en sortie scolaire. […] Tout se passe comme s’il n’y avait personne sous le voile, finissait-elle, racontant que Elle, lorsqu’elle croisait une femme en hijab dans le bus ou à l’hypermarché, elle voyait quoi ? Elle voyait… le visage de son exclusion.

Pour info, allez relire ce qu’en disait, à la Fondation Varennes[5], Boualem Sansal : La France est une pièce essentielle dans le programme de domination planétaire de l’islamisme, asséna-t-il, dénonçant notre torpeur devant cette France en voie de faire allégeance au Califat : l’islamisme a gagné, à part quelques voix dissonantes qui s’époumonent dans le désert, rien ne s’oppose à lui, il a tout en main pour réaliser son objet.

Son objet ? Boualem Sansal de répéter le funeste programme islamiste: briser les résistances, éteindre les Lumières avec un grand L et installer les mécanismes d’une islamisation en profondeur de la société, l’islamisme ne commençant véritablement son œuvre qu’après le passage du rouleau compresseur de la terreur, puisqu’à ce stade la population sera prête à tout accepter avec ferveur, humilité et une vraie reconnaissance. Il raconta comment on en était là en Algérie, où le programme se déroulait bien, les islamistes travaillant comme à l’usine, contrôlant tout, surveillant tout, et déplora que la France ne sût toujours pas se déterminer par rapport à l’islamisme : est-ce du lard, est-ce du mouton, est-ce de la religion, est-ce de l’hérésie ? Nommer ces choses, elle ne sait pas, c’est un souci. Pendant ce temps, le boa constrictor islamiste a largement eu le temps de bien s’entortiller, il va tout bientôt l’étouffer pour de bon. Insouciante qu’elle est, la mignonne est allée faire amie-ami avec les gros cheikhs du Golfe que chacun sait être les géniteurs et les dresseurs du boa et surtout d’anciens redoutables détrousseurs de caravanes.

Boualem Sansal qui nous redit son inquiétude de voir notre grande nation laïque et avant-gardiste exhiber à tout bout de champ ses imams et ses muftis, ses pachas de l’UOIF, ses commandeurs du CFCM, et, pour la note moderne, deux trois sœurs cagoulées à l’arrière-plan : On croirait que la laïcité y a été abrogée par un édit du grand imam, conclut-il, fustigeant encore une fois l’armée des idiots utiles et des bienpensants, qui avec une poignée de considérations de patronages réussirent à la paralyser, notre France, et à la livrer aux islamistes à coups de slogans du type pas d’amalgame tu feras, islamophobe tu es si tu ne tends pas l’autre joue, paix, tolérance et soumission, tu pratiqueras avec tes agresseurs.

Pour info encore, allez relire Elizabeth Lévy. Laquelle dénonça[6] dans Causeur les Zones de non-France, racontant cette contre-société islamiste qui menaçait la République, dénonçant les concessions aux islamistes qui avaient fait qu’ un nombre croissant de quartiers passait peu à peu sous la férule d’une idéologie séparatiste et prévenant que cette contre-société menaçait les fondements même de la République : Un islam rigoriste, littéraliste et sécessionniste poursuit son entreprise de conquête et de contrôle des esprits musulmans en France. La guerre qu’il mène n’est pas faite de grandes offensives ni même de vacarme médiatique, c’est à bas bruit qu’il avance ses pions. Il grignote des territoires où il devient majoritaire, pratique l’entrisme là où il est déjà fort – RATP, stades, prisons, pour ne prendre que les exemples sur lesquels nous avons enquêté –, saisit les tribunaux pour intimider des intellectuels comme Georges Bensoussan et Pascal Bruckner, et fait tomber, jour après jour, des dizaines de ces petites citadelles mentales qui sont les avant-postes de notre monde commun. Les islamistes s’attaquent à ces mille riens qui font notre humeur collective, notre façon de vivre ensemble et d’habiter l’espace public. Ce projet politique n’aurait jamais pu emporter tant de victoires sans une incroyable accumulation de bons sentiments dévoyés, de complaisances intéressées, de lâchetés inavouées, d’aveuglement volontaire et d’une énorme dose d’imbécillité à visée électoraliste.

Mais Marlène est là. Every thing is under control

Don’t worry. Marlène Schiappa a tweeté : J’ai adressé un salut de sororité et de soutien de la France depuis la tribune des Nations-Unies à #NasrinSotoudeh féministe Iranienne emprisonnée, et aux courageuses militantes féministes dans le monde qui s’engagent parfois au péril de leur liberté. #CSW63 @franceonu

Alors quoi. Si Jean-Yves Le Drian dit… sa préoccupation, et qu’en même temps Marlène Schiappa chante sa sororité, c’est que je me soucie… de peu.

Sarah Cattan


[1] L’Emission politique. France 2. 9 janvier 2017.

[2] Elle en a déjà fait 5 ! Il en reste quelque 33 ! Une pécadille !

[3] Ces Iraniennes qui dévoilent leur courage. Martine Gozlan. Marianne. 21 février 2018.

[4] Soror Lila. Annie Ernaux. Libération. 13 mars 2019.

[5] 13 décembre 2016.

[6] 5 janvier.

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