Tristesse, mon Amie Marceline Loridan Ivens est partie, par Dominique Itzkovitch

TJ re-publie aujourd’hui l’hommage de Dominique Itzovitch à son amie Marceline Loridan Ivens, déjà paru ici à la mort de “sa rousse, sa coquine, sa petite flamme”…

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Je suis sous le choc….
Je l’aimais infiniment… comme beaucoup d’autres
J’aimais son audace, son esprit critique, son caractère balaganist,… titre d’un de ses livres… oui, elle avait eu cette vie balagan…
Elle était drôle, franche, n’hésitant pas à pousser ses coups de gueule, surtout quand on attaquait Israël…

Je me souviens d’une soirée chez l’AMI David… Elle s’est emportée contre une de mes amies, et elle avait raison… Il fallait défendre Israël…

L’antisionisme de certains Juifs  de gauche l’insupportait… Elle qui avait combattu  pour la libération des peuples opprimés… Elle  souffrait…

Israël est une démocratie, le peuple israélien est courageux, innovateur… Elle savait trop l’importance de cette terre pour ceux qui étaient revenus de l’enfer.

Alors, elle luttait pour ses idées, pour rappeler aux jeunes de ne pas oublier cette page de l’histoire.

Sans cesse, pour parler de l’indicible… elle trouvait les mots pour quand même essayer de retracer l’horreur.

Elle y avait connu Simone JACOB, et une amitié inaltérable les avait liées, elle, la saltimbanque et la femme d’état…

Quand elle donnait son amitié, c’était pour toujours.

Moi, je me souviens… J’étais dans un dur moment… Cette  soirée chez David, je m’y sentais mal… Je n’arrivais pas à participer à cette atmosphère chaleureuse…

Elle était à côté de moi, elle l’a senti. Elle a compris…
Cette souffrance intime, elle la connaissait, elle m’a prise dans ses bras maigres, et ils m’ont remplie de cette affection soudaine…
Cela a été le début d’une belle amitié.

Elle était la reine de ces soirées…
La petite rousse, à la voix puissante, intransigeante sur les dérives contre l’intolérance, l’antisémitisme…
Et puis, si pertinente, je dirais même impertinente…
J’adorais … une femme libérée, elle aimait fumer… vivre … Une revanche sur cette part de sa vie où,  si jeune, elle avait connu la mort, la peur, l’angoisse…
Elle voulait profiter de chaque moment…
Elle se sentait bien, entourée par des jeunes…

Je me souviens encore… Après sa perte de vue, lors d’un voyage à Jérusalem pour la signature de son avant-dernier livre, elle était secouée, triste de se sentir handicapée… Ne pas pouvoir lire, écrire, voyager…

Toute une chaîne d’amis s’était mise en place pour qu’elle ne soit pas seule…
J’avais admiré combien ça fonctionnait bien…
Elle était très aimée…
Un tel venait dormir et passait le relais…
J’avais été là… avec elle, une après-midi…

Elle était fidèle à elle-même, un coup de vodka, une cigarette… Pas très faim, mais elle avait pris un bouillon de légumes avec des petits croutons… qu’elle aimait bien…
Elle était coquette, avec sa petite veste brodée, son collier, toujours sa crinière de feu: elle avait de la gueule… mon amie…
Je l’appelais de temps en temps…
La voix toujours forte… vive, toujours prête à rebondir sur les événements…
« Tu as entendu… C’est ignoble… et on discutait…

Tu vas me manquer… ma rousse, ma coquine, ma petite flamme…
Je t’aimais…

© Dominique Itzkovitch

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1 Comment

  1. Adieu à Marceline; je l’aimais bien, tellement joyeuse, parlant de tout avec une telle joie de vivre ;elle restera le symbole de la liberté de la résistance à la cruauté du genre humain. Qu’elle repose en paix.

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