Raymond Aron, les pensées d’un spectateur engagé

L’auteur de L’Opium des intellectuels, grand penseur antitotalitaire à l’heure du communisme triomphant, a été à contre-courant de la pensée dominante de son époque. Il demeure l’un des intellectuels les plus importants du XXe siècle. À l’heure de la crise de la démocratie, de la montée de l’islamisme, du manichéisme des réseaux sociaux, la pensée de Raymond Aron, mort en 1983, reste plus que jamais d’actualité. Celui qui a été, pendant trente ans, éditorialiste au Figaro a toujours refusé le simplisme, l’utopie et les idéologies. Fort de cette conviction: «La politique est le choix entre le préférable et le détestable.»

La pensée de Raymond Aron (ici en 1980 à Paris), mort en 1983, reste plus que jamais d’actualité. – Crédits photo : Jean-Pierre Bloc/Sygma via Getty Images

Autorité

Bien que, politiquement, je croie à la nécessité de l’autorité, à titre personnel, je la déteste […]. Je suis l’homme le moins autoritaire qui soit dans la vie personnelle et, en ce sens, la vérité qui m’est la plus désagréable est de reconnaître l’essence machiavélienne de la politique en détestant cette essence.

Entretien radiophonique (1975).

«L’Abécédaire de Raymond Aron», Dominique Schnapper et Fabrice Gardel,                   éditions de l’Observatoire, 234 p., 19€. – Crédits photo : L’Observatoire

Ciel vide

Il est des individus, par millions, prisonniers d’un métier monotone, perdus dans la multitude des villes, qui n’ont d’autre participation à une communauté spirituelle que celle que leur offrent les religions séculières. Les foules qui acclament furieusement les faux prophètes trahissent l’intensité des aspirations qui montent vers un ciel vide.

L’Avenir des religions séculières (1944) .

Cohn-Bendit

Je ne pouvais pas accepter que le général de Gaulle fût renversé par Cohn-Bendit. C’était pour moi une humiliation nationale. Et ce qui était inacceptable, ce n’est pas les manifestations universitaires, c’était la transformation de ces troubles en révolution […]. J’étais… je n’étais pas tellement furieux contre le psychodrame, j’eusse été très furieux contre la révolution. Une révolution où l’on renversait une Constitution parce que les étudiants avaient le désir de se distraire et de palabrer indéfiniment.

Entretien télévisé (1983).

Source et article complet : premium.lefigaro.fr

 

 

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1 Comment

  1. La présentation, par le Figaro, illustre bien le confort intellectuel de la pensée dominante moderne: la célébration du combat héroïque, sans risque.
    Raymond Aron a pris des risques; en s’engageant dans les Forces Françaises Libres, en s’engageant contre l’ Algérie Française, quand ces deux positions n’étaient pas celles du plus grand confort. Jacques Soustelle lui répondit en disant que cette position était celle de la bourgeoisie française égoîste qui refusait de faire les dépenses nécessaires à l’intégration; Raymond Aron, encore plus que François Mauriac fut accusé de trahison par l’opinion dominante et risquait plus que le feu des écrits de Soustelle.
    Pour le reste, l’atlantisme ne demandait pas de sacrifices et l’anti-communisme ne s’opposait pas au communisme qui aurait dominé la France. Raymond Aron fut un grand intellectuel qui ne se présenta jamais comme un combattant d’une minorité libre contre une majorité soumise. Ses tristes prétendus successeurs, les philosophes dits nouveaux, une appellation commerciale comme pour le beaujolais, furent à l’origine de cette prétention au combat impossible contre un ennemi hégémonique. Condamner, de la France, le KGB et tous ses complices, est enfoncer sans risque une porte ouverte vers de nombreuses récompenses. Raymond Aron ne rechercha jamais un enseignement qui serait récompensé, c’est son mérite; parler autrement est la honte de ses prétendus héritiers.
    Tout cela pour rappeler l’importance de Normale Sup pour la pensée française.

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