Macron, constitution, histoire et morale, par Pierre Saba

Le 7 novembre dernier, répondant à la question d’un journaliste lors d’un déplacement en région, le président de la république française Emmanuel Macron a estimé « légitime » de rendre hommage à Philippe Pétain pour son comportement militaire pendant la première guerre mondiale.

Emmanuel Macron à l’ossuaire de Douaumont, près de Verdun, mardi. (Reuters)

Cette réflexion publique appelle plusieurs aménagements sur les faits comme sur la forme.

S’agissant des faits

La conduite militaire de Pétain pendant la première guerre mondiale est régulièrement contestée par des historiens civils et militaires en France et à l’Etranger. La qualité de chef de l’Etat et de chef des armées auraient dû conduire Macron a plus de circonspection.

Entre les deux guerres mondiales, Pétain a participé à l’organisation de la défaite militaire et civile de 1940 dans le conflit contre l’Allemagne nazie. Ainsi notamment et non exclusivement, alors qu’il occupait le poste d’ambassadeur de France à Madrid, par ses activités contraires aux directives de son ministère de tutelle en général et en faveur des forces de l’Axe et du mouvement séditieux espagnol du général Franco en particulier.

En éliminant la forme républicaine du gouvernement par la création de l’« Etat français » le 10 juillet 1940 à Vichy, Pétain a commis un coup d’Etat contre les instituions de la IIIème république.

C’est en raison de ses activités antirépublicaines, anticonstitutionnelles, antisémites, raciales, contraires aux principes démocratiques du Droit, aux intérêts vitaux de la Nation et de la création d’un régime de collaboration avec l’Ennemi que Pétain a été condamné à la Libération à l’indignité nationale, à la dégradation militaire et à la peine de mort commuée en peine à perpétuité.

Sur la forme

En accaparant publiquement un rôle d’historien et de moraliste, le chef de l’Etat français est sorti de ses prérogatives constitutionnelles au détriment de la paix civile dont il est le garant organique.

Il n’appartient pas au président de la république de reconstituer un curriculum vitae en fonction des éléments de sa pensée propre d’autant moins alors qu’il s’agit comme c’est le cas d’un traître ayant soumis la Nation à un régime de dictature politique, raciale et de collaboration avec l’Ennemi.

Les propos de Macron contredisent ceux qu’il a tenus lors de la dernière commémoration de la rafle antisémite commise à Paris en 1942 par la police aux ordres de Pétain.

La réflexion publique de Macron peut être modérée à l’aulne de circonstances qui lui sont atténuantes (foule, rapidité des questions posées par les journalistes, remarques de personnes privées, etc), et de ses protestations de bonne foi (il s’exprimait uniquement sur la fraction-première guerre mondiale de la vie de Pétain)

Pour autant, force est de constater que l’hommage présidentiel à Pétain est a minima mal venu. Les activités délictuelles (entre les deux guerres) et criminelles (entre 1940 et 1944) de Pétain ont estompé ses activités militaires (1914-1918) d’ailleurs contestées.

Les propos de Macron s’agrègent de surcroît au chiffre publié à la même période par le ministère français de l’Intérieur d’une augmentation de 66% des infractions et délits à caractère antisémite sur le territoire français et à la courbe ascendante de la délinquance générale sur le territoire français.

Le reste est une question de conscience…

Pierre Saba

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