Devine qui vient dîner, par Sarah Cattan

Te souviens-tu, Lecteur, comment chez les Grecs, le deipnon, repas du soir, était suivi du symposium, et comment ces repas festifs en deux parties étaient nommés banquets. Dans l’ordonnancement et le déroulement du repas, le rang de chacun était pris en compte.

Sais-tu qu’à la Renaissance, chez les nobles, étaient encore donnés de ces repas mondains,     véritables spectacles où chacun s’affichait afin d’être reconnu pour son rang.

Te souviens-tu encore, Lecteur, des repas du roi Louis XIV. De ces temps ritualisés. De ces nombreux règlements édictés qui précisaient l’ordre que le roi voulait être observé. Du repas pris en public et de icellui pris en particulier.

La grande solennité de ces repas était alors signifiée par la nef, cet emblème de la puissance souveraine que chaque courtisan devait saluer, cette pièce d’orfèvrerie en forme de vaisseau et qui renfermait les serviettes dont userait le roi…

N’étaient conviés au Grand Couvert que le cercle étroit de la famille royale, c’est-à-dire les fils et filles de France, les petits-fils et petites-filles de France.

Après la mort de la Dauphine apparut, par opposition, la notion de petit couvert, repas toujours pris en public, mais avec moins d’apparat. Lors du petit couvert, il n’y avait ni nef ni cadenas, entends ce petit coffre de métal précieux dans lequel se trouvait le couvert du roi.

L’ordre était donné pour le début du repas et l’huissier de salle frappait de sa baguette la salle des gardes du roi en annonçant : Messieurs, à la viande du Roy !

Lors de ces repas du soir, on retrouvait toute la pompe versaillaise, au moment du souper au grand couvert.

Par la suite, pour éviter les critiques grandissantes sur le luxe débordant de Marly alors que la France était engagée dans la guerre de Succession d’Espagne, les tables furent réduites et Louis XIV décida en 1710 qu’il n’y dînerait plus qu’à son petit couvert et souperait tous les jours à une table de seize couverts avec sa famille, le surplus des places étant réservé pour les dames nommées le matin même. Il y avait bien encore quelques autres tables pour les princes et princesses accompagnés de leurs invitées… si bien que les réformes successives se révélaient inutiles et la dépense toujours aussi importante.

A l’époque des rois, ces festins, en société ou dans l’intimité, étaient une occasion nouvelle d’affirmer le pouvoir du monarque. De cette tradition naquit la renommée du service à la française et de sa gastronomie.

Pour info, les repas dans l’intimité se développèrent avec Louis XV qui appréciait peu ces cérémonies pesantes. 

Les repas de société de Louis XVI et Marie-Antoinette

Afin de redonner un certain lustre à la vie de Cour, Louis XVI et Marie-Antoinette inaugurèrent, par la suite, les repas de société auxquels étaient conviés une quarantaine de personnages considérables par leur condition ou par leur mérite.

Lecteur ? Veux-tu y goûter ? Aujourd’hui, ReminiSens, restaurant-théâtre à Versailles, te convie à la table de Louis XIV et aux intrigues de la cour… A la table de Caroline Masselin, la jeune patronne, tu dîneras comme au Grand Siècle et pourras intriguer comme à Versailles. Entre joutes et destins brisés qui seront au centre de la conversation, tu mangeras et même tu mangeras très bien.

Souviens-toi encore, Lecteur, des repas de réception ou banquets donnés au XIX°, en ses   appartements, par la haute bourgeoisie politicienne et spéculatrice.

Dans La Peau de chagrin, Balzac relate le banquet offert par le riche banquier Taillefer à une   trentaine de convives, uniquement des hommes :

Chaque convive avait bu raisonnablement en changeant de crus suivant ses caprices, en sorte   qu’au moment où l’on emporta les restes de ce magnifique service, de tempétueuses discussions   s’étaient établies; quelques fronts pâles rougissaient, plusieurs nez commençaient à     s’empourprer,  les visages s’allumaient, les yeux pétillaient. Pendant cette aurore de l’ivresse, le   discours ne sortit pas encore des bornes de la civilité; mais les railleries, les bons mots   s’échappèrent peu à peu de toutes les bouches; puis la calomnie éleva tout doucement sa petite   tête de serpent et parla d’une voix flûtée; çà et là, quelques sournois écoutèrent attentivement,   espérant garder leur raison.  Le second service trouva donc les esprits tout à fait échauffés.  

Ce fut comme un signal donné par le diable. Cette assemblée en délire hurla, siffla, chanta, cria,   rugit, gronda.

Qui mieux que Balzac fit une critique de la société contemporaine et en dénonça les travers :   hypocrisie, faux semblants et illusion, art de paraître et simulacre.

Peut-être Flaubert. Lequel, par ses descriptions de banquets, montra lui aussi l’arrivisme     grossier de la bourgeoisie et le règne du faux et du simulacre, ce théâtre social où le désir d’éblouir côtoyait médisances et calomnies.

Sarah Cattan

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20 Comments

  1. D’accord avec Disraeli ci-dessus.
    Publicité à peine déguisée pour un restau quelconque sous prétexte de rappel historique.
    Existe-il désormais un intérêt à lire ce canard ?

    • Quel restaurant ?
      Je cherche et je ne trouve pas !
      Cet article décrit le cérémonial de Versailles pour les repas du Roi et de la Cour ! Comme il s’agit d’un article surprenant dans les publications de Tribune Juive, vous subodorez une pub déguisée ( à peine écrivez vous ! )…et vous vous trompez ! Par contre vous dévoilez un vilain trait de votre personnalité : méfiance et insulte . Remettez vous en question.
      Le Rédacteur en chef

  2. « Quel restaurant ? », dites-vous. « Je cherche et je ne trouve pas ! »
    Cherchez mieux :

    « Lecteur ? Veux-tu y goûter ? Aujourd’hui, ReminiSens, restaurant-théâtre à Versailles, te convie à la table de Louis XIV et aux intrigues de la cour… A la table de Caroline Masselin, la jeune patronne, tu dîneras comme au Grand Siècle et pourras intriguer comme à Versailles. Entre joutes et destins brisés qui seront au centre de la conversation, tu mangeras et même tu mangeras très bien ».

    Si c’est pas de la pub je suis Bonaparte.

    Remettez vous en question donc, M. le rédacteur en chef. Niveau CM1.
    Par contre vous dévoilez un vilain trait de votre personnalité : méfiance et insulte.

    • Rédacteur en chef bac plus 7 et 28 mois de combattant . J’ignorais ce restaurant délirant et je déteste ceux qui écrivent des commentaires méchants ou insultants ! Je soutiens que si vous aviez écrit en français , ce qui veut dire non pas seulement en langue française mais d’une manière courtoise, je vous aurais répondu d’une autre manière !

  3. À lire ces insinuations insultantes, je vais répondre.
    Sans insulte.
    Juste pour informer:
    Ce type de papier, en guise de satire, nécessite voyez-vous quelque recherche. Toute prof de lettres classiques que je sois, je ne sais pas tout Balzac et tout Flaubert par cœur, ne vous déplaise.
    Intéressée à savoir l’origine de ce type de dîners, je suis en effet tombée sur cette adresse, dans un ouvrage sur Louis XIV.
    Ça n’est que grâce à vous que je suis allée en savoir plus sur ce type de restau !
    Il organise en effet des dîners une fois par mois.
    Reconnaissez qu’il est délirant d’accuser TJ de faire une pub déguisée pour un dîner de cour.
    Ou pour toute autre enseigne.

    que pour écrire ce type de papier, inutile

  4. Inutile?
    Oh c’est fort possible.
    Pas à la portée de tout un chacun, je vous le concede, surtout lorsque celui-là a décidé de traquer la publicité mensongère.

  5. Fi donc ! Sarah Cattan faisant de la publicité ? C’est une blague ! Cette chronique est satirique c’est simple . Pourquoi y chercher une intention mercantile . C’est instructif et drôle . Et surtout le fond est important : le bal des faux -semblants et la Cour avec ses hypocrisies et ses mesquineries . Un parallèle avec nos élites sans aucun doute .

  6. A l’attention de AM (idem André Mamou, je suppose ?) 10 octobre 2018 à 13 h 56 min.

    Mon premier commentaire est celui de 10 octobre 2018 à 10 h 25 min et il est irréprochable de forme et de fond ; en Français impeccable j’y pointe l’évidence indéniable que l’article contient un paragraphe publicitaire.

    Votre réponse du 10 octobre 2018 à 11 h 24 min est fausse (elle prétend à l’inexistence du paragraphe en question) et chargée d’incivilités à l’égard de ma personne que vous ne connaissez pas.

    Vous êtes donc mal placé pour « détester » « ceux qui écrivent des commentaires méchants ou insultants » et pour pérorer sur le bon usage du Français.

  7. A l’attention de Sarah Cattan (10 octobre 2018 à 12 h 24 min).

    Ben voyons. Evidemment, dans le cadre de la recherche il fallait goûter aux mets de l’époque.
    ET de recommander le restau aux lecteurs, les en informer du lieu, du nom et de celui de la patronne.

    Ne manque que le prix. L’ignorez-vous ? Rien payé ?

  8. Gregoire. Je ne suis pas hélas critique gastronomique. J’eusse adoré ça.
    Au risque de vous décevoir, je redis qu’il n’existe qu’un lieu de ce type et que, le découvrant, j’en ai fait part.
    Vous êtes en train de donner au lieu une renommée certaine
    Quel regret que vous passiez a côté des convives décrits par Flaubert et Balzac.

  9. Ma chère Sarah
    L’éventualité que nous sommes probablement nombreux à ne pas vous avoir attendu pour lire Flaubert, Balzac et autres ; ainsi que pour se faire une idée des mœurs de la cour ; ne semble pas vous effleurer.
    Mais bon… C’est de bonne guerre. Lorsqu’on n’a rien à dire on fait appel aux bons vieux classiques.

    • Vous savez quoi ? Votre ton sarcastique me rappelle celui d’un de nos lecteurs dont nous avons décidé de ne plus publier les commentaires.
      Nous n’aimons pas les gens aigris dont vous êtes sinon comment expliquer votre méchanceté à chaque ligne. Soyez poli, soyez gentil, posez des questions, donnez votre opinion mais ne déversez pas sur nous votre agressivité ! Est- ce trop difficile pour vous ?

    • Quel mauvais procès.
      Vous avez tous lus Flaubert ou Balzac: lorsqu’on me demande pourquoi j’ecris pour Tribune Juive, je donne deux raisons:
      La liberté totale et le courage éditorial
      L’extrême qualité du lectorat, toujours exigeant.
      Moi même qui ai enseigné mes Lettres, elles m’avaient échappé, ces lignes féroces, cette satire de nos courtisans.
      N’allez pas me blâmer d’avoir pu supposer que certains s’etaient , ici, satisfaits d’en profiter.

  10. ATTENTION : tout ça n’a rien de personnel. Comme dirait l’autre : lorsqu’on porte une antenne TV sur la tête on risque de prendre la foudre.
    S’adresser au public est indissociable du risque de riposte. Et c’est tant mieux.

      • Hélas, au risque de rappeler mon 10 octobre 2018 à 17 h 13 min, en l’occurrence c’est VOUS qui fûtes faux et incivile.

        Et puis, rien ne garantit davantage la déchéance, intellectuelle et ensuite matérielle, que le choix de facilité : le refus de faire face à ce qu’on appelle en général l’esprit critique (l’esprit de contradiction, disent certains) voire, chez nous, l’esprit talmudique.

        La preuve, vous voilà bien réveillé…

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