Une délégation suisse découvre la Jérusalem technologique

Une délégation suisse, conduite par la Fondation Nomads, a découvert lundi la Ville sainte sous un autre angle: celui des start-up, du transfert technologique et du capital-risque. Même si Tel-Aviv, reine incontestée du high-tech se trouve à 70 kilomètres seulement de la capitale, Jérusalem fait aussi figure de référence.
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Univeristé Hébraîque de Jérusalem

La ville et ses 900 000 habitants qui ne comptait qu’une poignée de start-up il y a quatre ans, en dénombre désormais plus de 500. En 2015, elles ont levé 245 millions de dollars de capitaux. L’accélérateur pour start-up MassChallenge y a d’ailleurs inauguré, en juillet dernier, des locaux destinés à accueillir des jeunes pousses venues de tout Israël et de l’étranger.

Des tomates cerises à Mobileye

Cette effervescence technologique est étroitement liée à l’Université hébraïque Jérusalem, l’une des meilleures institutions académiques du pays qui compte 23 000 étudiants. Inauguré en 1925 – avant la naissance du pays – l’établissement a donné naissance à une centaine de spin-off, dont l’une des plus connues se nomme Mobileye, spécialiste de l’assistance à la conduite grâce à un système intelligent de caméra embarquée. Fondée en 1999 par Ammon Shashua, professeur de sciences informatiques, cette société a levé 890 millions de dollars lors de son introduction au New York Stock Exchange en août 2014.

L’Université hébraïque de Jérusalem a aussi donné naissance aux fameuses tomates cerises, aux poivrons hybrides mais aussi à plusieurs produits pharmaceutiques à l’exemple de l’Exelon – un traitement qui retarde la maladie d’Alzheimer. «Tout est imbriqué. Le monde académique travaille en collaboration étroite avec le gouvernement et l’industrie. Certains projets sont sélectionnés parce qu’ils correspondent à ce que recherchent les multinationales», a noté Gustavo Fuchs, responsable de la propriété intellectuelle et du transfert technologique chez Yissum, la société de transfert technologique de l’Université hébraïque.

Référence en matière de recherche liée aux nanosciences, à la bioingénierie ou à la cybersécurité, l’Université hébraïque a établi plusieurs coopérations internationales pour son Brain Research, un centre de recherche interdisciplinaire lié au cerveau. Henri Markram, fondateur du Blue Brain Projet – le centre de simulation du Human Brain Project, hébergé par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) – est directement issu de cette institution académique avec qui il continue de collaborer.

«Start-up nation»

C’est aussi dans la capitale israélienne que se trouve l’un des plus importants fonds de capital-risque du pays, le Jerusalem Venture Partners (JVP), créée en 1993. Il a permis la création de 120 sociétés, grâce à un milliard dollars de fonds levés.

Comment expliquer le succès de ce qu’on nomme la «start-up nation»? L’écosystème fonctionne bien, avec de nombreux accélérateurs pour entreprises et une implication des multinationales. Il y a beaucoup de sociétés de capital-risque ce qui permet aux start-up de faire jouer la concurrence. Le gouvernement offre des incitations fiscales. Pour chaque franc trouvé auprès d’un investisseur, il s’engage à verser une somme équivalente sans prendre de part dans la start-up.

Mais cela n’explique pas tout. L’innovation est au cœur du pays, avant même sa création en 1947. «Israël est une start-up. Les habitants ont dû faire preuve d’inventivité, de sang-froid et de créativité pour assurer leur survie dans un contexte géopolitique tendu. L’innovation a d’abord été dans l’agriculture et les industries de la défense. Puis, dans l’électronique et les nouvelles technologies», analyse Uri Adoni, partenaire chez JVP.

La Chine de plus en plus présente

Il y a aussi un qualificatif pour définir l’esprit entrepreneurial israélien. «C’est ce qu’on appelle la chutzpah, ce qui signifie le culot, voire l’irrévérence. Les Israéliens osent et n’ont pas le respect de la hiérarchie. C’est cela qui manque peut-être à la Suisse», dit Uri Adoni.

Mais Israël peine pourtant à transformer ses 700 start-up – créées chaque année – en scale-up, à savoir en société de plus grande envergue. Souvent, ces jeunes pousses se font racheter par des investisseurs américains. Et depuis deux ans environ, par des investisseurs chinois. «Le pays est meilleur en recherche qu’en développement. Mais je suis optimiste. On verra bientôt des sociétés de plus grandes envergures», souligne l’avocate et entrepreneuse Nava Swersky, spécialiste du capital-risque qui a travaillé en Suisse – chez Ciba – et qui a dirigé Yissum, la société de transfert technologique de l’Université hébraïque.

DLD Tel Aviv Innovation attire des délégations du monde entier

Basée à Genève, la Fondation Nomads a pour but de développer et promouvoir l’innovation dans l’Arc lémanique, en stimulant la collaboration avec d’autres écosystèmes. La Fondation Nomads accompagne également la délégation suisse au DLD Tel Aviv Innovation Festival, un grand rassemblement qui se tient du 25 au 29 septembre et qui attire venture capitalist, start-up et multinationales du monde entier. Côté suisse, la délégation est composée d’une trentaine d’entrepreneurs, consultants et chargés de la promotion économique. Quelques start-up romandes sont également du voyage. Elles se nomment DomoSafety, Dosepharma, Museek, PersonalCare Systems, Revapost, Spooklight Studio, Sportunity, WeCan. Fund et Yalty. A titre de comparaison, la France, par exemple, a fait le voyage avec une délégation de 250 sociétés, avec à sa tête la ministre française du digital Axelle Lemaire.

Source letemps

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