Figure du numérique, producteur et pionnier du buzz marketing. Portrait de ce trentenaire qui casse les codes de l’entrepreneuriat et de la réussite.
Tout commence il y a dix ans, lorsque fraîchement diplômé de l’ESSEC (BBA), et d’un mastère à l’ESCP, Stéphane décide de lancer STAAFF, une place de marché dans les services à domicile. L’idée est selon lui de connecter “l’offre et la demande en temps réel sans intermédiaire” dans ce secteur en plein expansion. C’est avec cette aventure, qu’il remporte le prix de la BFM Académie 2008 (BFM Business), et comprend le potentiel et les challenges d’une start-up, avant de céder cette dernière début 2009, pour, le reconnaît-il “l’équivalent de trois années de salaire, mais surtout le prix de l’expérience”. Bon joueur, il reconnaît que “ce n’était pas la réussite attendue, mais que sans cette étape, la suite n’aurait pas été possible”
S’en vient ensuite la redoutable idée de FaisMesDevoirs. A côté de sa vie de start-upper, Stéphane ne cesse d’enseigner, et un jour, l’un de ses élèves lui demande tout simplement de “faire les devoirs à sa place”. Il rebondit donc sur cette suggestion pour lancer en quelques jours, avec l’aide d’un ami développeur, cette aventure éphémère qui fédérera plus “d’un million de visiteurs naturels en l’espace de trois heures”, le jour de son ouverture, mais qui lui vaudra les foudres du gouvernement Fillon, dont plusieurs ministres de l’époque se prononcent pour son arrêt immédiat (Xavier Darcos, Nadine Morano, Valérie Pécresse). La surmédiatisation liée à ce premier “buzz”, lui vaut d’être repéré par Jean-Baptiste Descroix-Vernier. Le président du groupe Dalenys, Fintech Française cotée en bourse, veut qu’il pilote petit à petit plusieurs entités de cette pépite du net Français valorisée plus de 100 Millions d’Euros.
Aux côtés de Jean-Baptiste, personnage iconoclaste, et dont “la rigueur intellectuelle dépasse l’entendement” selon son nouveau protégé, Stéphane Boukris monte en puissance, teste différents projets, des idées (dont l’opération Mailorama, la fameuse “distribution de billets au pied de la Tour Eiffel”, qui donnera naissance à loi Loppsi II). C’est à ce moment là, qu’il lance en parallèle, avec le soutien de Xavier Niel, la billetterie de spectacles 2HeuresAvant, qui remportera le prix de la meilleure Innovation Française en 2010, lors des Favor’i de la Fevad, et qui sera revendue à VisMaVille.
De part sa casquette de “Buzz Marketeur”, Stéphane Boukris est de plus en plus approché pour conseiller start-up (Voiture Volée) ou artistes (James Bond), qui souhaitent frapper fort sur la toile.
C’est cette connexion avec le milieu artistique, et notamment l’appui d’un autre de ses mentors, le producteur Albert Cohen (Les Dix Commandements, Le Roi Soleil, Mozart, L’Opéra Rock), qui lui permettront de lancer la comédie musicale Robin des Bois en 2011. Fort d’une association avec Roberto Ciurleo (Directeur de Virgin Radio), les paroliers Lionel Florence et Patrice Guirao, et Eléonore Boissenot, Stéphane quitte ses fonctions chez Dalenys pour produire cette comédie musicale (rendue célèbre par M Pokora), qui connaîtra un énorme succès avec près d’un million de spectateurs. “C’était un pari fou, mais j’avais une passion pour la musique depuis des années, et l’opportunité qui s’est présentée” se souvient-il. Il relativise néanmoins “C’est un milieu acerbe et parfois malveillant. Il faut avoir le cuir épais pour vouloir y faire carrière”.
Après cette parenthèse artistique, Stéphane Boukris rejoint deux amis d’enfance, Patrick Bunan et Vincent Klingbeil, dans Ametix, une entreprise de services du numérique dernière génération. L’entreprise qui double de taille chaque année sera revendue à Docapost (Groupe La Poste), en 2017, cinq ans après sa création, après avoir atteint 250 salariés, près de 20 Millions d’Euros de chiffre d’affaires, et remporté de nombreuses distinctions (Deloitte Fast50, Great Place To Work …). Ametix, c’est aussi Le Concours du Meilleur Développeur de France, véritable hackathon géant, doublé d’un salon, et un marketing innovant au service des talents du numérique, qui valent à Stéphane de se faire repérer par l’ancien président Américain Bill Clinton pour réfléchir à exporter le concept outre-Atlantique. Le concept Ametix reste surtout de dénicher les “invisibles”, ces profils digitaux rares qui font pénurie, afin de les proposer à ses clients (AXA, Carrefour ou encore Société Générale). L’entreprise s’illustre avec une grande créativité, notamment au travers de ses clips vidéos, ou encore quand ils promettent de recruter les 1000 premiers élèves de l’école 42.
En parallèle de son activité, Stéphane Boukris investit depuis 5 ans dans des start-up avec ses associés (Side Capital), ou bien via L’Express Ventures (véhicule de Media For Equity de SFR Media, filiale du groupe de Patrick Drahi). C’est une manière “de partager son expérience, et surtout d’aider à accélérer la croissance grâce à son carnet d’adresses” confie-t-il. Ses coups de coeur parmi plus d’une vingtaine de participations: Short Edition, Demooz ou encore Kitchen Trotter.
Stéphane, qui consulte régulièrement l’économiste Alain Minc ou le publicitaire Jacques Séguéla déborde plus que jamais d’idées quant à l’avenir. Il aime à rappeler la citation Soufi, selon laquelle, nous aurions tous “une partition à jouer durant notre vie”. Philosophe, la sienne réserve encore certainement beaucoup de surprises.
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