Sarcelles : pas une manif mais un pillage et un pogrom

Synagogues prises pour cible,

épicerie casher incendiée,

tract visant les Juifs:

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le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé des “actes antisémites” lundi matin au lendemain des violences à Sarcelles (Val d’Oise) en marge d’une manifestation pro-palestinienne interdite, qui ont laissé la ville sous le choc.
“Quand on s’approche d’une synagogue, qu’on brûle une épicerie parce qu’elle est tenue par un Juif, on commet un acte antisémite. Les choses doivent être qualifiées”, a-t-il déclaré devant la presse lors d’une visite à Sarcelles, parfois surnommée “la petite Jérusalem” et qui compte une importante communauté juive séfarade.
Plusieurs commerces y ont été mis à sac, notamment une épicerie casher qui avait déjà été visée par un attentat à la grenade en septembre 2012 par le groupe dit de “Cannes-Torcy”, une cellule terroriste démantelée peu après. Des voitures ont été brûlées et du mobilier urbain saccagé.
Lundi, Sarcelles s’est réveillée sous haute protection, avec des policiers à tous les coins de rue. Détritus, bris de verre et restes d’incendie restaient visible sur la chaussée.
“Je n’ai pas dormi de la nuit, je n’étais pas tranquille. Des gens de tous bords ici vivent ensemble, on ne comprend pas”, a confié à l’AFP un homme juif de 67 ans dont la voiture a été détruite par les casseurs et qui n’a pas souhaité donner son nom.
Ces violences ont suivi un rassemblement interdit de soutien aux Palestiniens de Gaza. Dix-huit personnes ont été interpellées, dont 11 étaient toujours en garde à vue lundi matin, parmi lesquelles quatre mineurs. Neuf des manifestants arrêtés sont originaire de Sarcelles ou de la ville voisine de Garges-lès-Gonesse.
Samedi, une autre manifestation non autorisée à Paris avait dégénéré en plusieurs heures d’affrontements entre la police et de jeunes manifestants.
“Ce n’est pas l’interdiction de la manifestation qui fait la violence, c’est la violence qui fait l’interdiction de la manifestation”, a souligné lundi Bernard Cazeneuve devant la synagogue de Sarcelles, répétant “assumer”son choix de l’interdire.
Le ministre a estimé qu’il était “légitime” de pouvoir exprimer une position sur les événements à Gaza, où plus de 500 Palestiniens ont été tués depuis qu’a débuté, le 8 juillet, l’offensive israélienne.
En revanche, il a jugé “intolérable que l’on s’en prenne à des synagogues ou à des commerces parce qu’ils sont tenus par des Juifs”. “Rien ne peut justifier de telles violences”, a-t-il insisté.

– “La communauté juive a peur” –

Selon des sources policières dans le Val d’Oise, la synagogue de Sarcelles, protégée dimanche par un cordon de CRS et devant laquelle montaient la garde des militants de la ligue de défense juive (LDJ), un collectif de jeunes activistes radicaux, n’a pas été atteinte par les violences. Une voiture a été incendiée devant celle de Garges-lès-Gonesse, mais les flammes n’ont pas touché le bâtiment, selon les mêmes sources.
Le ministre a aussi lu un tract sur BFM-TV, qu’il dit avoir récupéré à Sarcelles et qui avait justifié l’interdiction de la manifestation: “Venez équipés de mortiers, d’extincteurs, de matraques, dimanche 20 juillet 2014. Venez nombreux, descente au quartier juif de Sarcelles”.
“Ces petits voyous qui cassent à Sarcelles ou ailleurs ne sont pas représentatifs de ce qu’est l’Islam de France”, a-t-il commenté. “Il faut être capable de faire cette distinction”.
“Un tel déferlement de haine et de violence, c’est du jamais vu à Sarcelles. Ce matin, les gens sont abasourdis et la communauté juive a peur”, a affirmé François Pupponi, maire socialiste de Sarcelles, présent aux côtés du ministre.
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, devait se rendre dans la soirée à la synagogue de la ville, selon le préfet du Val d’Oise, Jean-Luc Névache.
Interrogé lundi matin sur France Info, Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a estimé que le ministère de l’Intérieur avait fait “ce qui est nécessaire” en interdisant les manifestations de Paris et Sarcelles, car “les faits démontrent qu’il y a risque de trouble à l’ordre public”.
“Les faits, c’est qu’on s’attaque systématiquement aux Juifs”, a-t-il poursuivi, observant que “personne parmi ces manifestants ne va manifester devant l’ambassade de Syrie alors que la Syrie a tué 170.000 citoyens syriens musulmans”.
Sur iTélé, le recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, a lancé “un appel général et solennel à la paix, à l’apaisement, au calme, à la retenue”.
Deux nouvelles manifestations en soutien aux Palestiniens de Gaza sont prévues à Paris mercredi soir et samedi après-midi. “Si ces manifestations peuvent se tenir, elles se tiendront. S’il y a une risque à l’ordre public, elles seront interdites”, a prévenu Bernard Cazeneuve.
AFP
 

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